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   Derreck ouvre les yeux  avec difficulté. Ses paupières sont lourdes, comme si quelqu’un voulait  le forcer à les fermer. Il se trouve au milieu d’une plaine dans  laquelle des centaines de personnes nues sont entrelacées les une avec  les autres. Sans aucune gêne, aucune restriction, aucun tabou, elles se  caressent, se lèchent ou s’embrassent. Elles reçoivent et offrent sans  compter. Il cligne des yeux tandis que sa vision se floute. Une ombre le  frôle et la voix caverneuse de Yag résonne dans sa tête : « Merveilleux  n’est-ce pas ? » D’abord estomaqué, Derreck finit par murmurer : « 
-Oui... » Yag ricane :
-Ceci  n’est qu’un aperçu. Si tu m’aides… Ton monde pourra ressembler à ça, et  bien plus encore… Qu’en dis-tu ? Cette idée te plaît-elle ? » Derreck  hoche la tête avec un sourire et un air endormi :
-Beaucoup...
-Bien…  Bien… Dans ce cas réveille toi. Réveille toi Derreck... » Ses yeux  deviennent trop lourds à garder ouverts. Il s’endort et a l’impression  de tomber lentement dans un puits sans fin…
 On le secoue, il a  mal partout et grogne de douleur. Une voix très lointaine résonne dans  sa tête : « Monsieur ? » Une lumière aveuglante lui brûle les yeux. Il  pousse un léger cri de détresse et se met à tousser. Tout son corps  hurle, ses os, ses muscles et son crâne le torturent. Il a froid et se  met à trembler ce qui n’arrange pas sa peine. Il entend quelqu’un  demander : « Monsieur ?! » Et se réveille en sursaut. Regrettant  immédiatement son mouvement qui lui envoie des tisons ardents de  souffrance dans le corps. Il couine, réalise qu’il a le visage collé  dans la boue et se tourne avec difficulté sur le dos. La voix  s’inquiète : « Oh grands dieux, est-ce que ça va ? Je ne vous ai pas  fais mal au moins ? » Il découvre alors une femme splendide. Elle a un  charmant minois couvert de tâche de rousseurs et d’amples cheveux  bouclés auburn. Ses yeux bleus clairs sont alarmés mais changent  d’expression quand elle découvre Derreck. Ses joues rougissent et elle  demande : « Monsieur, vous m’entendez ? » Derreck s’étrangle : 
-Je... »  Sa gorge aussi sèche que du sable le fait tousser et il se crispe. La  femme s’empresse d’attraper une gourde et lui dépose le goulot au bord  des lèvres. Il avale goulûment une gorgée et gémit de douleur quand le  liquide descend dans on œsophage. « Vous avez l’air mal en point. » Lui  dit-elle, il se souvient alors de son couteau et de sa blessure. Il tâte  son cou et sursaute lorsqu’il ne sent rien, pas la moindre plaie. Il  est en revanche encore couvert de sang séché et de boue. La femme rousse  le remarque et lui demande avec horreur : « Que s’est-il passé ? Êtes  vous blessé ? » Rapidement Derreck trouve une excuse et s’explique d’un  voix éraillée :
-Ah… non c’est que… j’ai été attaqué par un Rat  géant. Il a prit le dessus sur moi... mais je suis parvenu à le blesser.  C’est son sang que j’ai reçu. » Il sourit pour rassurer la rouquine.  Elle semble accepter son histoire et lui demande : « Vous pouvez vous  lever ? » Elle l’aide à se redresser et il tangue un instant avant de  retrouver son équilibre. Il s’essuie le visage avec une manche encore  propre de sa veste. Après quoi il regarde autour de lui et retrouve le  décors dans lequel il s’était évanoui après avoir… Il voit son couteau  de chasse gisant dans la boue et se met à trembler. La femme lui  demande : « Est-ce que tout va bien ? On dirait que vous vu un  spectre… » Derreck se met à ricaner nerveusement avant de se rendre  compte qu’il se sent un peu à l’étroit. Il jette un œil à ses vêtements  et voit que ceux-ci on rétréci. Après vérification c’est plutôt lui qui a  pris en volume, de beaux muscles taillés sont apparus partout sur son  corps. Il se tortille lentement pour vérifier son dos et ne remarque pas  que la femme le dévore du regard. Il finit par ramasser son arme et la  ranger, ses mouvements sont maladroits et malaisés, si bien que la  beauté rousse lui demande : « Vous avez bu hier soir ? » Le premier  réflexe de Derreck est de réfuter avec indignation, sa voix toujours  enrouée :
-Non ! Je suis trop jeune pour consommer de l’alcool. » Il  regrette immédiatement de ne pas avoir saisit cette excuse au vol quand  elle le questionne à nouveau :
-Alors comment vous êtes vous retrouvé  dans un état pareil ? » Elle croise les bras sur son torse et Derreck y  découvre un décolleté plongeant sur généreuse poitrine. Son vis-à-vis  est habillée d’un corset sans manches, d’une cape de voyage, d’une robe  mi longue, de longs gants et d’une paire de bottes montantes. Ses  vêtements sont de bonne fabrique mais quelques peu usés. Derreck  réfléchit à toute vitesse pour trouver une excuse, mais finit par  hausser les épaules et déclarer avec difficulté : « Je n’en ai aucune  idée. J’ai échappé au Rat géant et puis j’ai erré pendant un temps.  Après je ne me souviens de rien... » La beauté rousse fronce les  sourcils avec une moue dubitative. Elle finit par soupirer : « Tout ça me  semble bien louche, mais je vais vous aider. Attention par contre, pas  d’entourloupes ou je vous fais passer un sale quart d’heure. » Derreck  se crispe et sourit mal à l’aise en hochant la tête. La femme rousse lui  demande : « Comment vous appelez-vous ?
