Chapitre 6 (troisième partie)

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L'aube éclaire le campement de sa lumière pâle. Owen a dormi, assez mal, non loin du foyer. Ingir est restée près de lui, comme une compagne aimante. Il est réveillé par un soldat qui ravive le feu. Limur plane, scrutant la rivière de son regard perçant. Sur le rivage, une vague a rejeté les lambeaux du manteau de la reine, déchiré par sa lutte contre le sinuire. Quelques traces rougies rappellent aussi le combat mené par Owen contre le monstre. Mais tout est tranquille. Les oiseaux lancent leurs premiers chants. Owen se redresse, puis vient s'asseoir près du feu. Un des serviteurs prépare déjà le repas du matin. Voyant que le jeune Gardien est réveillé, Limur s'approche de lui.

- Bonjour, Ami, tout est calme.

- Bonjour, Limur, répond Owen doucement. La reine ?

- Nemna la veille depuis une heure environ, les deux autres jeunes filles se reposent. Elle m'a dit que tout allait bien. Elle s'est réveillée une fois, elles lui ont redonné de la tisane et s'est rendormie sans souci.

- Bien, dit-il, soulagé. La nuit s'est bien passée, je n'ai rien entendu.

- Rien à signaler en effet. Je n'ai pas revu trace du sinuire. Le gué sera-t-il dangereux à franchir à cause de lui ?

Un pli soucieux se dessine entre les sourcils d'Owen.

- Je resterai en veille durant le passage de tous. Je le sentirai arriver et ma jument aussi. Le gué n'est pas très long à traverser. Le niveau de l'eau a-t-il baissé depuis hier soir ?

- Très légèrement.

- Bien. Voilà une bonne nouvelle. S'il n'y a pas d'autres pluies, cela devrait continuer. De toute façon, je ne pense pas que la reine sera en mesure de voyager aujourd'hui.

- Elle aura besoin de repos, au moins pour cette journée.

Owen reste un instant silencieux, puis demande, en fixant l'Aérien droit dans les yeux :

- Pensez-vous que je puisse aller la voir tout à l'heure pour juger de son état ?

- Je le pense. Vous êtes le seul parmi nous à avoir des connaissances de guérisseur. Nijma sait préparer quelques tisanes, guère plus.

- Alors j'espère que cela ne choquera personne, dit-il d'un ton amer.

L'Aérien le perçoit et dit :

- Ami, si certains retiendront que vous avez touché la reine, moi, je n'oublie pas que vous l'avez sauvée. Et c'est le plus important à mes yeux.

- Vous, oui, mais d'autres comme vous le dites ne retiendront que ce qui les a choqués.

- Ne soyez pas amer, Ami. Vous avez trop de force de caractère pour cela.

Owen sourit doucement. Oui, Limur a raison. Il ne doit pas laisser cette amertume l'envahir. Ce ne serait pas digne d'un Gardien des Origines.

**

Nemna est la première à sortir de la tente royale, elle s'avance vers le foyer, sourit à tous.

- Sa Majesté est réveillée. Elle se sent un peu faible, mais reposée. Sa blessure la fait souffrir, dès qu'elle essaye de bouger. Nous l'avons aidée à s'asseoir, mais nous aurions besoin d'un autre baume, Maître Owen. Nous venons d'utiliser ce qui restait.

- Je vais en préparer. A-t-elle faim ?

- Pas pour l'instant.

- Bien. Ne la forçons pas à manger pour le moment. Mais elle aura besoin de reprendre un peu de nourriture d'ici deux à trois heures. Veillez à ce qu'elle boive, par contre.

- Bien, Maître Owen.

Et la jeune suivante retourne vers la tente. Owen prépare un nouveau baume, puis une tisane qui redonnera des forces à la jeune souveraine. C'est Nijma qui soulève la toile de la tente quand il s'approche.

- Entrez, Maître Owen, dit-elle. Notre Majesté est réveillée.

