Moutons (I)
Un tambour résonne dans l'obscurité
 À chaque coup se forme un nuage
 Qui s'efface avant la prochaine salve
Boum... 
 Flou
 Boumboum... 
 Doublé
 Boumboumboum...
 Flotte
 Boumboumboumboum... 
 Un chiffre
 Boumboumboumboumboum...
 Familier...
À partir de six ou sept, la brume éphemère se précise
 Et les huit coups forment le huit
 Puis le neuf, le dix,
 Le onze, le douze, le treize et la tour de chiffres s'élève !
Un rythme lent prend ses aises
 À chaque coup, un nombre se dresse,
 Et sous le poussoir que je presse,
 À chaque coup le vide s'étend.
Étages s'empilent, j'atteins le cent
 Cent! Cent symboles cotonneux
 Entre moi, mon bouton, et le sol?
 Un vertige me prends à cette idée,
 Et je cède à l'envie de regarder.
Mes yeux descendent lentement
 En un compte à rebours
 Qui, doucement
 Glisse vers le bas de la tour.
Au loin je vois une ville
 Le motif de ses innombrables allées,
 Et des champs de béton gris
 S'étalent sous mes pieds.
Remontant vers l'horizon
 Sans une once de verdure
 J'admire la cité qui se fond
 Et disparaît dans les monts bleus.
Face à moi, la montagne démesurée
 M'oppresse de son immensité
 Puis, doucement, elle commence à gonfler
 Pour combler le ciel délavé.
L'ombre se propage sur la vallée
 Alors que le pic se courbe tant il  grandit;
 Surplombée par les hauteurs enneigées
 La ville se retourne dans ses plis 
Je perçois le rocher
 Qui se colle à mon visage
 Me plaque contre la tour 
 En toute quiétude m'écrase
 Contre le sol aplati
Enfin le monde se teint de bleu
 Du bleu lointain des monts en vain
Ainsi, une fois le rouleau passé
 Tout est plat et morne
 Seule une tour de chiffre s'élance
 S'enfuit de ce monde en 2D... 
~ Koh

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