La fille au carton

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La colision fut brutale.

Il ne broncha pas d'un milimètre, mais la pauvre jeune femme se retrouva sur les fesses. Ses affaires étaient éparpillés ça et là.

— Pardon, je ne vous avez pas vu ! s'empressa-t-elle de dire.

Elle rassembla ses biens dans un carton bien trop petit pour tout contenir.

— Je ne voulais vraiment pas... Je suis désolée...

Elle continuait de se confondre en excuses, restant à genoux sur le goudron crasseux. Sa voix tressauta légèrement sur ces mots.

— Laissez-moi vous aider.

Il avait oublié le son de sa propre voix, mais cette jeune fille lui faisait de la peine. Il s'accroupit pour se mettre à sa hauteur ; personne ne prêta attention à eux.

— Ne vous mettez pas dans des états pareils. C'est plutôt à moi de m'excuser, poursuivit-il.

Elle releva les yeux vers lui, un doux sourire plaqué sur ses lèvres légèrement rosées. Ce rictus ne collait pas avec la profonde tristesse qu'il pu lire dans son regard. La musique étouffée des club de strip-tease parvint jusqu'à eux et leur conféra une bulle hors du monde.

— Vous êtes gentil.

Ses larmes redoublèrent, plongeant l'homme dans l'incompréhension. Il ne savait pas quoi faire face à tant de peine. Il ressentait le besoin irrépressible de lui venir en aide. Pourquoi une femme au sourire si bienveillant se retrouvait-elle seule dans le boulevard du vice ?

Sa présence ne collait pas avec le tableau. Elle n'avait rien à faire là...

Il se leva après avoir remis une statuette étrange dans sa boîte et il tendit la main pour inviter la demoiselle à faire de même.

— Léna, se présenta-t-elle en renifflant, sourire aux lèvres.

Ses doigts étaient toujours entrelacé avec les siens. Ce contact le perturba, mais il ne voulait pas la laisser partir. Il la trouvait sublime malgré le mascara étalé sur ses joues. Léna ne le quittait pas du regard.

— Je peux vous proposer un verre ?

Elle haussa le sourcil gauche et recula d'un pas, rompant la connexion qui s'était établie entre eux. La jeune femme se courba pour ramasser son carton. Il était bien trop large pour ses petits bras, mais elle ne s'en plaignit pas

— Pour m'excuser... Enfin, je veux dire, bafouilla-t-il.

Et son inconfort provoqua l'halarité du côté de Léna.

— J'ai cru que vous me draguiez ! J'ai eu peur.

Son rire mélodieux résonnait comme la voix d'un ange aux oreilles de l'homme. Il pensait qu'elle allait refuser sa proposition. Son coeur se serra. Il ne parvenait pas à s'expliquer pourquoi cette femme l'obsédait... Elle commenca à s'éloigner sur le boulevard, mais s'arrêta après quelques mètres.

— Vous ne venez pas ? C'est pourtant vous qui avez proposé, dit-elle, faussement agacée.

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