Il s'avance, portant les deux bols. Puis s'agenouille près du lit. La jeune souveraine est allongée.

- Comment vous sentez-vous, Majesté ? demande-t-il en scrutant son visage.

- Assez bien, soupire-t-elle. J'ai plutôt bien dormi, je crois. Je ne vais pas pouvoir chevaucher aujourd'hui, je le crains...

- Il vaut mieux que vous preniez du repos, de toute façon. Nous aviserons au fil des heures. Quitte à faire une étape supplémentaire. Je vous ai apporté une autre tisane, pour que vous repreniez des forces. Avez-vous mal quelque part ?

- A part au côté, non..., dit-elle en secouant doucement la tête. Qu'est-ce que c'était que cette... bête ?

- Un sinuire.

Elle frissonne.

- J'en avais entendu parler, mais je me demandais s'ils existaient vraiment... si ce n'était pas une légende.

- Ils n'en sont pas. Mais ils vivent habituellement dans des rivières plus profondes, aux eaux plus froides. Je ne pensais pas qu'il y aurait eu un ici.

- Vous l'avez tué ?

- Difficile à dire. Je l'ai blessé sérieusement, c'est certain. Mais j'ignore si j'ai touché un point vital. Je voulais surtout lui faire lâcher prise.

Elle pousse un léger soupir, ferme les yeux.

- Je vais vous laisser vous reposer, Majesté. Si vous ressentez une douleur, faites-le moi savoir.

Et il se relève, sort de la tente.

**

La journée passe lentement. Chacun s'occupe à ramener du bois, de l'eau. Deux soldats partent aussi en expédition pour chercher des baies, un archer parvient à tuer deux gros oiseaux. Ils n'ont pas prévu de provisions pour un long trajet et vont devoir en trouver sur place. Si plus aucun n'a envie de s'approcher de la rivière, ils disposent fort heureusement d'une source vive à proximité. Les chevaux sont également menés plus loin du rivage, mais ils ont senti le danger et aucun ne cherche à s'en approcher. Owen profite de l'après-midi pour marcher un peu sous les arbres et ramasser quelques plantes qui pourront lui être utiles pour préparer baumes et tisanes pour la reine. Limur, quant à lui, a exploré par les airs la suite de leur chemin, en partie pour repérer un prochain campement. Il doute que la reine pourra chevaucher autant que la veille.

Owen n'est pas retourné la voir et c'est Nijma qui leur donne, au moment du repas, des nouvelles de la souveraine.

- Elle veut essayer de remonter à cheval demain, dit-elle. Elle est restée assise un moment, sans souffrir.

- Notre souveraine est courageuse, dit Lorrek.

- Nous aviserons demain, après une nouvelle nuit de repos, dit Owen. Ici, nous avons trouvé un campement pratique. Ce sera plus difficile pour les prochaines lieues, d'après ce que nous en a rapporté Limur.

Le Premier Conseiller hoche la tête.

- Avez-vous perçu des ondes de nos amis, sur l'autre route ?

- Aucune pour l'heure, répond Owen.

- Ils s'inquièteront s'ils ne nous retrouvent pas à l'orée de la forêt, car nous devions arriver avant eux...

- Certes.

Owen n'ajoute rien. Son disque n'a pas changé de couleur, mais c'est à la nuit seulement qu'il pourra ressentir l'onde provenant d'Olaf. En guettant l'étoile de son ami.

**

Le lendemain matin, c'est avec un grand soulagement que tous voient la jeune souveraine sortir de la tente. Certes, elle marche avec prudence, ne peut s'asseoir sans aide, mais son visage est reposé et volontaire. Elle se réalimente normalement depuis la veille au soir.

- Je me sens prête à repartir, dit-elle fermement. Nous devons continuer. Même si nous faisons une étape plus courte aujourd'hui, je ne veux pas rester plus que nécessaire ici, ni même dans cette forêt.