-Derreck... » Il  s’interrompt. Hier encore il aurait donné le patronyme de Frederick,  mais aujourd’hui : « Juste Derreck, ma famille m’a rejeté. » La rouquine  fait une fois de plus la moue avant de répondre :
-Je m’appelle  Layla, Layla Gardiner, je suis ménestrelle. » Derreck remarque en effet  le luth qu’elle porte avec son grand sac à dos. Elle continue : « D’où  est-ce que vous venez ? » Derreck se souvient de son petit village et de  la manière dont il a été chassé de là bas. Impossible pour lui d’y  retourner, ou d’en parler à Layla. Il ferme les yeux et les paroles de  Yag lui reviennent en mémoire : « Langekan… Je… Je dois me rendre à  Langekan... » Le visage de son interlocutrice s’illumine et elle répond  avec enthousiasme :
-Langekan ? C’est l’endroit où j’allais ! Nous  pouvons faire le chemin ensemble si vous voulez ? » Derreck ne sachant  absolument pas comment s’y rendre, ne peut qu’accepter. Il se met en  route en boitillant et marche aux côtés de Layla. Il s’étire et  s’échauffe avec de petits mouvements pour finir d’évacuer les dernières  traces de douleurs. Il ne remarque pas à quel point Layla le scrute  comme si il s’agissait d’un délicieux met qu’elle voudrait dévorer. Il  est perdu dans ses pensées, car il n’a visiblement pas rêvé sa tentative  de suicide. Mais par la suite son échange avec ce dieu étrange aux  manières excentrique lui semble irréel. La veille il vivait une  existence paisible et aujourd’hui, il a tout perdu. Plus de proches,  plus de maison et plus d’équipements. Il s’apprête à discuter avec Layla  quand son ventre se retourne dans un gargouillis sonore. Derreck  devient rouge de honte et s’enferme dans un mutisme gêné. Layla pouffe  de rire et lui demande : « Vous avez faim ? » Il hoche timidement la  tête avant de marmonner : « Je n’ai pas un sou, mais je vais aller me  chercher des baies dans les bois. Vous n’avez qu’à me dire de quel côté  se trouve Langekan et je... » Son accompagnatrice attrape son sac à dos,  l’ouvre, farfouille dedans et lui tends un genre de pain sec. Derreck  le regarde avec appétit puis serre les dents et avoue : « Je… Je n’ai  rien à vous donner en échange… » Layla lui met la ration dans les  mains :
-Prenez. Ce n’est pas grand-chose, alors ne faites pas de  manières. » Derreck reçoit la nourriture à contre cœur avant de  répondre :
-Je trouverai un moyen de vous rembourser. » Il commence à  mordre dans le gâteau et ne voit pas le regard concupiscent de Layla  qui descend sur son nombril :
-Je suis sûre qu’on trouvera un  arrangement. » Avant de produire un petit sourire coquin. Derreck est  absorbé par son repas. La pitance est dense, riche en saveur et gonfle  au contact de sa salive. À mesure qu’il mange et retrouve des forces,  des larmes coulent sur ses joues sans qu’il puisse s’en empêcher. Layla  le remarque et se met à rougir. Derreck finit par engloutir la ration,  s’essuie le visage et remercie chaleureusement sa camarade. Elle lui  répond qu’elle n’a pas fait grand-chose et commence à l’interroger :  « Vous voyager souvent seul ainsi ? » Derreck fait non de la tête :
-Je  ne m’étais jamais vraiment éloigné de chez moi avant aujourd’hui. » Il  l’observe et demande : « Et vous ? Vous voyagez seule ? » Layla se  recoiffe avant de répondre :
-Pas toujours et en général non. Je sais  me défendre mais je serais bien embêtée si je tombais nez à nez avec  des brigands. » Derreck fronce les sourcils :
-Il y en a par ici ? »  Il commence à regarder autour de lui, les grands arbres de forêt  bloquant son champ de vision. Layla lui sourit :
-Pas que je sache.  En général quand une bande de pillards s’installe quelque part, elle ne  reste pas longtemps. » Derreck fronce les sourcils :
-Pourquoi ça ? »
