52. L'ascension - Partie 8
Pour public averti : Ce chapitre contient du contenu, des thèmes ou propos explicites susceptibles de choquer les lecteurs les plus sensibles.
Solas se redressa difficilement, jetant un regard vers l'entrée où un guérisseur s'occupait de Kiran. Puis il se tourna d'un bond maladroit vers le cœur de la zone d'épreuve, terrifié à l'idée de se faire à nouveau surprendre. Les sens en éveil, un faible bruit lui parvint alors de sa droite, à peine perceptible. Il tourna la tête, scrutant l'espace vide devant lui avec méfiance. Était-ce le vent, ou autre chose… ?
Un mouvement subtil attira son regard vers le sol : une trace de pas se formaient lentement dans la boue, avançant silencieusement vers lui. Une sueur froide glissa le long de sa nuque : 'Quelqu'un… d'invisible ?' supposa-t-il avec effroi. Qui que ce soit, son regard rivé vers l'empreinte risquait de le faire réagir et attaquer vite, très vite. Son pied racla le sol pour projeter de la boue dans sa direction. Celle-ci fusa dans l'air, s'écrasant contre une silhouette fantomatique qui se manifesta aussi rapidement qu'elle disparut. Le garçon se raidit aussitôt, son corps tendu comme un arc.
"Attends." lança la voix d'un homme proche, grave mais étonnamment posée.
Solas recula d'un pas, sur ses gardes : "Qui… es-tu ?"
Un silence flotta quelques instants, rythmé par la pluie qui tombait drue autour d'eux.
Finalement, la voix reprit, plus doucement cette fois, empreinte d'une nuance de regret : "Un candidat, comme toi… mais plus patient."
Cela lui arracha un frisson, l'orage grondant sourdement au-dessus de leurs têtes, comme s'il percevait la tension palpable entre les deux. Solas tâcha de repérer à nouveau les traces par terre, mais la pluie les avait presque effacées : "Je ne veux pas me battre contre toi…" tenta-t-il, cherchant désespérément à distinguer la moindre anomalie parmi les gouttes.
Un rire faible et triste lui répondit : "Moi non plus, je ne voulais faire de mal à personne. Mais nous voilà."
Le silence s'installa à nouveau.
Solas sentait chaque battement de son cœur résonner lourdement dans ses tempes. Il se força à parler, essayant de gagner du temps pour le localiser : "Tu n'as pas l'air comme eux…"
"Une brute, tu veux dire ? Parce que je n'en suis pas une… Je ne suis pas un assassin, pas un guerrier non plus. Juste un homme ordinaire… avec un talent particulier."
À ces mots, une série de légers bruits se fit entendre à sa gauche, puis à droite, semant le doute dans l'esprit du jeune mage. Cet homme avait compris que la pluie pouvait le trahir et se déplaçait à présent avec soin, constamment en mouvement : "Tu te caches depuis le début ?" questionna-t-il, les yeux fixés au sol.
"J'observais. J'attendais. Et j'aurais préféré ne jamais avoir à sortir de l'ombre. Mais voilà. Je crois bien qu'il ne reste que nous…"
"Tu vas essayer de me tuer ?" interrogea-t-il aussitôt.
"Je vais essayer de survivre. Et toi…" ajouta-t-il d'une voix étonnamment douce malgré la situation : "...tu es quasiment un enfant. Pourquoi t'infliger cette folie ?"
Solas serra les dents, l'eau ruisselant sur son visage tendu : "J'ai mes raisons."
"Moi aussi…" assura son adversaire d'un ton presque coupable : "Tu ne peux pas savoir ce que ça fait de voir le vide dans les yeux de son enfant lorsqu'il pleure de faim."
Le garçon resta silencieux, ne sachant quoi répondre.
"Moi si. Trois. Trois enfants… pas beaucoup plus jeunes que toi. Une femme qui ne peut plus marcher et un hiver qui n'attend pas. Alors, si je dois devenir Archimage pour qu'ils ne manquent plus jamais de rien… Je le ferai. Même si je dois…" Il ne termina jamais sa phrase, mais murmura finalement, son souffle à peine audible sous la pluie : "Et toi… ? Pourquoi ?"
