Violé par une beurette!
La rue était sombre et déserte. Il avait plu quasiment toute la nuit, une pluie fine qui avait rendu glissants la rue et ses gros pavés. Je marchais seul devant moi vêtu de mon gros pardessus noir.
C'était une belle pluie de novembre. Je rentrai seul d'une soirée chez des amis. J'étais encore étourdi par les vapeurs d'alcool. Je ne regardais même pas ce que la nuit pouvait m'offrir de charmant, comme la réverbération d'un beau clair de lune sur les pavés glissants et ruisselants. Non, j'étais fatigué, une seule idée me hantait : regagner mon antre le plus tôt possible. Le chant de la pluie, par terre et sur les toits, ce sera pour plus tard...
Soudain, des bruits de pas. Je tendis l'oreille, des pas sonores. Des pas sensuels. Des pas de femme retentirent comme des claquements réguliers sur les pavés. Une tentation géniale m'avait traversé l'esprit, l'irrésistible tentation de chercher d'où venait ces pas, ces pas ensorceleurs, ces pas qui allument certaines pulsions, celles qui commettent l'irréparable.
Bien décidé à la rattraper, je me mis à accélérer le pas, le mien. Soudain je me suis mis dans la tête que cela pouvait être ma voisine, celle que j'ai toujours rêvé de baiser sans jamais oser faire le premier pas. Elle s'était toujours refusée à moi, à mes avances discrètes ou sonores. Une poupée qui disait toujours non. Terrible et irrésistible ! C'était à chaque fois la même torture, une torture recommencée, à chaque rencontre fortuite ou pas dans l'escalier ou sur le palier. Tel Sisyphe et son rocher, j'étais condamné non pas à vivre avec un thon, mais à exister à proximité de cette Vénus callipyge pour laquelle je crevais de désir et dont j'étais frustré chaque jour davantage, condamné à imaginer cette femme nue dans son bain ou sous la douche, marchant pieds nus sur le parquet propre et ciré. Parfois, je collais l'oreille au plancher pour saisir le moindre bruit, le moindre signe qui pouvait enflammer mon imagination, étendu à plat ventre à guetter le moindre pas, à deviner ces gestes simples, des gestes de femme.
C'est alors qu'au pied de mon immeuble la silhouette m'apparut. Une silhouette, celle d'une femme vêtue d'un drap blanc à capuchon, une sorte de hijab. Elle était nue, ses formes généreuses apparaissaient sous le voile translucide. Je ne pus distinguer dans l'obscurité son visage. Mais ses yeux ne trompaient point. Des yeux d'un noir d'encre. Ce qui me faisait dire que c’étaient des yeux d' une personne d'origine arabe, comme ceux de ma voisine. N'ayant pas prêté attention outre mesure à cette femme, considérant que c'était une femme banale même pour une femme arabe.
Mais au moment d'entrer dans l'immeuble, sans crier gare, elle se jeta sur moi.
Qui était-elle ? Que me voulait elle ? Surpris, terrorisé, j'étais dans l'impossibilité de parer à ce qu 'il m'arrivait. En quelques seconde elle m'avait dégrafé le pantalon, s'était emparée de mon sexe à pleine main, m'ayant immobilisé, neutralisé de son autre main. Elle me dominait. Je ne pus qu'assister, "impuissant", si j 'ose dire à ce qu'il est convenu d'appeler un viol.
Violé par une beurette !
Elle se mit à engloutir férocement mon sexe, le sortit puis le rentra à nouveau dans son orifice buccal, ce fut ainsi alternativement par un mouvement de va et vient. J'avais beau protester, la menaçant de crier. Rien n'y fit. Au bout de quelques minutes, l'effroi se transforma en volupté. La main qui me retenait immobile se relâcha. J'étais libéré. Je lui posais la mienne sur la tête. Je me mis à lui caresser machinalement la chevelure. Le mouvement de va et vient continuait. Soudain, par un spasme puissant, je lui envoyai ma semence au fond de son gosier. C'est là qu'elle me jeta un regard de satisfaction. C'est à ce moment que je reconnus des yeux, un regard. J'étais persuadé d'avoir vu ce visage quelque part. Dès qu'elle eut fini, elle referma violemment ma braguette et s'enfuit dans la nuit, non sans m'avoir auparavant murmuré à l'oreille un " à bientôt! ", comme une satisfaction, une reconnaissance de l'avoir soulagée de quelque chose.
La pluie avait cessé de tomber.
Adrien de saint-Alban
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