Tout a commencé un jour d'été, pendant les grandes vacances. Nous étions au mois de juillet, et il faisait une magnifique journée ensoleillée. Je venais de rentrer de la plage avec Raïssa, ma sœur jumelle, et Delilah, notre meilleure amie, quand Mme Leroux, notre professeur de maths, a appelé. Maman m'avait passée le téléphone en disant :

- Tiens, c'est ta prof de maths.

J'étais un peu étonnée que un de nos professeurs nous appelle alors que nous étions en été. J'ai néanmoins pris le combiné.

- Allô ? Madame Leroux ?

- C'est bien toi, Aminata ?

- Oui.

- Ah...! Je voulais vous dire quelque chose d'important, toi, ta sœur et votre amie Delilah.

Il y a eu un bref silence, puis Mme Leroux a repris :

- Les résultats de votre brevet viennent d'être annoncés. Je ne sais pas si vous les avez vus.

- Ah oui, c'est vrai ! Non, nous ne les avons pas vus.

- Eh bien, malheureusement, vous avez eu un mauvaise note. Vous ne pourrez pas entrer au lycée l'année prochaine.

Cette phrase m'a fait l'effet d'un poignard qu'on enfonce dans mon cœur. Je ne pouvais pas passer au lycée ! Et Raïssa et Delilah non plus ! Nous allions devoir repasser une année de troisième ! Notre père allait être furieux contre nous, Raïssa et moi...

Voyant mon visage défait, Raïssa et Delilah m'ont interrogée du regard.

- Cependant... j'ai une alternative pour vous permettre d'entrer au lycée sans ce brevet.

Ah...!

- Laquelle ? ai-je demandé.

- Celle de surmonter les épreuves que je vais vous proposer.

- Quelles épreuves ?

- Venez demain, au bureau du directeur. Le collège sera ouvert exceptionnellement. Je vous expliquerai tout ça en détails.

- Mais...vous ne pouvez pas m'expliquer juste un peu en quoi consiste ces épreuves ?

- Je préfère vous l'expliquer calmement et clairement au collège. Demain à 14 heures, ça vous va ?

- Euh...oui, d'accord, nous y serons.

- À demain, alors, Aminata.

- À demain madame Leroux.

J'ai raccroché.

- Alors ? m'a demandé Raïssa. Que te disait madame Leroux ?

***

Le lendemain, à 14 heures donc, nous nous sommes rendues au collège, Raïssa, Delilah et moi. Il faisait un magnifique soleil et le ciel était d'un bleu d'azur.

Mme Leroux nous attendait, comme convenu, dans le bureau du directeur. Elle nous a adressé un large sourire lorsqu'elle nous a vues.

- Bonjour les filles !

- Bonjour madame Leroux.

- Asseyez-vous ici, je vous prie, nous a-elle dit en désignant trois chaises en face du bureau.

Nous avons donc pris place en face d'elle, sur les chaises.

- Alors, quelles sont donc ces épreuves ? a demandé Delilah, impatiente.

J'ai souri intérieurement.

- Attends donc, je vais t'expliquer tout cela pas à pas, a répliqué Mme Leroux en souriant.

Mme Leroux détestait expliquer les choses à la va-vite.

- Donc, j'ai dit à Aminata hier au téléphone que vous aviez raté votre brevet.

- J'imagine donc que vous allez nous le refaire passer, a dit Delilah.

- Pas du tout. Au contraire. Je vais vous faire passer d'autres sortes d'épreuves.

Je sentais que Delilah bouillonnait intérieurement. Elle n'aimait pas que les gens ne disent pas de suite ce qu'ils avaient à dire, qu'ils laissent durer le suspense comme le faisait en ce moment même Mme Leroux. Delilah est une fille très impatiente.

- Vous allez donc atterrir sur une île déserte, et vous allez devoir surmonter les épreuves qui se présenteront à vous.

- Comment ?!

Delilah et Raïssa étaient toutes aussi choquées que moi. Avions-nous bien compris ce qu'avait dit Mme Leroux ?

- Qu'avez-vous dit ? s'est écriée Raïssa. Vous allez nous envoyer sur une île déserte ?

- Parfaitement, a répondu Mme Leroux. Je me suis dit que cela vous permettrait d'entrer au lycée sans ce brevet.

- Super, s'est exclamée Delilah. Après réflexion, cela pourrait être amusant. À condition que cela ne soit pas dangereux.

Super ? Je ne voyais ce que Delilah trouvait de super là-dedans. Et je crois que Raïssa non plus.

- Euh...a bafouillé Raïssa. Ce n'est pas dangereux ?

- Vous n'avez pas compris, m'a coupé Mme Leroux. Vous allez atterrir dans un manoir sur une île. Dans un tout autre monde. Et, vous aurez plusieurs portes pour vous échapper de ce manoir. À chaque étage, il y aura trois portes, trois choix qui se présenteront à vous. À vous de choisir le bon. Si vous faites les bons choix, vous pourrez sortir du manoir. Si vous faites les mauvais choix, vous mourrez.

- Comme un escape game ? a demandé Delilah.

- Exactement.

- Mais si on perd, on meurt vraiment ? ai-je demandé en chevrotant.

- Oui, a répondu Mme Leroux. N'oubliez pas : vous serez dans un autre monde que le vôtre. Et puis, vous aurez soixante minutes pour quitter le manoir. Pas une seconde de plus.

Elle a marqué une pause.

- Voilà. Soit vous acceptez de surmonter ces épreuves, soit vous repassez une année de troisième.

- J'accepte, a répondu Delilah.

Puis, elle nous a lancé un regard interrogateur, à Raïssa et moi. Il signifiait : "Vous voulez bien accepter, vous aussi, n'est-ce pas ?"

J'ai lancé un regard à Raïssa. Je ne voulais pas trop tenter cette aventure qui pouvait se terminer en mésaventure.

Delilah avait toujours rêvé d'être à la place des personnages de ses romans d'aventure. Ainsi, c'était l'occasion rêvée. C'était maintenant ou jamais. Mais je dois dire que parfois, Delilah ne mesurait pas l'ampleur du danger. Comme la majorité des filles ( même moi je suis pareil, parfois, je l'avoue), elle posait un acte et réfléchissait après. Ce qui lui causait souvent de gros problèmes.

Mais en voyant Delilah me lancer un regard suppliant, je n'ai pas pu refuser et je crois que Raïssa non plus.

Ma jumelle m'a lancé un regard interrogateur. J'ai haussé les épaules et hoché la tête.

- Bon, d'accord, on accepte, a dit Raïssa.

Après tout, peut-être que ce n'était pas si dangereux que ça. Et qu'on n'allait pas vraiment mourir. Cela m'étonnait. Ce n'est pas une question de vie ou de mort. Mme Leroux devait exagérer.

- Très bien, a dit Mme Leroux.

- Quand est-ce qu'on commence ? a demandé Raïssa.

- Pendant la nuit, vous serez transportées dans un autre monde. Vous vous réveillerez dans le manoir.

- D'accord.

- Vous êtes sûres de votre choix ?

- Oui, avons-nous répondu.

- D'accord. Eh bien, je vous souhaite bonne chance.

- Merci !

En sortant du collège, Raïssa m'a chuchoté :

- Je crois que finalement, on a bien fait d'accepter, cela pourrait être amusant.