Hugues 4

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Providence et moi avions convenu que la seule chose à faire était de nous rendre à Richebourg, la capitale du Royaume du Popincourt et prévenir le roi Guillaume III de l'invasion Styrkienne.

Carrinville avait les moyens de tenir un siège, mais pour combien de temps. Une fois cela fait, je pourrais aller vendre mon bouclier de pierre de lune et récupérer une petite fortune, et je rentrerai chez moi à Merville, m'acquitter de la dette familiale.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas mis les pieds à Richebourg. C'était la plus grande ville du royaume, et son marché était connu dans tout le monde de Théia.

Je filais directement au Château demander une audience au Roi. Lorsque j'arrivais au niveau des portes, j'expliquais la situation à un des gardes. Il partit en courant en direction du château et revint quelques minutes plus tard.

– Le roi Guillaume et le général Bellefleur vous attendent.

Il me fit un signe de main l'invitant à le suivre. Je descendais de Providence, ordonna à un des autres hommes de l'emmener aux écuries et de la nourrir, puis suivis les pas du garde.

Le roi et le général m'attendaient dans la salle du trône. C'était la première fois que je rencontrais Guillaume III. Son père, Guillaume II, était mort l'année dernière, laissant un gamin d'une dizaine d'année au pouvoir. Il était chétif, presque maladif. Il se tenais au fond de son siège en baissant les yeux comme s'il ne voulait pas être là.

A côté de lui, Le général Bellefleur se tenait droit, le regard sûr. C'était un homme respecté du Royaume de Popincourt. Ses faits d'arme et ses prouesses militaires faisaient de lui un homme très influent. Il avait le regard sombre. Celui d'un homme qui s'attendait à de durs moments dans un futur proche. Il prit la parole en premier.

– Alors, Carrinville est assiégé.

– Oui général, les Styrkiens sont arrivés lors du banquet qui suivit le tournoi. J'ai juste eu le temps de partir, et d'occire quelques ennemis sur le chemin. 

– Dites-moi, chevalier sans-cœur, vous avez gagner le tournoi je suppose ? Dis Guillaume III

– Non, votre majesté, j'ai été battu par Richard Popincourt. Il a sournoisement utiliser son animal de Don pour me déstabiliser.

– Oh, je suis déçu, vous êtes mon combattant préféré.

– C'est donc pour cela que vous vous êtes servi dans les affaires personnelles du Comte ? Demanda le général Bellefleur.

Il regardait mon bouclier en pierre de lune. Il m'accusait de vol, mais sa question semblait surtout de la curiosité.

– Non, le Comte de Carrinville m'a fait cadeau de ce bouclier, en récompense de mes nombreux exploits. Mentis-je.

– Je vois. Dit Bellefleur, qui n'en goba pas un mot. 

Il me tourna le dos, fis quelques pas en direction de la fenêtre, tout en se grattant sa barbe. Il était en pleine réflexion. 

– Les Styrkiens sont donc à nos portes. Nous sommes maintenant en guerre. Carrinville ne pourra pas tenir. Nous n'avons pas assez de troupe à disposition. Je vais envoyer des messagers dans tous les comtés pour monter une armée. Mais cela prendra du temps. En attendant, nous devons faire avec ce que nous avons.

–Allons nous secourir Carrinville ? Demandais-je.

– Ce serait une erreur stratégique, nous n'avons pas la force pour contrer les Styrkiens en bataille rangée. Nous ne pouvons rien faire pour eux. 

Je repensais à Aliénor. J'espérais qu'elle allait bien. 

– Je vous ai délivré mon message, si vous me le permettez, je souhaiterai partir.

– J'ai quelque chose à vous demander, Hugues de Popincourt, chevalier sans-cœur. Nous sommes limités en hommes, et vous êtes une légende du royaume. Je souhaite que vous rejoigniez mes rangs. Votre présence dans mon armée augmenterai le moral des troupes, en plus d'y ajouter une des plus fines lames du royaume. 

