Chapitre 38

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Pour profiter d’une température agréable et d’un soleil radieux, Océane et moi étions installés dans les jardins. Les enfants étaient à l’école et nous lisions chacune notre propre livre. Une douce musique s’élevait parmi les arbres et les fleurs. Le téléphone de ma femme sonna, rompant notre concentration.


— Chérie, tu te souviens de la proposition que je t’avais faite pour avoir ce troisième enfant ?

— Bien sûr. Ton ami.

— Oui. Steven. Il vient de m’envoyer un message, il est toujours partant. Et si tu es d’accord, on aimerait le faire rapidement.

— Quand ? enchaînais-je en replongeant dans mon livre.

— Est-ce que tu es d’accord déjà ?


Je pris une grande respiration et fermais finalement mon livre. Même si l’idée que ma femme doive aller voir ailleurs ne me plaisait pas, je voulais se bébé et Océane encore plus. Et puis, je lui faisais suffisamment confiance pour accepter. Si elle me disait que ce Steven n’était qu’un ami, je la croyais.


— Je suis d’accord.

— On pensait le faire demain. Je serais de retour avant que les enfants ne soient rentrés de l’école.

— C’est comme tu veux.

— Elena, j’ai besoin de savoir ce que tu penses, de ce que tu ressens.

— Tu le sais très bien, maugréais-je.

— Si ça te dérange, dis-le-moi et il ne se passera rien de plus.

— Bien sûr que ça me dérange Océane ! Ça m’énerve que la seule solution qu’on ait pour avoir se bébé c’est que tu aies une relation avec quelqu’un d’autre que moi. Mais on a tout essayé et c’est la seule solution. Alors, même si ça me dérange, fais-le. Je sais que tu as plus envie que moi de ce troisième enfant et je ne veux pas te priver de ça juste parce que je suis jalouse.

— J’insiste, mon amour. Si tu ne veux pas…

— Tu peux m’assurer qu’il n’y a rien de plus en Steven et toi ? Que vous êtes seulement un ami ? Qu’il te propose de nous aider sans vouloir un quelconque lien avec cet enfant ?

— Je te le promets. Il ne veut pas d’enfant de toute façon. Je t’aime Elena et si j’avais eu une solution, je l’aurais choisie en priorité.

— Je sais, reprisé-je plus calmement. Faites ce que vous avez à faire. Mais pas au château, s’il te plait.

— On ira chez lui, ne t’inquiète pas. Merci de me faire confiance.

— J’espère qu’au moins ça marchera cette fois.

— Je ferais tout pour, termina-t-elle en m’embrassant.


Malgré mon appréhension, j’étais tout de même satisfait. Cette fois-ci, ça devait marcher. Nous devions y croire. On se replongea toutes les deux dans nos livres respectifs, jusqu’à l’arrivée des enfants. Océane me sourit et les rejoignis. Elle voulait un moment seul avec les enfants. Je replongeais dans mon livre jusqu’à la tombée du jour.


——


Assise sur les marches extérieures, je regarde mes enfants jouer dans la cour depuis maintenant une heure. Depuis quelques semaines, ma femme avait le visage rayonnant, malgré quelque coup de fatigue. Tout ce que je savais, c’était qu’elle était en rendez-vous avec le Dr Langstone depuis maintenant deux heures. De mon côté, ma peau avait bronzé. Le fruit de mes centaines d’heures à lire dans le jardin d’été que nous avions aménagé pour l’occasion. Dans mon dos j’entendis des pas avant de voir Océane s’asseoir à côté de moi. Un grand sourire parcourait son visage d’une oreille à l’autre. Elle m’embrassa et posa une enveloppe couleur crème sur ses genoux. Son regard vagabonda sur nos deux enfants. Elise avait fait déplacer sa batterie dans la cour, près du terrain temporaire de tir à l’arc de Ben. Mon fils critiquait ma fille quand elle ratait une note, mais ma fille ne se gênait pas pour en faire de même. Nos jumeaux étaient différents, mais inséparables.


— Tout cette passe bien avec les deux ?

— Comme d’habitude, il se chamaillent. Et toi, ton rendez-vous ? Ça a pris du temps.

— Ce temps était nécessaire. Un petit check up on va dire.

— Toi, tu me caches quelque chose, suspectais-je.

— Tout va bien, mon amour. Enfin, j’ai bien quelque chose.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? m’inquiétais-je aussitôt.

— Tu veux bien ouvrir cette enveloppe ?


Je regardais ma femme de travers, essayant de deviner ce qu’elle me cachait. Pourtant, elle avait toujours ce magnifique sourire. Méfiante, j’observais tour à tour ma femme et l’enveloppe avant d’accepter de la prendre. Pourtant en l’ouvrant, j’en reste bouche bée.


