Des mille et une façons de quitter la Moldavie (Vladimir Lortchenkov)
Quand la rédactrice en chef m'a annoncé la destination de mon prochain reportage, je trépignais.
Je rêvais des steppes de Mongolie. J'atteris ici, en Moldavie. Les premières et les dernières lettres sont les seules choses en commun qu'ont ces pays.
Cette expédition était prévue pour durer deux semaines. Finalement, cela fait six mois que je vis ici.
Vivre, ou survivre? Je m'habitue au fatalisme ambiant. A cette population qui ne rêve que d'une chose : fuir. Rejoindre l'italdorado. L'agriculture se débrouille avec ces terres au rendement très relatif. Ici, on remplace les rêves par un sommeil de plomb que berce l'alcool.
Ici, on découvre des métiers perdus.
C'est curieux. Ma première impression a été un sentiment de dégoût. Un pays repoussant, inhospitalier.
Peu à peu, j'ai ouvert mes oeillères. Pris le temps d'écouter, au lieu d'entendre.
De jauger, plutôt que juger.
Cette population est attendrissante. Les ressources économiques sont limitées - je suis le deuxième touriste en cinq ans, dans ce village. Le luxe s'imagine de loin, on pare au confort minimal.
Un mini-mal, plutôt qu'un moindre mal. C'est ce que j'ai décidé de vivre.
Pourtant, ce mal n'en est que moindre, quand on s'ouvre à l'essentiel.
Ici, je cherche toujours après le superficiel, car les relations sont véritables.
Les paysans te fixent avec rudesse, et l'éclat passe le rideau après quelques secondes. on devient vite ami. On s'entraide à tout va.
Finalement, et c'est dur à dire, ... mais je me plais bien, ici.
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