- Nous pouvons être prêts à partir rapidement, Majesté, dit Lorrek.

Et il donne des ordres en ce sens. Owen va chercher les chevaux et, pendant que les soldats et les serviteurs rassemblent les affaires, il prépare Sylmaria et Ingir. Il vérifie avec soin le harnachement de la jument royale et ajoute une couverture épaisse sur la selle, pour rendre la chevauchée un peu plus confortable pour la reine. Quand il ramène les deux chevaux au campement, tout est presque prêt. Il reste quelques éléments de la tente royale à démonter, mais le temps de faire monter Kaïra en selle, c'est terminé. Owen approche le cheval d'un rocher qui lui semble facile d'accès et revient vers la reine.

- Majesté, il me semble que vous pourrez aisément remonter sur votre cheval, depuis là-bas. Pouvez-vous venir, s'il vous plaît ?

- Oui, merci, Maître Owen.

Elle se lève avec l'aide de Nijma, et les trois jeunes filles la suivent. Pendant qu'Owen tient la jument pour éviter qu'elle ne bouge, elles l'aident à se mettre en selle. Une fois installée, Kaïra pousse un léger soupir. Son regard croise celui, inquiet, d'Owen. Elle esquisse un sourire :

- Ca va. Je ne pourrai aller vite, mais ça va.

- Pensez-vous pouvoir tenir les rênes ? Ou préférez-vous que l'un d'entre nous s'en charge ?

- Je vais essayer de les tenir.

- N'hésitez pas à me dire si cela n'allait pas. Il vaut mieux faire plusieurs petites étapes, autant que nécessaire, pour avancer quand même, plutôt que de devoir s'arrêter à nouveau toute une journée.

- Oui, cela me semble plus sage aussi. Je n'hésiterai pas, Maître Owen.

- Merci de votre confiance, Majesté.

Et il garde les rênes pour mener Sylmaria, tout en tenant Ingir par l'autre main. La jument pourrait le suivre sans qu'il ait besoin de la guider, mais il se dit que cela doit paraître plus naturel à ceux qui l'entourent. Arrivés près du gué, la petite troupe se reforme, tous remontent à cheval. Le niveau de la rivière a bien baissé et le gué est plus visible et praticable que s'ils l'avaient franchi deux jours plus tôt. Owen s'engage le premier, traverse sans ressentir d'ondes négatives. Il observe l'eau avec soin. Limur et les archers gagnent aisément l'autre rive, puis Owen fait passer Kaïra et ses suivantes, le reste de la troupe ensuite.

Ils poursuivent leur route au pas, le chemin les éloignant vite de la rivière. Il leur faut remonter une légère pente, heureusement pour Kaïra, moins prononcée que celle de la première combe. Quand ils arrivent en haut de la colline, Owen se retourne vers elle. Elle lui adresse un simple signe de la tête pour lui faire comprendre qu'elle va bien. Ils continuent ainsi à chevaucher pendant une heure environ, jusqu'à parvenir à un endroit où un énorme arbre est tombé. Ses racines forment comme un petit abri, mais son tronc peut aussi servir de marchepied pour aider Kaïra à descendre de cheval.

- Majesté, que diriez-vous de vous arrêter un peu ?

- Je veux bien m'arrêter en effet, Maître Owen, soupire la jeune fille.

- Limur, pouvez-vous aller voir si une source coule à proximité ? Et allumons un petit feu, je vais vous préparer une nouvelle tisane. Vous avez mal ?

- C'est supportable.

- Alors, il vaut mieux prendre quelque chose dès maintenant. Voulez-vous que l'une de vos suivantes vous remette du baume ?

- Je ne pense pas que cela soit nécessaire. Une tisane me suffira, merci.

Owen sourit simplement, mais il ne peut s'empêcher de s'inquiéter d'un excès de pudeur et espère que cela ne vient pas du fait qu'il ait dû la toucher, autant pour la sortir de l'eau que pour évaluer la gravité de ses blessures. Il prépare rapidement l'infusion et quand la reine se sent prête à repartir, ils remontent tous en selle.

