Et me revoici ici,
Sur ce site qui abrite
Tant de solitude et de silence.

Retrouvant par hasard mon livre de notes,
Avec entre ses pages la clé des menottes.
Je pensais retrouver de la camelote,
J’ai fini par retomber dans cette grotte.

Et mes larmes ont coulé.

Comment ai-je pu oublier
Tant de souffrance accumulée.
7 ans après je suis attristée, effarée, impressionnée,
Autant de temps que je n’avais pas griffonné,
Et le temps a pourtant bien coulé.

“Une amnésie thérapeutique” me dit-on,
Mais personne ne m’avait préparée à cet Armageddon.
Ma vie a filé vers de nouveaux horizons,
Mais je n’avais pas réalisé que le trou était si profond :
“victime”, “abusée”, “violence”, “trahison”.

Et mon ventre s’est noué.

J’ai fini par me réfugier,
Loin de ce qui me traumatisait,
Avec comme compagnie la fumée,
Qui à chaque insufflation m’hypnotisait.

Et je planais,
Pour ne plus être seule,
Pour ne plus souffrir,
Pour ne plus penser,
Pour être libre !

Mais cette liberté s’est vue,
Sur les vergetures de mon corps nu.
Les cicatrices de mon passé n’ont pas disparu,
Elles se fondent simplement dans le gras que j’accumule.

Et j’ai réalisé le chemin que j’ai parcouru.

Mes victoires mes échecs, mes espoirs et déceptions,
Mon addiction à l’amour à la drogue, à la fête et au sexe.
Une vie vécue seulement par réflexe,
Pour embuer mes pensées et faire diversion.

Il m’est impossible de m’arrêter d’écrire,
J’aimerais pouvoir dire à cette jeune fille qu’elle a fini par guérir,
Que tout cela n’était pas en vain,
Qu’elle a réussi ses études, son avenir,
Tout en restant quelqu’un d’humain,

Que tu trouveras l’amour, le vrai, le sain
Celui qui te fait rire chaque jour
Vibrer chaque nuit
Et qui te fait du bien !
L’amour qui voit tes cicatrices, mais ne fuit pas,
L’amour qui t’écoute et te prend dans ses bras.
L’amour qui te rappelle chaque jour que tu es belle,
Et qui un jour s’agenouillera pour te prouver que c’était toi.

La vie fera le tri,
Également dans tes amis,
Certains t’ont trahie,
Alors qu’ils étaient quelques années plus tôt à ton repas de famille.
Les schémas répétitifs se sont clôturés,
Et tu as désormais un cercle très soudé.
Tu fusionneras avec une femme aux cheveux rouges,
Qui porte comme prénom “la Zouz”

Tu découvriras les soins énergétiques,
Qui te feront l’effet de narcotiques.
Tu te pardonnes ces années névrotiques,
Pour une vie philanthropique.

Ce livre est terminé,
La douleur partie en fumée,
Le nouveau livre a aussi ses aspérités,
Mais j’ai désormais tout ce qu’il faut pour vivre une éternité.