— Oh c’est pas vrai !


J’avais immédiatement reconnu la photo d’une échographie et la forme d’un bébé. Je me tournai vers Océane qui souriait.


— Sérieusement ? repris-je.

— Très sérieuse chérie. C’est la première écho, je suis à treize semaines de grossesse. Cette fois c’est sûr.

— Mais c’est génial ! Pourquoi tu ne me l’as pas dit avant ?

— Pour t’éviter encore d’être déçu si ça ne fonctionnait pas. Et je voulais te faire la surprise.


Je me levais et pris Océane dans mes bras. Derrière moi, j’entendis Ben et Élise nous appeler. Mes yeux s’embuèrent au moment d’embrasser ma femme.


— Je t’aime tellement Océ. On a réussi, enfin.

— Mais ne pleure pas, chérie, rigola-t-elle en m’enlaçant.

— Je suis tellement contente Océ. On l’a tellement voulue ce bébé et il arrive enfin.

— Est-ce que tu veux connaître le sexe ?

— Tu le sais ?

— Bien sûr. Et ça va te plaire.

— Dis-moi toute, enchaînais-je, excitée comme une puce.

— C’est une fille, mon amour.

— Une fille ? On va avoir une fille ? Merci, Océ, merci.

— Je t’aime aussi Elena.


Je posais ma tête contre la poitrine d’Océane et mes mains dans son dos. Rien n’aurait pu me faire plaisir. J’étais à la fois heureuse, comblée et soulagée. Nous avions traversé un véritable parcours du combattant pour avoir ce bébé et nous avions enfin réussi. Nous allions enfin être mères à nouveau, toutes les deux.


— Maman ? Pourquoi tu pleurs ? m’interrogea Ben.

Je rapprochais mes deux enfants pour les serrer dans mes bras.

— Je vous aime tous les deux. Je vous aime tellement, mes chéris.

— Nous aussi on t’aime maman, mais qu’est-ce qu’il se passe ?

— Tu veux leur dire Océ ?

— Je te laisse le plaisir, Elena.

— Ses derniers mois ont été très compliqués, mais on a réussi à surmonter les obstacles. Votre mère à réussi à…

— Maman est enceinte ? enchaîna Élise qui savait tout ce qu’on avait réussi.

— Oui. Vous allez avoir une petite sœur.


Élise se mit à sourire et se serra un peu plus dans mes bras et Ben redressa les épaules, fière, tel un homme.


— Je vous promets que je serais le grand frère idéal et que je la protégerais. Personne n’osera lui faire du mal avec moi dans les parages.

— Je place toute ma confiance en toi, mon grand garçon, ajouta Océane.

— Vous voulez l’annoncer à Emma, proposais-je.

— Oh oui ! s’exclamèrent-ils en même temps.

— Allons la retrouver en cuisine alors.


Sans nous attendre, ils coururent jusqu’aux cuisines. Main dans la main avec Océane on les rejoignit en marchant tranquillement. À peine entrée, Emma m’entoura de ses bras avant de faire de même avec Océane.


— Je suis tellement contente pour vous, félicitations.

— Merci.

— Une fille ?

— Une fille, répondit Océane. Je viens de faire la première échographie.

— C’est génial. Vous devez être ravie.

— C’est un soulagement, enchaînais-je. On n’a pas fait tout ça pour rien.

— Tu m’étonnes.

— Ben, Élise, ça vous dit qu’on aille à la fête de la musique ? les questionna Océane.

— Oh oui !

— Faites-vous beau, mes amours.


En courant, ils sortirent des cuisines pour retourner dans leurs chambres respectives. Emma nous suivit dans notre propre chambre pour nous aider à nous préparer. Je mis une robe blanche longue jusqu’aux genoux et Océane sa belle robe orange et sa ceinture marron. Elle boucla ses cheveux pour les laisser détacher et Emma fit presque pareille avec moi. Elle tressa quelques mèches puis de les attacha ensemble. Quand on fut prête, je récupérais ma couronne et vérifiais que les jumeaux étaient prêts. Je baignais dans un nuage de bonheur sans nom et embrassais ma femme pour partager ma joue, mon amour.

On monta tous dans la même voiture et une fois arriver en ville, les enfants commencèrent déjà à aller danser avec leurs camarades de classe. À notre passage à Océane et moi, les adultes nous saluèrent. Main dans la main, je la conduisis sur la piste de danse en entourais son cou de mes bras.


— Nathan doit être quelque part. Je danse un peu avec toi et après j’irais lui dire.

— Je n’arrive toujours pas à réaliser.

— Je t’avoue que moi non plus. Et puis une fille, c’est ce que je voulais et toi aussi.