J'étais pris au dépourvu. Je ne souhaitais pas me battre contre les Styrkiens. Le général Bellefleur me regardait avec insistance. Ses yeux me transperçaient, c'est comme s'il pouvait voir mon âme à travers moi.

– Très bien, j'accepte. Dis-je sans grande conviction.

Le petit enfant roi souriait jusqu'aux deux oreilles, il était content de voir son héros partir au combat en son nom. Le général semblait lui aussi satisfait de ma réponse. Avais je vraiment eu le choix ? Me voilà soldat engagé dans une guerre perdue d'avance. Moi qui ne combattait qui pour moi, me voilà à combattre pour sauver le royaume qui portait mon nom. 

– Je vous donne le commandement d'une unité spéciale que je suis en train de constituer, et qui sera déterminante pour l'issue de cette guerre. Vous pouvez disposer maintenant. Nous reparlerons de tout ça plus tard. Dit Bellefleur.

Je sortais de la salle du trône perdu dans mes pensées. Je ne voulais pas faire cette guerre. Un serviteur me guida jusqu'à mes nouveaux appartements. Sur le chemin, je n'avais qu'une idée en tête. Fuir. Quitter la ville et rejoindre Merville. Il fallait que je parle avec Providence. Mais j'étais épuisé. Arrivé à ma chambre, le serviteur me laissa et je m'effondrais sur le lit. Le voyage jusqu'à Richebourg fut long et inconfortable. Je m'octroyais quelques minutes de repos bien mérité.

Finalement, j'avais dormi bien plus que je pensais. Sans perdre plus de temps, je partais rejoindre Providence. Quand j'arrivais dans les écuries, elle était en train de s'empiffrer de pommes, elle aussi avait besoin de repos.

– Il est temps de partir, Providence. Dis-je.

– Ne souhaite tu pas vendre ton bouclier d'abord ?

– Nous trouverons un autre endroit, je veux quitter Richebourg rapidement.

– Que se passe t-il encore Hugues ?

– Le général souhaite que j'intègre son armée pour combattre les Styrkiens.

Providence ne me répondit pas tout de suite. Je la sentais fâchée. 

– Tu ne peux pas fuir toute ta vie et ne penser qu'à toi Hugues. Me dit-elle.

– Je souhaite justement vivre, et combattre dans une guerre perdue d'avance, c'est du suicide.

– Tu vas donc te cacher en attendant que ton royaume soit dévasté ? Abandonner Carrinville, Aliénor et tout le royaume de Popincourt ?

Je ne répondis pas. Je n'avais plus envie de lui parler. Je la tirais hors de l'enceinte du château un peu contre sa volonté. Elle boudait. Dehors, c'était l'effervescence. L'annonce de l'invasion Styrkienne s'était propagée comme l'ombre d'un nuage de tempête sur la ville. Des chariots transportaient armes et armures, des soldats accouraient un peu partout, des habitants cherchaient à quitter la ville. 

Un groupe de soldat s'approcha soudain vers moi.

– C'est un honneur d'avoir un tel combattant à nos côtés. Dit l'un d'eux.

– Vous nous mènerez vers la victoire, c'est certain. Reprit un autre.

Bellfleur avait déjà diffusé l'information de mon enrôlement, certainement pour donner du courage aux hommes.

Je regardais Providence qui ne me lâchait pas des yeux. Des enfants vinrent se joindre aux soldats.

– C'est le chevalier sans-cœur ! Il vient nous débarrasser des méchants Styrkiens !

Et tous les enfants se mirent à crier de joie. Les soldats les imitèrent. Enguerrand avait décidément bien fait son travail en contant mes exploits à travers le royaume. Ils me regardaient tous comme le sauveur.

Des images d'Alénior, d'Enguerrand et même du comte et de Richard me traversèrent l'esprit. Providence avait raison, je ne devais pas fuir. J'étais Hugues de Popincourt, combattant légendaire et possesseur du Don et j'allais écrire un nouveau chapitre de ma vie dans la guerre contre les Styrkiens.

Après avoir salué la foule, je me rendis au château, prêt à prendre en main ma destinée.

Le général Bellefleur m'attendait déjà, et me confia ma première mission.

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