Chapitre 5.

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Je ne sais pas pourquoi, mais voir le prince aussi affligé me met dans tous mes états. J'ai envie de le prendre dans mes bras, de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour le consoler... Je sais ce que vous vous dites, je devrais être jalouse de cette mystérieuse Colombe. Étrangement, je ne la déteste pas.

Je déteste seulement la manière dont la regarde mon prince. D'ordinaire, Henri est plutôt est homme peu disposé aux émotions. D'ailleurs, à ce que j'ai compris, c'est son père qui l'a obligée à organiser ce bal pour lui trouver une femme. Il fait passer son devoir avant les sentiments. C'est aussi cela qui fera de lui un merveilleux bon roi. Seulement, je pensais être celle qui le ferait changer. Apparemment le destin en a décidé autrement... Je sais que je ne peux rien y faire, mais une boule de s monte à ma gorge. Est-ce ma faute ? Je sais très bien que je ne suis pas une sainte, j'ai fait des choses que je regrette. Et malgré cela, je recommence, encore et encore. Peut-être que je ne mérite pas l'amour après tout... Je ne suis pas une princesse, moi.

-Anastasie ! Tu es là, je te cherche partout.

Ma sœur est venue me chercher. Je lui réponds d'un regard las. Je n'ai pas envie de lui raconter ce qu'il se passe, ni lui parler de quoi que ce soit en fait. Javotte et moi avons toujours été proches, mais nous nous disputons souvent. Cela creuse une sorte de fossé entre nous.

-Allez, je sais que tu es jalouse de cette fille ! S'exclame Javotte en fronçant les sourcils. Ce n'est pas une raison pour ne pas t'amuser, Mère nous grondera bien assez demain.

Je sais qu'elle a raison. Nous aurons à subir les représailles de Cécilia pour avoir laissé une autre nous voler notre place de reine. Elle n'osera pas en public, mais demain les mots jailliront... Autant profiter de la fête.
Je me lève avec effort et pousse un soupir.

-Bon, qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? Je demande à ma sœur, légèrement irritée.

Javotte m'accorde un sourire qui découvre toutes ses dents. Elle aurait pu les brosser avant de venir.

-Et si on commençait par nous goinfrer ?

Je m'esclaffe.

-Bonne idée !

Javotte me prend la main et me sort de ce long couloir sombre. Malgré nos disputes, je me rends compte qu'elle a toujours été là pour moi, et je ne sais pas ce que j'aurai fait sans elle. Nos robes colorées volent au vent tandis ce que nous courons vers la salle de réception.

***

-Que penses-tu de celui-là ? Me demande Javotte en engouffrant une chouquette.

J'observe le jeune homme qu'elle me montre. Assez trapu, les yeux clairs...

-Hum... Je préfère les bruns.

-Ah oui ? Moi, j'ai toujours eu un faible pour les blonds.

Ma sœur fait une pause puis reprend d'un air naïf.

-D'ailleurs, Jacob est blond.

Je ne peux retenir un rire innocent. Javotte et Jacob vont merveilleusement bien ensemble. Je me promets intérieurement de faire tout mon possible pour que ma sœur puisse continuer à fréquenter l'homme que désire son cœur, malgré l'interdiction de notre mère. Si seulement celui que désire le mien pouvait m'aimer autant que Jacob aime Javotte. Mon rire se teinte d'amertume. Je me reprends et affiche un sourire léger.

La soirée se déroule très bien, je danse avec plusieurs garçons en essayant de ne pas trop montrer d'ennui.

À un moment donné, ma sœur et moi discutons avec deux jeunes hommes nommés Louis et Foucault en sirotant des cocktails. Ils sont assez intéressants, et parler avec eux n'a rien d'ennuyant. Foucault a même un certain charme.

-Javotte, Anastasie, nous coupe soudainement un ton froid.

Je sursaute et me retrouve face à Dame Cécilia.

-Veuillez nous excuser Messieurs, mais mes filles et moi nous en allons.

-Voyons Madame, la soirée ne fait que commencer, s'exclame Foucault avec un sourire charmeur, croyant bien faire.

Mère le fixe hautainement.

-Qui est ce jeune impertinent ? Demande elle en détournant le regard vers moi.

Mère, il entend... Je suis terriblement gêné.

-Je m'appelle Foucault de Roche Bleu, et voici Louis de Simolfon! Répond fièrement le jeune homme.