Malgré plusieurs arrêts et un cheminement plus lent que le premier jour, ils parcourent quand même une belle distance. En fin de journée, Limur effectue un survol de la canopée et vient leur annoncer qu'il aperçoit la fin de la forêt, mais qu'ils en sont encore trop loin pour pouvoir espérer l'atteindre avant la nuit.

- Je préfèrerais m'arrêter bientôt de toute façon, dit Kaïra en retenant difficilement une grimace de douleur. Je me sens vraiment fatiguée.

- Je vais voir un peu plus loin si un endroit serait propice pour une étape, se propose Limur.

Il revient rapidement : à courte distance, il a remarqué une clairière, dans le sous-bois.

- Il faudra descendre de cheval pour s'y rendre, mais elle est proche du chemin.

- Alors, menez-nous, Limur, dit Lorrek. Avez-vous repéré une source ?

- Non, pas encore. J'irai observer les alentours quand nous y serons.

La clairière est assez vaste et ils dressent rapidement un campement. Dès que sa tente est montée, Kaïra va s'y étendre. Elle ne se relève que pour prendre le repas du soir, autour du feu. Même si elle ressent la fatigue et la douleur de la chevauchée, elle est aussi heureuse de se retrouver ici, en petit groupe, parmi les siens, avec moins de faste que lorsqu'ils ont voyagé en convoi. Elle peut aussi ressentir plus intimement la présence d'Owen, et son attention pour elle la touche.

**

La nuit est tombée. Owen a fait le tour de la clairière, levant les yeux vers le ciel. Il a vite trouvé l'étoile d'Olaf qui brille doucement. "Tout va bien pour eux, du moins, de ce que j'en perçois", songe-t-il. Il reporte son regard vers le campement endormi, sort avec précaution son disque sacré et le porte en direction de l'étoile d'Olaf. Le disque reste clair, confirmant ainsi sa première impression. "Bien, soit ils n'ont pas rencontré les brigands, soit ils sont sortis vainqueurs de l'attaque. Nous le saurons bientôt."

Il entend un doux renâclement d'Ingir, sourit dans le noir. Il a décidé de veiller du côté de la forêt. Lorrek a disposé des hommes près du chemin, Limur et les siens veillant comme à leur habitude dans les arbres. Owen trouve un arbre au tronc assez lisse, contre lequel s'appuyer. Il ira dormir plus tard, prenant le relais avec un des soldats de l'escorte. Son attention reste en éveil sur tout le campement et ses alentours, mais il est serein : il n'a plus entendu la voix de l'Esprit de l'Eau et ne perçoit plus aucune menace. Son seul souci peut se porter désormais sur la santé de Kaïra.

Soudain, il se redresse légèrement. Une ombre sort de la tente royale, passant entre les arbres. De ce qu'il en distingue, il pense que c'est Nemna, à la forme de son manteau. Il se lève quand il la voit se diriger vers lui. Mais quand elle murmure, il comprend que ce n'est pas la suivante de la reine, mais la reine elle-même qui se tient devant lui.

- Maître Owen, je voulais vous parler un instant.

- Majesté... Un souci ? Vous allez bien ?

- Oui, ne vous inquiétez pas. Sommes-nous tranquilles ici ? interroge-t-elle à voix basse.

Il regarde autour de lui. Personne n'a remarqué que la jeune reine avait quitté sa tente. Les soldats autour du feu dorment profondément, pas un mouvement non plus dans les arbres où se sont installés les Aériens. Quant aux soldats qui surveillent la route, ils tournent le dos au campement et sont en partie cachés par des fourrés.

- Nous pouvons l'être, oui, répond-il. Voulez-vous vous asseoir ?

- Je veux bien.

Il trouve rapidement un tronc où elle prend place et s'assoit à ses côtés.