-Hé  bien si les attaques sur des voyageurs sont trop répétées, la guilde  des aventuriers enverra un groupe pour se charger d’emprisonner ou tuer  les bandits. Ce n’est pas une profession qui a de l’avenir… » Derreck la  taquine :
-Aventurier ? » Layla pouffe de rire :
-Mais non ! » Il lui sourit :
-Petit je rêvais d’en devenir un. Je voulais arpenter les terres de Rolon pour combattre le mal. » Layla lui rétorque :
-Vu  votre condition vous pourriez tout à fait. » Elle fait référence à la  musculature du jeune homme. Ce dernier rougit et rétorque :
-Oh… ouais… Si ce n’est que je n’ai pas l’étoffe d’un héros. Je me vois mal sauver la veuve et l’orphelin.
-Le  métier d’aventurier est vaste, il y en a de tous les types et tous ne  sont pas de vaillants guerriers. J’en suis moi-même une. » Elle lui  montre fièrement un pendentif de fer. Simple petite plaque décorée de  gravures. Derreck le regarde en fronçant les sourcils et demande :
-Qu’est-ce que c’est ? »
-Une  preuve de mon appartenance à la guilde des aventuriers de Langekan,  ainsi que de mon grade. Il définit ma valeur et les quêtes auxquelles je  peux aspirer. De plus il porte mon nom au cas où il m’arriverait  malheur et qu’on retrouve mon corps. » Derreck réponds :
-C’est bien sinistre… »
-C’est  un des risques du métier. Mais la plupart du temps je ne travaille que  pour divertir des tavernes ou des soirées mondaines. » Elle aperçoit une  trouée dans un bosquet et déclare : « Venez, je crois qu’il y a un  cours d’eau par ici. Vous pourrez vous y nettoyer. » Derreck approuve et  ils quittent la route pour suivre un petit sentier de terre serpentant  entre les fourrés. Ils marchent quelques minutes en prenant garde de ne  pas trébucher et finissent pas déboucher sur une rivière. Layla s’en  approche pour remplir sa gourde pendant que Derreck trouve un bassin  naturel ou l’eau emprisonnée est calme. Lorsqu’il découvre son reflet à  la surface, il voit le visage que portait Yag dans son rêve. La version  plus séduisante et masculine de lui même. Il n’est pas effrayé car il  parvient tout de même à se reconnaître, mais il est mal à l’aise. Il  surmonte son dérangement et retire sa chemise pour la laver. Il la serre  pour la sécher un peu et la pose sur un rocher derrière lui. Il ne  remarque pas qu’une fois de plus Layla le déshabille du regard en se  mordillant la lèvre inférieur. Il s’asperge le visage et nettoie le sang  séché sur son menton, son torse et son cou. Il passe ses doigts là où  aurait du se trouver la plaie qu’il s’était infligé et ne sait pas quoi  penser de cette guérison miraculeuse. Il renfile sa chemise mouillée et  se met à grelotter. Il tâche de ne rien en montrer à Layla, mais elle  semble l’avoir remarqué et annonce : « Reprenons la route, il y a un  avant poste de gardes un peu plus loin avec une taverne. Je connais le  propriétaire, on va te récupérer des vêtements secs à ta taille. »  Derreck tique en l’entendant le tutoyer mais s’imagine qu’elle a  fourché. Il balbutie :
-Mais… j’ai… Je n’ai pas de quoi payer. »  Layla lui fait signe de ne pas s’inquiéter et ils remontent le chemin en  direction de la route. Une fois côte à côte Derreck demande  timidement : « Layla, pardonnez ma question mais… Comment une  ménestrelle fait-elle pour effectuer le travail d’aventurier ? En dehors  de vos missions de divertissements, vous arrive-t-il de combattre des  monstres ? » Son interlocutrice acquiesce :
-J’ai bien une massue en  bois pour me défendre, mais en vérité mon pouvoir me vient des chants,  une magie du son qui a pour effet d’atteindre ceux qui peuvent  l’entendre. Je l’utilise en général pour aider mes camarades, en  renforçant leurs pouvoirs, leurs aptitudes ou même en les soignant. »  Derreck ouvre de grands yeux ronds :
-Vous pouvez guérir des gens juste en jouant du luth ?! C’est fantastique ! » Layla se met à rougir :