Un pincement de douleur traversa la poitrine de Solas à ces paroles. Parce que cette voix-là ne mentait pas. Car cet homme… ne voulait pas tuer. Pas plus que lui. Il revoyait sa sœur, Nakia, lui nouant le ruban jaune autour du poignet. Il ressentait encore le poids douloureux de l'inquiétude dans le regard de ses parents. Ce poids, il le partageait apparemment avec cet homme invisible : "Ma famille aussi…" marmonna-t-il en réponse, d'une voix plus tremblante qu'il ne l'aurait voulu. Son regard glissa un instant sur Kiran, toujours visible en dehors de la zone d'épreuve, aux soins du guérisseur : "Mon ami…"
Son interlocuteur sembla hésiter un instant, l'orage grondant avec plus de force, comme si le ciel lui-même attendait la suite avec impatience. Puis, dans un souffle résigné, il reprit : "Alors, nous sommes tout deux piégés. Je suis désolé, mais je ne peux pas perdre."
Solas recula d'un bond à cause d'un mouvement proche sur sa gauche, mais l'ennemi ne frappa pas. Peut-être était-il tout aussi hésitant que lui. Puis soudain, il le vit apparaitre brièvement. Non pas parce qu'il avait décidé de se montrer, mais parce que la lumière… changea. Un éclair zébra le ciel, très proche. Cette lumière aveuglante s'infiltra dans la pluie comme dans un prisme. Une personne floue, translucide, se tenait là. Comme un mirage dans une flaque.
Un homme, grand, au corps mince, en tenue simple. Pas d'armure ou d'armes visibles. Rien d'intimidant. Et ce visage… Un visage marqué par la fatigue, par l'attente, mais également par une résignation frappante. Une silhouette qui n'aurait pas dû être ici, pas plus que lui, et qui disparut immédiatement.
Solas fronça les sourcils : 'Qu'est-ce que c'était que ça ?' Il n'avait rien fait. Rien appelé. Ce n'était pas une attaque. Juste… de la lumière. Il n'eut pas le temps d'y réfléchir davantage qu'un coup puissant le frappa au flanc, l'envoyant rouler douloureusement dans la boue. Il se redressa aussi vite qu'il en était capable, un goût métallique emplissant sa bouche. Il cracha son sang par terre et jeta un rapide regard circulaire avant d'inspecter le sol : il ne le voyait pas, nulle part. Il comprit immédiatement une chose essentielle : il ne pourrait pas compter uniquement sur sa magie cette fois. Il devait sentir, anticiper, réagir autrement.
La nervosité était réelle, brutale même, mais l'adrénaline était tout aussi puissante, affûtant ses sens, accélérant ses réflexes. Il se redressa et s'immobilisa, écoutant intensément : le ruissellement de la pluie sur les pierres, le craquement subtil du cuir mouillé d'une paire de bottes, un souffle mesuré… Un pas, léger, très proche. Il fit appel à la magie et, d'un réflexe désespéré, fit jaillir une lumière blanche de sa main. Ce fut une pulsation inconsciente et il ne comprit pas exactement ce qu'il venait de faire. C'était venu sans réfléchir, comme le reste.
Et là, encore, l'homme devint visible. Pas tout à fait, mais suffisamment. Comme s'il l'avait forcé à exister quelques secondes dans le monde réel. Les contours de son corps apparurent, mais flous, déformés par des stries lumineuses.
"Ne fais pas ça." mit en garde la voix, plus vive.
"Tu veux que je me laisse faire ?!" répliqua Solas, son poing tendu vers l'homme.
Ce dernier bondit finalement pour l'attaquer. Rapide. Redoutable.
