Ce soir-là, une pluie torrentielle s'abat en ville. Les flaques deviennent des mares et les ruisseaux engendrent des torrents. Dans cette tempête hivernale, une silhouette court vers le bâtiment. Elle s'arrête à hauteur de la porte, apercevant un amas de sacs de poubelle d'où dépasse une de s photos. La rage monte en lui. Les jointures de ces mains se crispent. Il grimpe deux à deux les marches des escaliers. Il insère la clef dans la serrure, mais celle-ci ne rentre pas. Il tambourine à la porte comme un forcené. Quelques instants plus tard, elle s'ouvre à demi, une figure fatiguée apparaît à la fente.

- Pourquoi mes affaires sont dehors ? Crie la silhouette.

- C'est une décision collective. Nous ne voulons prendre aucun risque.

- Quoi ?! Qu'est-ce que je fais maintenant ?

- Je ne sais pas trop, tu peux...

Il tente d'entrer, mais son colocataire lui bloque le passage.

- Ouvre cette porte, sale fils de...

Avant qu'il ait pu terminer sa phrase, la porte se claque sous son nez. Il observe la porte fermée puis se laisse glisser le long de celle-ci. Il regarde l'air maussade son badge d'infirmier dans sa paume. Les deux heures suivantes, il les passe à mettre les sacs dans sa voiture. Il jette un regard vers son ancien appartement puis démarre.

Il sillonne la ville tel un spectre. Les flots qui déferlent dans les rues, mettent à mal sa traversée. Sa quête d'un logement continue plusieurs dizaines de minutes jusqu'à ce qu'il aperçoive les néons allumés d'un hôtel. Il pousse un soupir, il peut enfin prendre un peu de répit...