-Je  ne peux malheureusement soigner que des blessures physiques légères.  Les maux de l’esprit ou les maladies sont encore hors de ma portée, bien  qu’il existe des chants capable de les repousser. De plus je ne peux  pas les pratiquer sans cesse, ils m’épuisent rapidement et je dois me  reposer entre chacune de leur utilisation. » Derreck est en totale  admiration devant Layla :
-Vous pouvez donc divertir et aider les  gens ? Vous êtes trop forte... » Elle rit avec gêne et lui met un léger  coup de poing dans le bras :
-Arrête tu vas me faire rougir. »  Derreck note qu’elle est définitivement passée au tutoiement tandis  qu’elle lui demande : « Et toi ? Que sais-tu faire ? » Le jeune homme  devient un peu morose :
-J’ai appris les bases du métier de trappeur. Je suis loin d’être un maître dans la matière. » Layla lui sourit :
-Tu  sais déjà certainement mieux te débrouiller que la plupart des  aventuriers de bronze que j’ai rencontrés. Certains ne savent même pas  manier une épée et veulent se lancer à l’attaque d’un antre de dragon. »  Elle soupire avec mépris : « Le plus important dans le métier  d’aventurier, c’est de savoir ce que l’on vaut. » Puis regarde devant  elle et s’exclame : « Nous y voilà ! L’auberge dont je t’ai parlé. » Du  doigt elle lui désigne une petite tour en bois dépassant de la cime des  arbres. À mesure qu’ils approchent Derreck découvre un fortin tout de  planches et de rondins. Ils passent une large porte grande ouverte où  deux gardes les saluent nonchalamment. Une fois dans l’enceinte, Derreck  découvre un endroit boueux disposant de bâtiments de toutes sortes dont  l’utilité lui échappe. Layla se dirige vers une grande maison surélevée  et en grimpe les marches du pallier. Derreck se rue à sa suite. Elle  entre par la porte ouverte et s’exclame : « Bonjour ! Comment  allez-vous ?! » Derrière un comptoir au fond de la salle, un homme bien  en chair mais au visage chaleureux s’exclame : « Mademoiselle Gardiner !  Quel plaisir de vous revoir ! Quel bon vent vous amène ? » Layla se  lance dans une explication, racontant qu’elle vient de terminer une  quête et qu’elle rentre à Langekan. Derreck fait un tour sur lui-même et  apprécie le décors de la salle. Un âtre en pierre, des tentures  colorées mais pas criarde et enfin en plein centre d’un mur, une tête de  bête empaillée. Derreck a le souffle coupé : « Un Éventreur ?! Il était  énorme !... » Une créature maléfique proche cousin du sanglier, dont  les défenses étaient capables de percer des armures en plaques. Le cuir  épais de ces créatures les rendaient extrêmement durs à tuer. Le patron  l’interpelle : « Belle saloperie hein ?! J’avais posté une quête à  Langekan pour m’en débarrasser. Cette abomination ravageait mes champs  de patates au dessus du fortin et s’en prenait à mes clients la nuit. Il  a fallut que les héros venus le vaincre s’y mettent à cinq pour  l’abattre. Un combat redoutable ! » Derreck est en admiration et  marmonne :
-Mon pè... » Il se reprend, Frederick n’était pas, et ne  serait plus son père : « Mon mentor, m’a raconté que lorsqu’il était  jeune. Son oncle avait eu à faire à un Éventreur. Il avait creusé des  fosses à pieux partout autour de son village, après des semaines de  terreur et de chasse, la bête était enfin tombée dedans et ils avaient  pu l’achever. Ils avaient brûlé le corps car la chair de ces choses  n’est pas comestible. » Le patron de la taverne hoche la tête :
-Bien  vrai, ces cochonneries viennent du Royaume de la Sauvagerie, un plan  inférieur d’existence et de magie noire. J’ai fait empailler la tête par  un mage. Autrement le pauvre taxidermiste qui s’en serait chargé aurait  était grièvement blessé. » Derreck sourit avec approbation et Layla en  profite pour s’adresser au tavernier :
-Dis-moi, mon ami ici présent  aurait besoin de frusques, tu as toujours ton panier à objets trouvés ?  Est-ce qu’on peut se servir dedans ? » Le tenancier se renfrogne :