Le garçon tenta de sauter sur le côté, mais l'autre était déjà sur lui, le plaquant au sol. Une vive douleur lui traversa le crâne, se répandant jusque dans ses os. Aucune arme, juste un choc violent. Une attaque pour l'assommer ? Solas roula dans la boue pour se dégager. Il tendit la main vers le ciel depuis le sol, et la foudre répondit : l'éclair frappa sans toucher personne. Il sentit l'air vibrer, l'électricité crépiter sur sa peau. L'orage grondait comme une bête en cage. Avait-il une chance de simplement le faire sortir de la zone comme il y était parvenu avec son adversaire précédent ? Ça lui paraissait impossible, sa capacité était bien trop gênante. Il voulut parler. Demander qu'ils arrêtent. Qu'ils en finissent autrement. Mais il reçut ce qui ressemblait à un coup de pied dans l'épaule et s'étala de tout son long, grognant de douleur.
"Je suis désolé. Vraiment désolé." dit l'homme d'un ton coupable.
Solas rampa sur le sol, sa main touchant une pierre trempée. Puis, il vit distinctement une empreinte se dessiner sur le sol juste à côté de son visage. Son corps se téléporta spontanément au-dessus alors qu'il retombait de tout son poids sur une présence fantôme, l'entraînant à terre. Ses mains s'accrochèrent aussi fortement que possible à quelque chose d'à peine tangible : un vêtement trempé par la pluie. Ils roulèrent ensemble, pataugeant dans l'eau boueuse, chacun luttant pour prendre l'ascendant sur l'autre.
Mais la boue ne le rendait malheureusement pas visible, disparaissant à son contact. Le jeune mage sentit sous ses doigts, une mâchoire et une épaule au-dessus de lui… L'adversaire était réel, palpable malgré sa capacité. Solas ramena ses deux jambes vers lui, se servit de ses genoux comme levier et d'un coup de hanche brutal, renversa la position. Il se retrouva à califourchon sur le torse invisible, ses mains cherchant frénétiquement un point de contact. L'homme tenta de l'éjecter, mais le garçon tint bon, sentant les muscles se débattre sous ses paumes. Puis, une douleur aiguë lui transperça soudainement le flanc. Il déplaça la main pour y agripper fermement un poignet qui tenait une lame courte, qu'il n'avait vraisemblablement pas voulu utiliser jusqu'ici.
Il se cambra dans un spasme incontrôlé, le sang coulant désormais de son côté. Parvenant à ignorer la douleur, Solas s'étonna de réussir tant bien que mal à garder le dessus. Il avait cette impression dérangeante que c'était le trop-plein d'hésitation de l'adversaire qui l'avait mené là. Il aurait pu gagner depuis longtemps, s'il s'était résolu à utiliser son couteau plus tôt, à l'utiliser autrement. Létalement.
La lutte était laborieuse et la pierre que Solas avait touchée quelques instants plus tôt se trouvait là, dans son champ de vision. La foudre aussi était là, au-dessus de lui, prête à lui répondre, mais… : "Renonce !" cria-t-il, implorant presque sous l'intensité émotionnelle du moment : "On peut trouver une autre solution… Abandonne et retourne auprès des tiens !" Tuer encore… ? Il n'avait aucune envie de s'y résoudre. Encore moins prendre cette vie-là : celle de quelqu'un qui avait probablement bon cœur. Une personne comme lui, avec une famille qui l'attendait.
L'invisible hésita longuement, presque assez pour redonner de l'espoir à Solas. Mais sa réponse, lourde et pleine de tristesse, vint finalement : "Je ne peux pas rentrer sans rien… Je préfère mourir ici plutôt que de les regarder s'éteindre dans la misère."
Le garçon sentit son cœur se briser en entendant ces mots. Il n'y avait aucune menace, aucune malveillance dans la voix, juste la résignation froide d'un homme poussé à bout par les circonstances. Il le sentit se tendre légèrement sous lui, avant que ses muscles ne se relâchent soudain. L'espace d'un instant, il crut qu'il allait renoncer, mais comprit trop tard que c'était exactement le contraire.
L'ennemi poussa un cri de douleur mêlée de détermination, exerçant une violente pression pour enfoncer davantage la lame déjà fichée dans sa chair. Un mouvement lent, comme s'il tentait de l'enfoncer plus loin un peu malgré lui.
