La porte de derrière

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Je sentis ses lèvres sèches s’écraser contre les miennes. Sa main abandonna ma mâchoire pour glisser sous mon t-shirt et pétrir mes seins. J’émis un petit cri lorsqu’il pinça mon téton, aussitôt étouffé par sa langue, qui prenait possession de moi.

— Tu m’appartiens, Lola, murmura-t-il, la voix rauque de désir. Dis-le.

D’un geste, il m’arracha ma culotte. J’avais les fesses à l’air.

Il avait lâché ma bouche. Jetant un coup d’œil discret, je le vis mouiller deux de ses doigts de sa propre salive. Je poussai un nouveau gémissement lorsqu’il les introduisit dans mon vagin, comme ça, sans préambule. Il avait regardé trop de hentai... ou alors, c’était la façon de faire officielle, ici.

— Dis-le, Lola.

Mon ventre ondulait sous ses caresses, alors que j’essayais de fuir les mouvements rythmiques et durs qu’il imposait à mon orifice. Fuir, ou accompagner ? Son pouce frottait lascivement l’intervalle entre mes petites lèvres, juste sous le clitoris. Je voulais qu’il le touche, mais il ne le faisait pas. À dessein.

— Dis-le, répéta-t-il.

— Oui... soufflai-je. Je t’appartiens, Hide.

Je l’entendis pousser un petit grognement approbateur. Il me montra sa satisfaction par un baiser sonore dans mon cou — accompagné d’un pincement de dents, ou bien avais-je rêvé ? —, puis s’éloigna pour trafiquer je ne savais quoi dans le noir. Je sentis sa main glisser sur mes poignets, les maintenir en haut de ma tête, les lier. Le coton glissa sur ma peau : c’était la cordelette de sa veste de travail.

La lumière, qu’il avait rallumée, éclaira la scène. Il s’était redressé, et avait viré son caleçon. Haletante, je laissai mes yeux descendre sur sa vibrante érection.

— Est-ce que tu vas...

— Oui, fit-il en me montrant le petit carré brillant du préservatif.

Il l’ouvrit et le déballa, puis le déroula lentement sur sa verge, tout ça sans me quitter des yeux. Je fermai les miens lorsqu’il écarta mes cuisses, puis s’enfonça dans ma fente humide et ouverte, qui n’attendait que ça.

Je m’abandonnai à son rythme, de plus en plus soutenu. À ma grande honte, je lui criai qu’il me faisait mal, tout ça sans cesser de l’enserrer dans la gaine à vif de ma chair. Lorsqu’il me retourna d’un geste, aussi habile qu’un judoka, pour m’attacher cette fois les mains dans le dos puis me coller une serviette dans la bouche, je me laissai faire sans moufter. Même lorsque, la joue écrasée contre le matelas, je le vis ôter le préservatif pour en mettre un autre, et enduire copieusement son membre de lubrifiant.

Encore un truc humiliant. Et au lieu de lui dire d’arrêter, j’enfouis mon visage dans l’oreiller, impatiente de le sentir à nouveau en moi.

Il ricana en m’entendant gémir sous l’étrange pression de ses doigts dans mon anus.

— Première fois ?

J’acquiesçai.

— Tant mieux. Je voulais être le premier quelque part. Ouvre les genoux et détends-toi.

Je le sentis caler un coussin sous mon ventre et replier mes cuisses en grenouille. La position n’était pas des plus confortables, avec les mains liées dans le dos, mais j’avais bien compris que c’était la contrainte qui l’excitait. Et bizarrement, cela me faisait le même effet.

Je poussai néanmoins un long râle lorsqu’il m’empala. La sensation d’être montée sur un pieu, c’était tout à fait ce que je ressentais. Après quelques pénétrations lentes et profondes, il saisit mes hanches et accéléra. De nouveau, je fus tiraillée entre la douleur et la jouissance, d’autant plus qu’il avait glissé une main entre mes cuisses, pour me donner ce qu’il m’avait refusé quelques instants plus tôt. Je me sentis partir. La sueur — ou les larmes ? — coulait sur mes joues, heureusement non maquillées. Puis l’orgasme explosa, humidifiant mes cuisses, et la main de Hide. Je restai là un moment, affalée, dévastée, à chercher son souffle et tenter de retenir les dernières vagues de plaisir.

Hide se retira.

— Beau tatouage, me complimenta-t-il en passant une main caressante sur mon dos.

Il me donna une nouvelle petite tape sur les fesses, plus gentille, cette fois. Puis il libéra mes poignets, me tendit une boite de mouchoirs et alluma une cigarette, qu’il me tendit aussi. Je tirai une taffe libératrice avec lui, assise à poil sur le futon en désordre.

— Faudra ranger avant que les moines ne voient ce massacre, murmurai-je, un peu honteuse.

— Oh, ils en ont vu d’autres. Ce ne sont pas des petits angelots, ces moines. Je peux te dire que la porte de derrière, ils connaissent bien !

J’aurais dû rougir comme une tomate — après tout, j’avais laissé Hide m’enculer, bâillonnée et attachée — mais à la place de l’embarras, je me sentis gagnée par l’hilarité. Je me mis à rire avec lui, à l’idée de ce que faisaient les moines la nuit dans leurs logis.

— J’ai faim, pas toi ? finit par demander Hide.

— Si, lui avouai-je.

La soupe aux racines de montagne et le tôfu crémeux aux légumes marinés, aussi délicieux soient-ils, ne m’avaient pas vraiment rempli le ventre. Et après cette séance intense de sport en chambre...

— Je connais un bon tenya en bas, proposa Hide en écrasant sa cigarette dans son cendrier portatif. Ils font d’excellents beignets de crevette et ferment à minuit.

Je jetai un coup d’œil à sa grosse montre, qu’il portait toujours au poignet. Il n’était que dix heures moins le quart.

— Tu crois que le funiculaire marche encore ?

— Le funiculaire ? Non. Mais Masa m’a laissé une voiture.

— On a le droit de sortir du temple la nuit ? m’enquis-je avant de me rendre compte de ce que ma question avait d’absurde.

Bien sûr. Un yakuza avait tous les droits.

Hide se contenta d’ailleurs de me sourire.

— Allez, on y va. On mange et on revient ici.

Le rouge me monta aux joues. Je savais très bien à quoi il pensait. Normal, puisque je pensais comme lui. Nous avions toute la nuit devant nous.

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