-Ça m'est égal, mon cher. Nous partons.

Mère se dirige vers la sortie et nous n'avons d'autres choix que de la suivre en lançant un regard désolé aux deux jeunes hommes.

Comme à l'aller, le trajet se déroule en silence. La tension est palpable dans l'air. Seuls les cahots du carrosse résonnent à nos oreilles. Mère pince les lèvres, comme pour retenir ses mots.

-Vous n'aviez qu'une chose à faire, dit Cécilia d'un air réellement déçu.

Je sais pertinemment que sa remarque s'adresse surtout à moi. C'était en moi qu'elle plaçait ses espoirs, moi qui l'ai déçu. Je baisse les yeux. Je ne pourrais pas supporter son regard désespéré. Ce n'était pourtant pas compliqué... Cette Colombe a juste eu à entrer dans la salle pour séduire Henri.

-Anastasie, reprends froidement Mère. Regarde-moi quand je te parle.

Je lève les yeux avec difficulté. Elle me fixe longuement, et ce que je lis dans son regard me donne envie de pleurer.

- Je te l'avais pourtant dit... Ce prince était à toi. Pourquoi t'obstines-tu à tout gâcher ?

Je me le demande aussi. Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond...

-Tu devais nous faire honneur...

Je le sais.

-Redorer le nom de notre famille. Tu sais très bien ce qu'on dit de nous ici.

Je sais, Mère, je sais !

Est-ce ma faute si on raconte que Dame Cécilia avait prévu la mort de Mr. De Serene, le père de Cendrillon ? Ma sœur Javotte et moi avons toujours balayé d'un geste de main les accusations des villageois. Cécilia est notre mère, elle ne pouvait pas avoir fait cela. Mr De Serene n'était simplement jamais revenu de son voyage, laissant une énorme somme d'argent aux mains de ma mère.

Et pourtant, à ce moment-là, quand je regarde Dame Cécilia... Je m'interroge pour la première fois. Cette lueur dans son regard me terrifie. Et si elle était réellement capable de tout pour ses propres intérêts ? Finalement, cela ne me surprend pas. Ça confirme juste ce que je pensais : Fille d'un monstre, je ne pourrais jamais trouver quelqu'un qui m'aime. Simplement car je ne le mérite pas.

Mère soupire et le silence n'est plus interrompu du trajet.

***

-Tu l'aurais vu ! s'exclame Javotte. Elle resplendissait dans sa robe. Je me demande combien elle lui a couté, et où on pourrait en trouver une semblable !

Ma sœur et moi avions entrepris de raconter la soirée en détail à Cendrillon, pendant que celle-ci passait le balai dans l'entrée. Je souris intérieurement, sachant parfaitement que la jeune fille rêvait de s'y rendre.

-À mon avis, ce genre de robe est unique, murmure Cendrillon d'un air rêveur en faisant tournoyer son balai.

Je ne peux retenir une grimace d'exaspération. Cette fille est ridicule ! Qu'en sait-elle ? Elle ne l'a même pas vu !

-Parce que tu y étais peut être ? je me moque.

Cendrillon baisse les yeux. J'ai comme l'impression qu'elle retient un sourire. Je suis sur le point de lui faire remarquer qu'elle ne devrait pas faire la maligne, sachant qu'elle n'a toujours pas fini de nettoyer l'entrée, mais la sonnerie me devance.

Dring !!!

Mère va ouvrir, avec une moue despérée qui doit surement signifier qu'elle n'avait pas fini son café.

-C'est pourquoi ? s'enchérit-elle sèchement auprès du messager sur qui la porte s'est ouverte.

-Je viens de la part du Prince Henri, et...

-Harg, Le prince Henri ?! S'étrangle Mère en se reprenant et affichent son sourire le plus radieux. Que nous vaux cet honneur ?

-Lors de son bal, le prince s'est entiché d'une jeune fille nommée Colombe, répond l'homme Celle-ci a disparu aux milieux de la soirée, Henri est désespéré, il a tout mis en place pour la retrouver. Étrangement, aucune jeune fille rescencées entre 17 et 20 ans ne porte le nom de Colombe. Heureusement, elle a perdu une de ses chaussures dans sa fuite. Ses pieds sont si menus ! Le prince a promis d'épouser la premiére jeune fille qui réussira à l'enfiler. Seule la mystérieuse demoiselle pourra rentrer son pied dans la pantoufle de vair...

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