Bark 2

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Les hommes se préparaient à partir. L'agitation régnait dans la forteresse de Kravos. Les chefs d'unité hurlaient des ordres à leurs troupes, chacun récupérait son équipement de combat.

De mon côté, j'allais rejoindre le général. Il se tenait sur les remparts et observait la scène d'un air perplexe.

— Pourquoi combattons nous Bark ? me dit-il.

— Et bien, nous combattons pour le roi et pour la gloire.

— Tu me fais penser à ton père, quand il était jeune.

— Mon père était un traître !

— Il n'a pas toujours été un traître, quand je l'ai rencontré à l'académie, c'était la personne la plus dévoué au royaume, il n'aspirait qu'à intégrer les douze démons pour éliminer les ennemis de Styrk.

— Que s'est-il passé ensuite ?

— Ensuite, nous avons intégré tout deux les douze. Notre vie n'était que batailles et cadavres. Nous nous sommes élevés au rang de légendes dans le royaume. Nos noms étaient craints dans tout Théia.

— Pourquoi donc a t-il déserté alors ?

— Il a trouvé l'amour, et sa vision du monde changea. Il ne voulait plus se battre. Il a décidé de fuir avec son amour. Et comme tu le sais, la désertion chez les Styrkiens est punissable de mort. D'autant plus qu'il s'agissait d'un membre des douze. Le roi voulait faire un exemple, il a donc mis un de ses meilleurs éléments sur le coup. 

— Vous ?

— Oui, c'est moi qui ai retrouvé ton père. Avec ta mère, Ils avaient trouvé refuge dans un petit village Fendil isolé dans les montagnes. Avec une poignée d'hommes, nous avons combattu tes parents. Ta mère tomba la première. Et lorsque ton père vit cela, il s'emporta dans une frénésie meurtrière qui ravagea l'ensemble de mes hommes. Il fut cependant mortellement blessé lors de son assault. Alors qu'il se vidait de son sang, il me fit part de ses dernières volontés. Il souhaitait que je prenne soin de toi, et par dessus tout, il souhaitait que tu n'intègres pas les douze.

— C'est pour cela que vous m'avez pris comme garde personnel ? Pour que je n'intègre pas les douze ?

— Exactement jeune homme.

— Mais, pourquoi ne voulait t-il pas ?

— Je n'en ai pas le moindre idée, mais c'était mon meilleur ami, et je tenais à respecter ses dernières volontés.

Bark, demande lui pour ta mère.

— Pouvez-vous m'en dire plus sur ma mère ? demandais-je au général.

— Toute question aura sa réponse en temps voulu Bark, maintenant retourne te préparer, nous partons bientôt.

Ralf Styrk me laissa planté là, et continua son tour sur les remparts.

Je ne sais pas pourquoi j'avais j'écouté ma voix et posé cette question. Mais d'un côté, je n'avais aucune information sur l'identité de ma génitrice. Et selon toute vraisemblance, le général ne m'avait pas tout dit. 

Je sortis une poignée de fleur de mélissine de ma besace et l'avala pour faire taire la voix, puis, je rejoignis mes appartements pour me préparer à la guerre.

                                                                        ***

Notre armée mit trois jours pour arriver en vue de Carrinville. J'étais resté au côté du général pendant tout le trajet, mais pas une fois il ne me parla de mes parents. 

De mon côté, ma consommation de mélissine augmentait de manière drastique. Ma voix revenait souvent et se faisait de plus en plus insistante.

Lorsque nous fûmes assez proche, les cloches de la ville se mirent à résonner. Ils savaient que nous étions là. Les villageois se réfugiaient à l'intérieur du mur d'enceinte et ils n'allaient pas tarder à fermer les portes.

Nos hommes commençaient à monter les tentes et à s'organiser en vue du siège. Le général organisait la chaîne de ravitaillement. Selon lui, gagner une guerre ne se fait pas uniquement sur le champs de bataille, il fallait également une logistique irréprochable. Tout le monde s'afférait donc à ses tâches respectives. De loin, j'observais Carrinville. Il n'y avait qu'une seule entrée, et les murs étaient immenses. Tenter d'envahir la ville par la force n'était pas à notre avantage. L'effet de surprise jouait cependant en notre faveur, ils n'avaient pas eu le temps de préparer le siège et leurs réserves de nourriture ne devaient pas être énormes.

