Cette fois-ci, c'était fini pour de bon. Ce n'est qu'en sortant de la salle d'audience que je réalisai enfin l'empleur de ce qui venait d'arriver. Je regardai ma montre, il était midi moins quart et je n'avais plus de mari.

Il pleuvait autant dehors que sur mes joues. Tout était enfin fini, comme si je venais de me réveiller d'un long et douloureux rêve.

Pour autant, toutes mes souffrances ne venaient pas de disparaître d'un seul coup. Cela aurait été trop simple. Quand on joue au jeu impitoyable de l'amour, que l'issue soit bonne ou mauvaise, c'est pour la vie, quoi qu'on en dise.

Les bleus avaient fini par partir mais les cicatrices étaient encore à vif. Je les sentais me brûler de partout sur mon corps et mon coeur. Tout était encore là, aussi douloureux que possible.

Le pire, c'étaient les souvenirs qui revenaient en avalanche. Cette affaire m'avait apprise une chose : pour sûr, l'amour rendait aveugle mais le divorce se chargeait de nous redonner la vue et c'était bien ça ce qui avait de plus terrible.

Tout le long du procès son regard n'avait fait que m'écorcher un peu plus ce qui restait de mon coeur. Les photos de mes bras marqués de la pire des cruauté dont un homme est capable m'avaient ramené à une brutale réalité : tout cela n'était pas un cauchemar ou une histoire délirante sortie de mon imagination.

Les coups, les insultes, les humiliations ; tout me revenait en plein dans la gueule à mesure que je m'éloignais du tribunal. Les réminiscences de nos débuts confirmaient cette rétrospective de l'enfer : les premières fois, les rires complices, les promesses, les calins et bien sûr le projet bébé.

Je repense alors à lui et son regard acerbe, à sa haine, sa cruauté et tous les crimes dont il a été capable. Alors je me mets à me demander si telle les larves de la rome antique, sera-t-il privé de repos dans sa mort, condamné à errer dans le monde, et tourmantant et maltraitant les hommes sans foi ni loi.