— Océ, comme elle n’aurait aucun lien biologique avec Ben et Élise, si elle préfère ton nom de famille au mien, j’aimerais qu’on la laisse choisir. Le trône doit rester Stinley, mais étant la troisième, je veux qu’elle choisisse. Et puis comme ça, ton nom perdurera.

— Si c’est que tu veux, on la laissera choisir quand elle en aura l’âge.

— Merci.


Elle déplaça une mèche de cheveux derrière mon oreille, sourire sur les lèvres et en me regardant dans les yeux. Derrière Océane, j’entendis siffler et remarquais nos deux enfants.


— Maman ! Maman ! On peut leur dire ? nous interrogea Ben et désignant ses amis.

— Oui, chéri, répondit Océane, vous pouvez leur dire.

— Dire quoi ? enchaîna Nathan en arrivant près de nous.

— Je suis enceinte, lui répondit ma femme.

— Non ! Mais c’est génial !


En rigolant, il prit Océane dans ses bras et la fit tourner légèrement avant de la reposer. Tous les regards se tournèrent vers nous.


— Vous savez si c’est un garçon ou une fille ? me demanda-t-il ensuite.

— Une fille, lui répondis-je.

— Je vais être tonton ! Encore ! Félicitations à vous deux. Mais vous avez fait comment ?

— C’est une longue histoire.

— Un cauchemar qui devient enfin un rêve.

— Océ, épouse-moi, ajoutais-je faisant rire tous ceux qui nous écoutaient.

— On est déjà mariée, idiote.

— Épouse-moi encore une fois alors.

— Avec plaisir, mon amour.

— Vous avez déjà réfléchi à un prénom ou pas du tout ?

— On a eu le temps d’y réfléchir et je crois qu’on peut enfin choisir définitivement, répondis-je en regardant Océane.

— C’est celui-là que tu veux ? Tu es sûr ?

— Certaine.

— Alors ce sera Lizéa Luisard De Stinley, 2ème Princesse de l’Empire d’Eryenne, troisième héritière du trône.


——


Musique dans les oreilles, j’étais concentrée sur ma comptabilité. Je devais commencer l’étude des finances de l’Empire afin de prévoir des budgets pour l’année prochaine. Océane allait aussi bientôt accouchée et j’avais augmenté exprès le son de mon téléphone, pour être certaine de pouvoir être présent pour elle, Océane n’étant pas au château. Alors que j’allais commencer une partie délicate de mon travail, Emma frappa et entra dans le bureau.


— Elena, j’espère que tu peux tout abandonner, car on doit partir maintenant.

— Qu’est-ce qu’il se passe ?

— Ta fille accapare déjà toute l’attention. Et je ne suis même pas sûr qu’on arrive à temps à la clinique.

— Dépêchons-nous alors !

Plus vite que mon ombre, j’attrapais mon sac, récupérais celui de naissance dans la chambre et montais dans la voiture. En trente minutes, on arriva à l’hôpital.

— Votre Majesté, vous avez une magnifique petite fille, commenta la sage-femme.

— Déjà ?

— Lizéa avait hâte de vous rencontrer. Je vais vous accompagner.

— Merci.


Mon cœur tambourinait dans ma poitrine, mes mains devenaient de plus en plus moites. J’avais hâte de rencontrer ma fille, mais en même temps, j’avais peur. J’avais peur d’avoir tout oublié en dix ans, de ne plus savoir comment m’y prendre. J’avais peur de ne pas être à la hauteur. Quand j’entrais dans la chambre, ma femme était endormie. Sans faire de bruit, la sage-femme attrapa délicatement le bébé et la posa dans mes bras. Elle me désigna un siège avant de sortir. Ma fille dans mes bras, j’étais heureuse. Elle était si petite, si fragile, mais à la fois si forte. De petites bulles sortaient de sa bouche en même temps que sa langue. Sa tête était recouverte d’un bonnet rose et ses petites mains attrapaient le vide, s’ouvrant et se fermant avec délicatesse. Elle sentait le bonbon et ressemblait beaucoup à Océane. Son nez, ses lèvres. Elle était bien la fille de ma femme. Nous avions tant lutté pour l’avoir, nous l’avions tant attendu et elle était enfin là. Ma fille toujours dans les bras, endormis, je m’assis sur le fauteuil près du lit de ma femme.


— Bonjour Lizéa, chuchotais-je. Je suis Elena, ta maman. Je suis contente de faire enfin ta connaissance. J’espère que tu n’as pas été trop dur avec ta maman.


Je restais près d’une demi-heure, assise là, à la regarder. Mon amour pour elle s’était décuplé dès que j’avais posé les yeux sur elle. Lizéa Luisard-Stinley, troisième princesse d’Eryenne, mon bébé, mon petit ange, mon rayon de soleil dans mon obscurité.


Fin du Tome 3

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