Alors que la porte de la ville se fermait, deux cavaliers surgirent et partirent vers le nord en direction de la forêt. Certainement des messagers qui partaient pour Richebourg prévenir le roi de notre invasion.

— Général, dis-je, deux hommes sortent de Carrinville. 

— Il ne faut pas les laisser partir ! dit-il. Envois des éclaireurs à leur trousse.

Sans perdre une minute, je filais rejoindre l'unité d'éclaireurs et leur donnais l'ordre d'intercepter les fuyards. Cinq d'entres eux partirent à toute allure en direction des cavaliers.

Le premier des deux attira mon attention. Son cheval était majestueux, et sa foulée magnifique. Il galopait avec une telle grâce qu'il donnait l'impression de flotter. Les Popincourt méritaient bien leur renommée d'avoir les meilleurs chevaux de Théia.

Mon regard s'attarda sur l'arrière de la monture, où dépassait un bouclier aux reflets bleuté. C'était un artefact en pierre de lune, j'en aurais mis ma main à couper.

Il ne pouvait pas s'agir d'un simple messager. Peut-être voulaient-ils mettre le bouclier en lieu sûr, dans le cas où nous prenions la ville.

Quoi qu'il en soit, c'était une occasion incroyable pour s'accaparer un tel objet. Je ne pouvais pas laisser passer ça.

Nos éclaireurs étaient sur les talons du premier cavalier, celui au bouclier quant à lui prenait de l'avance. Je décidais de passer à l'action.

Je demandais à un éclaireur de me prêter sa monture. L'équitation n'était pas ma spécialité, loin de là, mais je n'avais pas le choix. Je montais avec difficulté sur le cheval et fis signe à quelques hommes de m'accompagner. Il paraissait compliqué de rattraper le cavalier au bouclier, mais je devais essayer. Nous partions ainsi à la poursuite des fuyards.

Les deux Popincourt et leurs poursuivants s'enfonçaient maintenant dans le bois. Je ne pouvais plus les voir. J'encourageais ma monture à redoubler d'effort.

Quelques minutes après eux, nous arrivions à la lisière du bois, j'entendais non loin des cris de bataille. Je fonçais vers cette direction, suivi par mes hommes. J'atteignis une clairière, où gisait les corps des éclaireurs. J'étais stupéfait. Comment deux hommes avaient ils pu massacrer aussi rapidement cinq soldats Styrkiens. Ces deux cavaliers devaient être des soldats hors pair. 

— Ils sont là ! dit un des éclaireurs qui m'accompagnaient.

Je me remis en route avec ma monture. J'avais envie de me battre avec eux. La valeur d'un Styrkien se mesurait à la puissance des adversaires qu'il avait battu. Et je voulais accrocher ces deux là à mon palmarès. D'autant que je pourrais peut-être garder le bouclier en pierre de lune.

Bientôt, je fus en vue des cavaliers. Ils étaient maintenant à deux sur le même cheval. L'un d'entre eux était blessé, du sang coulait sur sa chemise. Aussi flamboyant soit sa monture, ils ne pourraient plus nous distancer. Nous gagnions du terrain.

Alors que je n'étais plus qu'à quelques mètres, le blessé glissa du cheval et tomba à terre, laissant filer le cavalier au bouclier. Je me stoppais, je ne pourrais plus le rattraper. Celui-ci se retourna, et je pus découvrir son visage. Je l'imprimais dans mon esprit afin de ne pas l'oublier. J'espérais le revoir un jour et l'affronter.

Je me dirigeais vers l'homme à terre. Il avait une vilaine entaille au bras et perdait beaucoup de sang. 

— Qui est l'homme qui est parti ? lui demandais-je.

— Hugues De Popincourt, légende du royaume, meilleur bretteur de Théia. Il reviendra vous chercher, et aucune des brutes Styrkiennes ne lui arrive à la cheville.

— C'est ce que nous allons voir alors, il me tarde de l'affronter. Et toi, tu es un soldat ?

— Je ne suis que l'écuyer d'Hugues, c'est lui qui m'a appris à manier les armes, même si je suis loin de l'égaler.

— Tu sais te battre, c'est parfait. Nous allons te soigner. Tu seras un candidat parfait.

Non Bark, ne lui fait pas ça.

— Candidat à quoi ? 

— Tu vas te battre dans l'arène de Dunin. lui dis-je en ignorant ma voix et en avalant une poignée de mélissine.

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