Nouveau Monde

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Résumé des chapitres précédents : Juan, Miguel, Franck, Julie et Marie ont émergé dans un monde inconnu dont les jours sont bercés de deux soleils. Par un concours de circonstances obscur, Julie a appris la langue locale. Le groupe s'est fait par la suite capturer par des soldats chevauchant des griffons, qui les ont emprisonnés dans une forteresse à flanc de montagne. Tandis que leur ravisseur a tenté de les faire disparaître, ils ont été sauvés par un inconnu appelé Sayur, d'un peuple venant de l'Est lointain. Les voici arrivés à la cité de Vertval, à la demeure de la famille De Grandvaux (Obianne et Barnabas), chez qui Sayur devait les amener. Ils y découvrent des domestiques centaures, rencontrent le doyen des mages Palil d'Adk, et se voient donner à tous la compréhension de la langue locale.

Ce fut leur meilleure nuit depuis des mois. Le confort de la literie, sublimé par le sentiment de sécurité leur avait permis à tous de profiter d'un sommeil réparateur. Au réveil, les domestiques leur apportèrent à chacun un déjeuner salé, aussi délicieux qu'exotique. Une sorte d'omelette accompagnée de viande séchée, une galette de céréales inconnues et un verre de jus de fruit difficile à identifier, entre la douceur de l'abricot et le granité de la poire.

Le fils du maître des lieux vint tour à tour les chercher, et les réunit autour d'une table ovale dans une salle qui pouvait accueillir au moins vingt convives. Palil les salua chaleureusement au fur et à mesure de leur arrivée. Barnabas s'installa le dernier à la présidence en jetant un coup d’œil circulaire satisfait à son public. Les centaures fermèrent les portes sur le groupe. La réunion prenait une tournure très officielle.

  • Vous m'avez l'air en bien meilleure forme qu'hier, cela fait plaisir à voir.
  • Merci beaucoup pour votre accueil, seigneur de Grandvaux, commença Marie, nous ne savons pas comment vous remercier.
  • Je ne vous permets pas mademoiselle. Ne faites pas tant de manières, j'ai l'impression d'être déjà croulant. Appelez moi Barnabas tout court, sinon je vais me vexer.

Voyant l'expression de Marie passer de l'inquiétude d'avoir commis un impair au soulagement, il fut satisfait de son effet. Derrière le maître des lieux pendait une tenture aux couleurs verte et blanche de la seigneurie.

  • Bien, je ne vais pas tourner autour du pot. Je ne vous ai pas seulement réunis pour le plaisir. Vous êtes des étrangers sur les terres de l'Empire. Si je ne suis guère en accord avec les méthodes de Gidas, je comprends ce qui l'a motivé à vous questionner. J'ai malgré tout commandité votre sauvetage et vous m'êtes aujourd'hui redevables. J'attends donc de vous des réponses honnêtes, car la traîtrise n'a pas de place sous mon toit. Commençons par une question simple : pourquoi êtes-vous venus en Ulria ?
  • Nous sommes arrivés par accident, commença Franck, en toute honnêteté nous ne savions même pas que votre monde existait.
  • Monde ? Qu'entendez-vous par là ?

Ils racontèrent leur épopée, de la mine à la grotte, puis du désert à la forteresse. Barnabas et Palil écoutèrent leur récit sans les interrompre.

  • Votre histoire est folle, et vous l'êtes peut-être aussi. La seule chose qui m'importe finalement est votre dessein, dit Barnabas. Votre peuple a-t-il l'intention de porter atteinte à l'Empire ?
  • Remettons les choses dans leur contexte, monsieur Barnabas, pardon : Barnabas se reprit Marie, le reste de notre peuple, comme vous l'appelez, n'a même pas connaissance de cet empire. Ils n'ont probablement aucune idée de ce qui nous est arrivé. Nous n'avions comme seule préoccupation que de rentrer chez nous
  • Nous avons, Marie, nous avons toujours l'intention de rentrer chez nous, s'insurgea Juan. J'ai une famille qui m'attend chez moi, et j'ai bien l'intention de la retrouver
  • Tu as vu l'état dans lequel était la porte, Juan, dit Franck. Nos chances de rentrer s'amenuisent à chaque jour qui passe.
  • Il y a plusieurs mois que nous ne sommes pas retourné là-bas, et je compte bien y aller dès que possible, réagit vivement Juan
  • Silence ! coupa Barnabas d'un ton autoritaire sans méchanceté. Je suis prêt à croire que vous cinq n'avez pas personnellement d'intention hostile, surtout après ce que vous avez traversé. Palil m'a conforté dans cette conviction après avoir parcouru vos esprits. En revanche je n'ai aucune raison d'avoir confiance en votre peuple, et je me dois de sécuriser le passage entre nos royaumes.
  • Pourquoi n'avons nous jamais eu vent de cette porte, Barnabas ? s'interrogeait Palil.
  • Le Désert de Cristal est le terrain de jeu des nocturnes à ce qu'on dit, personne n'y survit, répondit Barnabas.
  • Ce n'est pas la première fois que j'entends ce mot, dit Julie. Les soldats de la forteresse invoquaient aussi auprès des villageois leur protection contre les nocturnes. De quoi s'agit-il ?
  • Je n'en ai jamais vu personnellement, dit Barnabas, j'ai seulement entendu les histoires.
  • Il se dit que les nocturnes parcourent le Désert de Cristal dès que le soleil blanc disparaît, et qu'ils s'attaquent à tous les êtres vivants qui s'y aventurent, compléta Palil. Très peu en sont revenus pour le raconter, et ceux là ont seulement fait état d'une rage sanguinaire impossible à raisonner, de crocs et de griffes. On est presque de l'ordre de la superstition, bien que je n'aie pas eu la possibilité de le vérifier par moi-même.
  • Nous n'avons rien vu ou entendu de particulièrement inquiétant lors de notre marche dans le Désert, dit Miguel, est-ce que ces créatures ne seraient pas juste des légendes ?
  • Légendes ou pas, vous ferez bien ce que vous voulez, moi j'irai à la porte dès que possible, grogna Juan en croisant les bras et s'enfonçant dans son siège
  • Merci, personnellement, j'ai donné, dit Julie. Je n'ai pas envie de finir cuite.

Chacun y alla de son propre avis, un brouhaha tendu commençait à emplir la salle. Barnabas frappa trois fois du poing pour ramener le calme.

  • Si je résume -il marqua une pause le temps que tous l'écoutent, il y a une porte quelque part qui mène de votre monde au nôtre, sans surveillance, et probablement inondée. Vous m'assurez que vos intentions ne sont pas hostiles, et je suis prêt à vous croire. Toutefois, personnellement je ne serai rassuré que lorsque nous aurons sécurisé ou détruit pour de bon ce passage. Malheureusement la décision ne m'appartient pas. L'Empereur Isdar est en chemin, il sera à Vertval dans une semaine. D'ici là, vous êtes mes invités. La seule règle que je vous impose est de ne pas sortir en public. Votre présence doit rester discrète pour le moment.

Les cinq échangèrent des regards incrédules, l'Empereur de ce monde inconnu venait à leur rencontre en personne.

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