-Tu  me connais, je ne fais pas la charité... » Il voit les yeux suppliants  de Layla et grommelle : « Mais bon… je peux faire une exception. » Il  quitte son poste et se dirige vers un escalier menant à l’étage. Il se  glisse sous ce dernier et grogne en faisant un effort pour récupérer une  immense corbeille en osier. Il la pose devant lui et leur fait signe de  se servir. Layla se rue sur le trésor d’étoffes et commence à en faire  le tri. Derreck se permet de s’incliner devant le tavernier et de le  remercier avant de rejoindre sa camarade. Elle se retourne avec un  pantalon marron et le tend devant elle pour en comparer la taille avec  Derreck. Elle approuve et lui jette dans les bras puis continue de  chercher frénétiquement. Elle finit par lui dégotter une ceinture, une  chemise beige avec un col ouvert une veste en fourrure brune et une cape  de voyage vert foncé. Elle prend un sac à dos et va voir le patron pour  lui demander quelques provisions. Derreck l’entend expliquer que c’est  pour lui et qu’elle payera, il se sent mal de bénéficier ainsi de sa  générosité. Le tavernier disparaît derrière une porte avec le sac à dos.  Un peu déboussolé et désemparé, Derreck commence timidement à retirer  sa vieille chemise encore humide, Il enfile les nouveau vêtement et se  réjouit d’enfin pouvoir bouger sans gêne. Il commence à déboutonné son  pantalon mais s’interrompt lorsque le tavernier tousse fortement, il est  revenu de la réserve et lui dit : « Tu sais mon gars, tu peux aller à  l’étage pour te changer, il n’y a plus de clients. » Un peu penaud  Derreck le remercie et s’empresse de monter l’escalier. Il ne voit pas  Layla lancer un regard assassin au propriétaire qui sourit. Il se change  rapidement et lorsqu’il retire son pantalon il découvre son onzième  doigt qui a très largement changé de proportion. Derreck reste sans voix  et n’en revient pas, il a vraiment prit complètement l’apparence que  Yag avait dans son rêve. Il a de plus en plus la sensation que cette  rencontre n’était pas le fruit de son imagination. Il revoit alors la  vallée aux corps entremêlés et la promesse de Yag. Son cœur s’accélère  et son membre commence à durcir. Paniqué, Derreck le fourre tant bien  que mal dans son pantalon, respire un grand coup et redescend au  rez-de-chaussé. Lorsqu’il repasse à côté du panier, il décide de le  ranger et ne remarque pas que Layla fixe son entrejambe gonflée. Ses  joues sont rouges comme une tomate et elle se force à retrouver son  calme. Le tenancier lui murmure : « Drôle d’énergumène celui-là. Tu l’as  trouvé où ? » Layla ne l’entend pas, elle est en complète admiration  de Derreck qui ressort de sous l’escalier et s’approche avec son  magnifique sourire qui la fait fondre à chaque fois. Le jeune homme  s’incline à nouveau devant le tenancier : « Encore une fois je vous  remercie monsieur. » Le patron souffle fortement :
-Tu penseras à me  laisser un pourboire la prochaine fois que tu passes. » Derreck est  d’abord surpris, mais il s’exclame avec enthousiasme :
-Oui ! C’est promis ! » L’aubergiste le regarde avec affection :
-T’es  vraiment un loufoque toi. » Layla lui désigne le sac à dos et Derreck  le ramasse avant de la remercier les larmes aux yeux :
-C’est trop… On se connaît à peine… J’ai l’impression de profiter de ta gentillesse. » La ménestrelle s’empourpre et balbutie :
-Tu n’as qu’à promettre de me rembourser. Je sais que tu le feras. » Derreck lui sourit chaleureusement :
-Entendu, c’est promis. » Layla a soudainement chaud et s’exclame :
-Remettons-nous  en route ! Il nous reste du chemin avant d’arriver à Langekan. » Elle  sort à toute vitesse en saluant rapidement le tenancier qui semble très  amusé. Derreck remercie encore l’homme et trottine pour rattraper Layla  qui quitte déjà le fortin.

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