Marco - Reazione/riflessionni

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La mâchoire serrée, ses dents grinçaient d'irritation. Alors qu'il parcourait les escaliers de marbre du 38 Via Lorenesi, ses doigts crispés suivaient la main courante, pourtant il n'avait pas besoin de s'y retenir. La froidure du métal l'agaça davantage, si c'était possible.

Cette gamine avait vraiment le don de le mettre hors de lui. Elle avait la folie des grandeurs à présent, elle se croyait toute-puissante parce qu'elle tenait le Boss entre ses cuisses. Cette p..., ce qu'elle faisait de son cul, en quoi cela devait-il l'intéresser ?

À cette pensée, son poing se contracta douloureusement.

Si son caractère endurci et son expérience de tueur l'insensibilisaient à la souffrance, cette contracture l'aiguillonna pourtant. Furieux, il dévala la dernière volée de marches afin de mettre le plus distance possible entre lui et cette traînée.

La fraîcheur humide du dehors lui insuffla l'espace d'un bref moment une vivifiante sensation de délivrance. Comme s'il se libérait de l'oppressante emprise de la jeune fille, enfin réveillé par le froid mordant de la bise. Las, le temps de s'installer au volant de sa Stelvio, ses pensées revenaient déjà vers elle.

Son comportement l'exaspérait, mais en quoi exactement, s'interrogea-t-il ? Était-ce dû à l'inconscience de sa complice ou à l'arrogance dont elle avait fait preuve à l'instant ? Elle courait droit au désastre, pressentait-il, mais était-ce le fruit de son pessimisme naturel, de la méfiance à laquelle il s'obligeait ? Peut-être un mélange de tout cela et d'autre chose, constata-t-il en balayant ces réflexions importunes d'un revers de main rageur qui s'acheva sur le tableau de bord du véhicule.

Peut-être s'en voulait-il également de l'avoir dure dès que la silhouette fluette de la jeune étudiante lui tombait sous les yeux. C'était une marque de faiblesse impardonnable, et puis... une fille comme ça, transparente, sans charme, sans formes, qui en voudrait ? Vraiment, qui ?

Pour meubler le silence propice à ces divagations, Marco alluma la radio, qui était réglée sur TRS, une station populaire à Rome. La voix d'Hannah Reid envahit l'habitacle de la Stelvio.

Son timbre mezzosoprano, grave, avec ses accents presque enfantins s'abîmant dans des profondeurs insondables le replongea immédiatement dans sa rêverie.

Cette voix pleine de candeur, toute en retenue et en puissance à la fois, lui semblait incarner à la perfection l'inconstante personnalité de Flavia.

Succombant à ces songes, il y prêta davantage attention. Justement, la chanteuse proclamait une mise en garde à ses auditeurs.

We both know that you wanna love her
Skies are open crying, please don't believe her
'Cause she'll tell you lies and then say it doesn't matter
And you're pleased to see her calling them non-believers

But maybe she loves you and I'm just a preacher
Those burning skies and all who don't believe her
Non-believers, no
Don't believe her, no

Que voulait-elle donc dire par là ? Il ne l'aimait pas, pas plus qu'elle ne l'aimait. C'était ridicule, non, cette partie de la chanson ne le concernait pas. Mais il était sûr qu'elle mentait.

Elle avait joué cette comédie absurde pour Dieu sait quelle raison. Peut-être n'en pouvait-elle plus supporter ? Ses nerfs lâchaient, c'en était trop pour ses frêles épaules...

Un bip retentit, l'arrachant à ses hypothèses. Le bolide lancé à toute vitesse sur la Tangenziale Est dérivait légèrement, franchissant la ligne latérale de la voie. D'un geste insensible, il rectifia la trajectoire. Pourquoi se mettait-il martel en tête pour de telles fadaises ? Est-ce que la crise puérile de cette gamine le touchait ?

La mission avant tout. Il fallait garder la tête froide et voir quel parti il pouvait tirer de la nouvelle situation... Si Flavia était désormais la maîtresse attitrée du Boss, il pourrait, à travers elle... non !

Cela l'énervait d'énoncer cette simple réalité. Il défit nerveusement le dernier bouton de sa chemise pour se donner de l'air. Est-ce qu'il avait mis le chauffage ? L'ambiance lui paraissait suffocante...

Il ouvrit les fenêtres malgré l'appel d'air que créa l'allure endiablée qu'il avait imprimée au SUV.

Une idée lui traversa l'esprit, qu'il saisit au vol, s'y agrippant comme à une planche de salut.

Elle n'était pas fiable de toute manière. Il se passerait d'elle, décida-t-il. Hors de question de tout faire capoter par ses initiatives foireuses.

Cette résolution, prise avec un froid recul, espérait-il, lui arracha néanmoins un dernier juron.

" Sfacimma !" grogna-t-il, en déboîtant subitement à droite.

Pour la référence musicale :

https://www.youtube.com/watch?v=FYNGK6wNBSI

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