Stimulus

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Le dernier Homme du monde était assis seul dans une pièce ; quand on frappa à la porte. C'était trois coups secs et rapides. Le genre de coups qui signifie "ouvre, c'est moi". Pas de perte de temps, pas d'hésitation, on se connait tu m'as déjà ouvert des centaines de fois. Ces trois petits coups avaient dynamité le quotidien du dernier Homme sur terre.

Il ne s'était pas levé, il n'avait pas bougé. Nu, au milieu de son salon dans une maison de campagne pourrissante, il n'avait pas daigné aller répondre. Il se frottait la barbe en regardant avec des yeux révulsés la porte. Il avait voulu demander qui est là, mais les sons s'étaient perdus dans un gorge comme un raclement de morve. A quoi bon parler quand on est le dernier Homme du monde ? Au début il se parlait à lui même, puis il s'était aperçu qu'il commençait à développer un trouble dissociatif alors pour préserver sa santé mentale, il avait fait vœu de silence. Ce n'était pas bien difficile.

Le dernier Homme du monde était assis seul dans une pièce ; quand on frappa à la porte. Trois coups, lents et timides. Une interrogation à sa porte.

Il ne s'était pas levé, il n'avait pas bougé. Ca faisait des années que son cerveau partait en vrille. Il avait imaginé la fin du monde plus jeune, mais pas ainsi. L'humanité s'était juste évanouie. Pas d'épidémie, pas de morts-vivants, pas de catastrophe nucléaire. Il se souvient avoir attendu longtemps le retour de ses grands parents dans sa maison familiale. Personne n'était jamais revenu, personne n'était jamais partie. Quelqu'un avait il seulement déjà existé ?


Il reconstruisait chacun de ses souvenirs avec difficulté, après tout, il n'avait plus personne a qui les partager. Il ne parvenait même plus à les coucher sur papier, il n'avait plus écrit depuis si longtemps. C'était absurde d'écrire puisque plus personne n'était là pour le lire.

La vacuité l'avait vaincu. Le dernier homme sur terre s'était réduit à l'état d'animal. La satisfaction de ses besoins primaires n'étaient plus que le seul moyen pour lui de savoir qu'il était vivant.

Le dernier Homme du monde était assis seul dans une pièce ; quand on frappa à la porte. Trois grands coups, forts et réguliers. Il avait sursauté. Il avait tenté de se lever. Cette fois non plus il n'irait pas ouvrir.

Il lapait le fond d'une boite de conserve, il était vivant se répétait-il. Il sentait le gout du métal sur sa langue, la fraicheur du vent d'hiver à travers les vitres cassés, il s'était même brulé un soir après avoir voulu se réchauffer trop près de la cheminée.

Il était vivant puisque tout son corps lui procurait des stimulis.

Le dernier Homme du monde était assis seul dans une pièce et personne ne vint frapper à la porte. Alors il se leva, marcha et ouvrit la vieille ouverture rouillé. Le parvis était vide. Aucune trace de pas dans la neige. Il toussa et sa voix s’éleva


"Comment savoir si j'existe si personne n'est là pour me le dire."


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