Solas poussa un hurlement déchirant en sentant la lame s'avancer à l'intérieur de son corps. Une douleur fulgurante irradia jusque dans son ventre, puis remonta en une vague de panique brutale. Chaque respiration était une torture, mais il s'accrocha. Il comprit aussi instinctivement que s'il ne réagissait pas vite, il allait mourir. Il serra de toutes ses forces le poignet pour l'empêcher de bouger : "Non… Non… arrête…" implora-t-il, peinant à respirer.
Mais l'homme sous lui résistait, le bras tremblant. Les doigts serrés sur la garde du couteau, il essaya de tourner la lame.
"Ne m'oblige pas… !" haleta le jeune mage dans une dernière tentative désespérée, les dents serrées par la souffrance. Une pression de trop, et un organe vital céderait. Ce serait alors bien plus qu'une plaie profonde : ce serait la fin. Une terreur pure se répandit dans ses veines. Pas seulement la peur de mourir, mais celle de ne pas rentrer chez lui. De ne jamais revoir Nakia, ses parents, Kiran. Il n'avait que quatorze ans. Il n'était pas censé mourir là, dans la boue, au milieu des cadavres.
L'homme invisible répondit d'une voix plaintive mais déterminée : "Je n'ai pas le droit… d'abandonner… !"
Solas sentit ses émotions prendre encore davantage le dessus. Une colère froide, immense. Pas contre lui. Pas contre cet homme. Mais contre ce qu'on les forçait à devenir. Il sentait les forces de son adversaire s'amplifier, comme alimentées par le désespoir.
Ne parvenant pas à retourner la lame, celui-ci tentait désormais de la retirer pour frapper à nouveau.
Le garçon résistait de toutes ses forces, le cœur battant à tout rompre, conscient qu'il ne pouvait plus se permettre d'hésiter. Son autre main, jusque-là posée sur la poitrine de l'homme, glissa pour rencontrer la pierre. Lourde. Tranchante. Froide. Presque comme si elle avait attendu ce moment. Il la saisit fermement, le souffle saccadé et la vision brouillée d'un mélange de pluie et de larmes. Il ne voulait pas faire ça.
"Putain !" se plaignit-il dans un cri de frustration et de douleur, porté par un instinct brut de survie. Il cessa de réfléchir pour frapper ce visage qu'il ne voyait pas, mais qu'il savait là. Le bruit sourd de la pierre heurtant le crâne résonna, mat, discret sous l'orage. Le corps sous lui se contracta, puis se relâcha d'un coup.
L'homme geignit d'une voix rauque, déchirante et désorientée, mais n'abandonna pas. Au contraire, sa prise se renforça et, dans un ultime effort désespéré, parvint à déplacer la lame dans un angle qui fit hurler Solas une fois de plus.
Ce dernier sentait son énergie faiblir dangereusement à chaque seconde écoulée. Il resserra tant sa prise sur la pierre qu'il en sentit chaque aspérité contre sa paume moite. Alors, comme poussé par un élan sauvage et irrationnel, il frappa à nouveau, mais cette fois de toutes ses forces. Le couteau cessa de bouger. Le garçon resta figé, incapable de respirer ou de penser correctement. Il sentit les muscles sous lui se détendre entièrement, dans une immobilité glaçante.
Il y eut un gémissement faible, presque inaudible, annonçant la fin de la résistance.
Le sang coulait. Celui de l'homme. Le sien aussi, peut-être. Il ne savait plus. C'était l'horreur partout où il posait les yeux. Des corps étendus sur le sol, du sang dans la boue. Puis un mouvement dans son champ de vision qui le fit sursauter.
Son adversaire… était réapparu. Sans doute volontairement. Il était là, sous lui, enfin visible. Un visage défiguré tourné vers le ciel, couvert de sang, de saleté, ses yeux entrouverts et vitreux. Une larme roulait sur sa tempe, ou bien était-ce une goutte d'eau ? Sa main relâcha la garde du couteau et l'autre s'étendit sur la terre détrempée : "Prends soin… des tiens. Ne deviens jamais… comme ces gens." murmura-t-il difficilement. Puis ses yeux se fermèrent doucement, sa respiration devenant irrégulière, avant de finir par s'éteindre. Il n'était pas un tueur. Il n'était pas un héros. C'était un homme. Un père. Un mari. Juste un être humain qui avait trop enduré.
