Pour toujours vivre, croître et fleurir
Ut semper vivat, crescat et floreat
Lui
Aujourd’hui, je m’en vais.
J’ai pris le temps de faire le tour du jardin ; le printemps arrive et le voilà reverdit.
L’hiver est passé sur les longs chemins moroses de pluie.
Les bourbiers se sont éclairés, peu à peu, des impasses aux grands prés.
Et aujourd’hui, je m’en vais.
Elle
Qui marche dans mon jardin, silhouette grave et tassée ?
Je crois reconnaître cette vieille connaissance, mélancolique réminiscence du passé.
Un éclair parmi d’autres dans les ciels orageux de mon existence.
Des impasses aux grands prés, la lumière est retrouvée.
Qui marche dans mon jardin, silhouette grave et tassée ?
Lui
Aujourd’hui, je m’en vais.
Elle m’observe depuis le seuil ensoleillé de son quotidien, ancrée dans le calme.
Son jardin fleurit les fruits d’un océan de chagrins, et mûrit les heures plus douces de l'à venir.
Ah ! La belle âme est ridée comme un lac où, palmes moulinant sous la surface, cent cygnes se pavanent.
Son chemin bucolique s’ouvre sur un pré où le printemps est arrivé.
Et moi, aujourd’hui, je m’en vais.
Elle
Qui marchait dans mon jardin, au printemps venu ?
Le portail grince comme à l’accoutumée, et je salue un vieil ami qui prend congé.
Après l’ultime accolade : un sourire confiant, un geste de la main.
Je ne peux cacher mon contentement de le voir partir, et sachant le retrouver à l'avenir.
Qui marchait dans mon jardin, au printemps venu ?
Réponse
L’obscure parenthèse du changement dans une vie,
La solitude d’un hiver indicible niché dans la nécessité de grandir.
J’ai appris bravement à arpenter les longs chemins moroses de pluie,
Pour toujours vivre, croître et fleurir.
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