Comfortably Numb

3 minutes de lecture

NOTE DE L'AUTEUR :

Je reviens avec ce texte écrit durant mon été après une grande période "Pink Floyd".

Je tiens à préciser que ce texte n'est pas accessible à tous dans son entierté puisqu'il regorge de références, de clins d'oeil et de sous-entendus liés à Pink Floyd, A leur album "The Wall" et plus particulièrement à Another Bricks in the Wall et Comfortably Numb mais aussi au club des 27 notamment.

Je ne parlerai pas plus longtemps, bonne lecture aux aventureux ; )

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C'était l’été. 2009. Bad Romance de Lady Gaga faisait fureur à la radio.

Nous on n’écoutait pas ça.

Jérémy avait amené son enceinte et comme il avait récemment découvert Pink Floyd, Another Bricks in the Wall résonnait dans nos oreilles.

Moi je ne l’aimais pas celle-là. Enfin si, je l’aimais. Mais pas là, pas ici, pas maintenant.

Les vagues semblaient prendre leur élan pour aller mouiller le sable encore sec, trop loin de la rive. Le soleil disparaissait lentement à l’horizon et son reflet sur la surface ondulée de la mer était distordu. Autour de moi, les garçons avaient la langue pétillante de bière et les lèvres grises d’avoir trop fumé. La clope tournait entre nous et nos mains en avaient aussi l’odeur. De la cigarette.

Moi je n’aimais pas ça. Mais j’aimais fumer. Ça me donnais l’impression d’être un de ces rockeurs torturés qui laissaient tomber des cendres encore chaudes sur les cordes de leurs guitares.

J’aimerais être Kurt Cobain. Parfois.

Mais pas trop longtemps. Je ne veux pas mourir à 27 ans. Pourtant, si je devais casser ma pipe à 28 ans, ça ne me dérangerait pas plus que ça. Juste pour me dire que j’aurais vécu plus longtemps. J’ai un poster de lui dans ma chambre. Il était à mon père. Même lui, le Kurt du poster, il aura eu une vie plus longue.

Mais plus plate.

Finalement, peut-être que Kurt était comme une cigarette. De celles qu’on fume au bord d’une fenêtre une nuit d’été. On se dit que c'est la dernière, qu’il faut arrêter et elle devient subitement la meilleure de la journée. Et puis, sans qu’on ne s’en aperçoive vraiment, elle brûle, se consume puis disparait. Sauf que cette cigarette-là, on s’en rappelle. Elle n’est et ne sera jamais comme les autres, fumées trop vite et écrasées avant même qu’elles ne soient finies.

Quand je pense à toutes ces cigarettes, celles qu’on n’oublie pas ; je pense aussi à tous ces artistes, ceux qu’on n’oublie pas non plus. Et je me dis que j’aimerais bien les rencontrer. Kurt et tous les autres.

Pas pour discuter, non. Je ne saurais pas quoi leur dire. Je voudrais juste les regarder. Les regarder et leur montrer comme tout ce qu’ils ont fait, ce pourquoi ils ont vécu est encore intact, que des dizaines d’années plus tard, les gens y pensent encore.

Finalement.

En pensant à tout ça, je regardais Victor assis à côté de moi. Il jouait de la guitare par-dessus la musique et je me demandais si lui aussi il deviendra une légende du rock. Si lui aussi il mourra à 27 ans d’une overdose ou d’un accident.

Alors voilà. C'est tout. On était juste là, à fumer, boire et penser. Regarder la mer, et le soleil. Aussi. Enfin ce qu’il restait de soleil.

Mes mains étaient enfoncées dans le sable, les gars ne parlaient pas. Il y avait juste Roger Waters qui nous criait de nous révolter contre les règles, la pression et le conformisme.

We don’t need no education

We don’t need no thought control

Mais là, à cet instant précis, je n’aimais pas cette chanson.

Parce qu’aucun de nous n’avait pas envie de crier ou de s’insurger. À ce moment, on était juste contents. Contents de n’être qu’une brique de plus dans le mur.

Non, là on était seulement engourdis.

Confortablement engourdis. Là est la différence.

Je clignai des yeux.

J’attrapai le téléphone.

Je fis glisser les titres.

La musique changea.

Et enfin, je m’allongeai. Paisible.

Hello ?

Is there anybody in there ?

Just nod if you can hear me.

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