- Owen, je voulais vous remercier... vous m'avez sauvé la vie.

- C'est mon devoir de vous protéger...

- Vous auriez pu être emporté par le sinuire vous aussi ?

- C'est possible. Mais c'était peu probable. J'ai les capacités pour saisir les mouvements des animaux. Les anticiper, en quelque sorte. Surtout face à un danger. Je suis... hum, je dirais que je suis plus concentré encore.

Elle hoche doucement la tête, pose sa main sur son bras nu et cela le fait frissonner. Il ne s'attendait pas à un contact physique de sa part. Cela lui semble même contraire à ce qu'elle doit être et faire.

- J'ai entendu les reproches qui vous ont été faits, à mots couverts, bien entendu. Sachez que je ne les partage pas et que je les condamne. Vous avez fait ce que vous deviez faire.

- Votre personne est sacrée, aux yeux des vôtres. Même si je vous ai sauvée, j'ai aussi porté la main sur vous...

- Pour vous assurer que j'allais bien ! Je n'y vois aucun mal. Et je ne tolèrerai pas que quiconque autour de moi interprète mal vos gestes.

- Merci de votre compréhension, Majesté, sourit-il en réponse.

- Owen, je pense que vous l'avez déjà perçu, mais une reine est souvent bien seule. Très entourée, mais très seule. Les amis me sont rares... les vrais amis, je veux dire. Oh, certes, je ne me plains pas, je peux faire confiance à mes gens et c'est important. Tous les souverains ne peuvent en dire autant... Mais... Mais j'aimerais que nous soyons amis. Le voulez-vous ?

Il la fixe un long moment. Oui, bien sûr qu'il comprend et peut accepter. Cela n'est en rien contraire à son Ordre.

- Je le veux bien, Majesté.

- Alors, vous voudrez bien aussi que je vous appelle seulement par votre prénom, quand cela sera possible ? Quand... quand cela ne choquera personne, je veux dire ? Les titres me paraissent parfois si pompeux... Il m'arrive d'être lasse d'entendre à longueur de journée "Majesté", "Votre Altesse"... Cela me semble si loin le jour où l'on m'a appelée simplement Kaïra pour la dernière fois... Mon prénom ne résonne plus que très rarement à mes oreilles, et encore, seulement pour des cérémonies, quand on m'annonce...

- Je comprends que cela puisse vous peser, dit-il avec douceur et empathie. C'est une charge lourde que vous portez. Mais vous la portez bien. Vous avez toutes les qualités pour être une grande souveraine.

- Parfois, j'aimerais être une simple jeune fille, vous savez.

Puis elle secoue la tête pour chasser cette triste pensée, redresse son visage en levant légèrement les yeux vers le ciel et sourit.

- Allons, je ne dois pas être triste. Puisque ce soir, désormais, j'ai un ami.

Il lui sourit en retour, l'aide à se relever du tronc d'arbre. Pour cacher ses traits, elle remet alors la capuche de son manteau sur sa tête, capuche qu'elle avait laissé tomber en s'asseyant.

- Vous ne souffrez pas ? Vous ne voulez pas une autre tisane ?

- Il en reste, que Nemna maintient au chaud. Je vais retourner à la tente. Je lui ai promis de ne pas être absente longtemps.

Alors qu'elle a laissé sa main sur son poing, il la guide à travers le sous-bois pour revenir jusqu'au campement.

- Dormez bien, Kaïra, souffle-t-il si bas que même les oreilles exercées des Aériens ne peuvent l'entendre.

Elle ne lui répond pas, mais laisse doucement glisser ses doigts sur son bras, avant de se détourner et de regagner rapidement et sans bruit la tente. Owen s'approche du feu, remet quelques bûches, fait le tour du campement comme s'il voulait simplement laisser croire qu'il veille, puis retourne vers l'arbre contre lequel il s'était installé. Ingir est là, donnant l'impression de l'attendre.

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