Drop and Love (8)

4 minutes de lecture

Je jette un coup d’œil à l’écran de mon portable. 20h07.

  • Tu m’as dit 20h30 chez Rose, non ?
  • Oui, c’est ça.

Je souris. Je sais que je ne suis pas difficile, mais je suis vraiment heureuse qu’il ait retenu ce petit détail.

  • Je t’accompagne ? propose-t-il en tendant une main.

Je me retiens de sautiller d’excitation.

  • Vraiment ?
  • Je ne te proposerais pas sinon, rigole-t-il.

Je rougis en me mordillant la lèvre.

  • Désolée.
  • C’est rien.

Sa main est toujours tendue vers moi. J’hésite : il veut tenir la mienne ou… ? J’ai peur de mal faire, trop faire, pas assez…

Il sourit gentiment et s’empare de ma main.

  • Respire, tout va bien.

Je lâche un soupir que je n’avais pas remarqué retenir. Sa main est douce et chaude, avec quelques cals dus au basket, je suppose.

Ses doigts sont longs. Il a une marque de bracelet au poignet gauche. Une montre ? Il est bronzé. Un bronzage léger et uniforme, qui s’éclaircit du bras au bout des doigts.

Ses ongles sont courts. Je remarque des traces de vernis de différentes couleurs. Je lève les yeux vers lui pour lui demander la raison.

C’est seulement à cet instant que je me rends compte que j’ai dû rester un moment en silence à observer ses mains, tandis qu’il restait immobile pour me laisser le temps de regarder.

Je rougis, embarrassée. Décidément, ça devient une habitude.

  • Je—
  • Gabriel aime colorer mes ongles. C’est une de ses activités préférées. Il se concentre dessus et ça l’aide à se détendre.
  • Oh.

Je reste pensive. J’aurais aimé avoir ce genre de relation avec mon grand frère moi aussi... Je secoue la tête pour chasser les larmes qui montent.

Raphaël fronce les sourcils.

  • Ça ne va pas ?

Je hoche la tête.

  • Si, si !

Ma voix se brise dans un sanglot.

  • C’est juste… c’est mignon…
  • Oh… Eh, viens là.

Deuxième câlin de la soirée. Mon Dieu, ce garçon est-il un green flag ambulant ou ai-je des lunettes roses ?

Je respire calmement. Je ne sais pas ce qu’il a, mais il semble avoir toutes les clés en main pour réagir à mon hypersensibilité et mon TDAH en même temps.

  • Ça va mieux ?
  • Oui… Merci.
  • Tu te sens prête à y aller ?

Mon bon ange, faites qu’il ne s’avère pas être le meilleur acteur de tous les temps ou moi la plus grande naïve de toutes !

  • Rose va nous attendre. On marche, tu es d’accord ?
  • J’allais te le proposer.

Comme si c’était naturel, mes doigts trouvent leur place entre les siens. Le contact me rassure et achève de dissiper l’anxiété de la rencontre.

À ses côtés, le voyage est agréable. Il suit sans souci mes changements de sujet successifs, tandis que je passe de la littérature à la beauté d’une robe en vitrine avant de m’interroger sur la vie des bourdons.

  • Alors, basket fan, uh ?

Je lâche sa main le temps de faire le tour d’un réverbère en faisant tourner ma robe.

  • Oui... Je ne sais pas vraiment comment ça m’est venu. Petite, je n’étais pas vraiment bonne en sport. Je préférais lire. Puis… on a commencé le basket à l’école. J’étais toujours nulle. Pourtant... Je ne sais pas… En première, mon père a proposé que je commence un sport. Je me suis renseignée sur le club de basket. Et ça correspondait à mes horaires. J’en ai fait deux ans.
  • Oh, je vois. Pourquoi pas plus tôt ?
  • Musicienne. Piano, puis flûte traversière.
  • Wow. Tous les talents, hein ?
  • Non, pas du tout. Hé ! J’aime beaucoup cette fenêtre. Tu as vu le vitrail ? C’est Saint Joseph ?
  • Mmmm… Plutôt Saint Jacques de Compostelle, vu le bâton et le coquillage.
  • Ah oui, sûrement.
  • Donc, basket deux ans ? Tu te débrouilles bien pour seulement deux ans.
  • C'est étrange, c’est qu’on n’en ait pas encore parlé, ris-je.
  • C’est vrai, renchérit-il. On s'est recontré sur un terrain.
  • Et toi, alors ?

Il sourit et me retient doucement pour traverser la route en sécurité.

  • Mon père m’a offert une balle quand j’avais six ans pour qu’on joue ensemble, Gaël, lui, son frère et moi. On faisait des binômes père et fils. On a vite intégré un club tous les deux.
  • Gaël et toi ? C’est trop génial !
  • Oui. Best buddy ever, ce gars. Et Rose est absolument adorable.
  • C’est elle qui m’a accueillie sur le campus, j’étais perdue !
  • Elle aime ça. Elle connaît tout et tout le monde. Qui plus est, son père est prof universitaire, elle connaît le campus comme sa poche.
  • Elle me l’a dit, oui. J’adore la robe rouge.
  • Celle-ci ?

Il pointe du doigt la magnifique tenue en devanture de la boutique de robes de mariées.

  • Mhm, celle-ci. Ma bestie veut se marier en rouge. Je pense qu’elle lui plairait.
  • Et toi, tu veux te marier en quelle couleur ? Est-ce que tu veux seulement te marier, d’ailleurs ?
  • J’aimerais bien un bleu pâle. Ou une robe blanche, bohème, que je puisse teindre et reporter plus tard. Très simple. Je n’aime pas vraiment le “fancy”.
  • N’importe quelle robe t’irait bien. Ce qui importe, c’est qu’elle te plaise, puisque c’est ton jour.

Je chuckle et fais une jolie révérence.

  • J’apprendrai à danser.

Il répond d’une inclinaison gracieuse.

  • Nous sommes arrivés, princesse.

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