Solas resta immobile, en état de choc, tandis que les larmes se mirent à couler librement sur son visage. Le corps en dessous de lui était désormais visible, inerte et sans vie, plus réel que jamais. Il s'écarta soudain en rampant, les mains rougies, le goût acide d'un haut-le-cœur lui remontant à la gorge. Puis, s'effondra sur le côté, un bras serré contre sa blessure. Il respira par la bouche, le regard se redressant vers l'orage. Le ciel semblait s'apaiser légèrement, comme s'il partageait sa douleur. Cette vision lui donna l'impression d'essayer de soulager ses tourments, mais il se sentait paradoxalement vide. Comme si une partie de lui était morte avec cet homme. La pluie tombait presque tendrement, lavant la boue et le sang qui les couvraient.
Ce n'était pas une victoire à ses yeux. Il avait survécu. Mais il avait tué pour ça. Comment pourrait-il jamais se le pardonner ?
Il fixa avec horreur et remords le corps de l'homme qu'il venait d'ôter à ce monde, se demandant si ce terrible prix en valait vraiment la peine. S'il n'avait pas ressenti de scrupules concernant la femme aux couteaux, cette fois c'était différent. Il avait une sensation de creux dans la poitrine, une boule inconfortable dans la gorge. Il ressentait l'envie de hurler. Et qu'est-ce qui l'attendait encore à présent ? Quels adversaires restaient-ils ? Quelles autres visions de cauchemars devrait-il affronter ?
Le garçon resta immobile de très longues secondes, assis dans l'eau boueuse. Personne ne venait plus à sa rencontre. Aucun bruit de pas ne troublait cette tranquillité morbide. Était-ce terminé ? Son regard absent demeura posé sur le corps inerte de sa victime. Il paraissait paisible à présent, loin de ce qu'il avait vécu, loin de cette détresse atroce et insupportable qui poussait un père bienveillant à devenir un tueur.
Solas décida de fuir cette image, de fuir cette culpabilité. Il n'avait pas voulu ça. Il se redressa tant bien que mal et prit la direction de l'entrée de la zone d'épreuve, une main pressée sur le flanc : 'Kiran…' Oui, c'était pour lui. Pour lui qu'il avait enduré autant. Grâce à ça, son ami pourrait vivre. Cela en valait la peine. Il devait absolument s'en convaincre.
Abrité de la fine averse sous un parasol tenu par un assistant, l'annonceur fut le premier à être visible. Toujours en tenue d'apparat, il s'avança parallèlement puis s'arrêta à quelques pas pour l'observer. D'un geste cérémonial, il déplia alors un rouleau en face de lui. Le papier crissa doucement sous les gouttes d'eau, et sa voix s'éleva, solennelle : "Solas."
Encore loin pour discerner quelque chose, ce dernier s'approcha davantage, les sens en alertes. Il se tenait résolument sur ses pieds, soutenu par son obstination. Et lorsqu'il fut suffisamment proche, il put lire son nom sur le parchemin. Juste son nom. Il releva alors les yeux sur l'annonceur, incertain.
"Il ne reste que toi." clarifia l'homme.
Il se passa de longues secondes durant lesquelles Solas ne parvenait pas à réaliser ce qu'on lui annonçait. Il regarda autour de lui, cherchant vainement d'autres concurrents, s'attendant presque à une nouvelle apparition. Mais il n'y avait plus rien. Juste lui et des corps étendus dans la boue, soulignant la violence absurde de cette journée. Il cligna des yeux, encore figé dans l'instant.
"Tu es le gagnant de l'ascension."
Le souffle du jeune mage s'arrêta brusquement, et son cœur manqua un battement.
"Aujourd'hui, tu deviens officiellement le nouvel Archimage, détenteur d'Équinoxe et protecteur du royaume…"
Prochainement : Kiran
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