Chapitre 10

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TERESA

— J'vais aller pioncer, baille Naïm qui s'endort à moitié sur le canapé.

Il saute sur ses jambes, étouffe un autre bâillement derrière son poing et salue ceux encore éveillés avant de monter. C'est-à-dire tout le monde sauf Maxime qui nous a abandonné une heure plus tôt et Cameron qui s'est endormi sur le banc en bois.

— Fin de la fête, annonce alors Aaron en éteignant la musique depuis un téléphone qui traine.

La lumière s'allume, m'aveugle et je ferme les yeux en grognant pour ne pas perdre la vue. Je finis par m'y habituer et le salon s'offre à moi.

— Oh putain, le bordel ... grogné-je, la main dans les cheveux.

Des bouteilles vides trainent ci et là, des gobelets aussi et je distingue plusieurs traces suspectes sur le paquet. Nous n'avons pas débarrassé après le repas et la vaisselle sale s'entasse jusque dans l'évier de la cuisine. On va en chier, pour tout ranger.

— On verra ça tout à l'heure, là on va dormir, affirme le brun.

Il marche jusqu'au banc de bois où Cameron git lamentablement sur le ventre, les bras pendant de chaque côté de la planche, et l'assène d'un petit coup sur les fesses. A croire que c'est une passion chez lui de fesser les gens.

— Allez mon pote, on se réveille, ricane-t-il près de son oreille.

Je dévie mon attention de lui, je lui en ai déjà trop accordée ce soir. J'ai cherché son regard une bonne partie de la soirée, depuis cette danse sulfureuse que nous avons partagé. De celles qui enflamment votre corps, votre âme et vous font perdre la raison. Mais quel plaisir de voir qu'à chaque fois, je croisais ses pupilles envieuses qui ne perdaient pas une miette du spectacle que je lui offrais.

— Bedodo ? me propose Cassandra qui vient de se glisser devant moi.

Jeu de mot entre bedo et dodo, il désigne le dernier joint juste avant d'aller dormir. Un qu'apprécie particulièrement Cassie, bien qu'elle ne fume pas souvent.

— Si tu veux.

Elle sautille sur place, un sourire sur les lèvres, et ça attire l'attention d'Aaron qui nous interroge. Si, dans un premier temps, il manifeste son mécontentement —sans que je ne comprenne pourquoi— il finit par laisser tomber et monte à l'étage avec Cameron qui râle derrière lui.

— Tu as ce qu'il faut ? s'assure la métisse qui marche vers le balcon.

Moi non. Mais Cameron oui et je sais où il a laissé tout son attiral. Sur le dessus du frigo.

— Ce n'est pas à toi, c'est du vol Teresa, m'accuse Esther alors que je tente d'attraper la boite métallique à l'aveugle et sur la pointe des pieds.

Assise sur le canapé, la rouquine a les yeux rivés sur moi, épiant le moindre de mes mouvements.

— Ce n'est pas du vol, c'est un prêt. Et puis, mêle-toi de ton cul, non ?

Le regard mauvais que je lui lance par-dessus mon épaule ne semble pas la dissuader plus que ça car elle se lève et marche dans ma direction. Du coin de l'œil, j'aperçois Cassandra avancer et Alexia revenir des toilettes, toutes les deux visiblement prêtes à intervenir si besoin.

— Je l'ai ! m'exclamé-je lorsque je sens le métal froid contre mes doigts.

Je la récupère et pars vers le balcon mais Esther m'attrape le bras, enfonce ses ongles dans ma chair quand je passe devant elle.

— Repose ça, c'est pas à toi !

D'un mouvement brusque, je me défais de son emprise et manque de perdre l'équilibre sur mes talons hauts. La mâchoire serrée, j'approche mon visage de celui d'Esther et me demande si lui en mettre une ne serait pas une solution convenable. A la place, je me penche doucement vers son oreille.

— Cameron !

Esther se recule brusquement en me fusillant du regard et lâche un juron en plaquant sa main contre son oreille. Je l'observe faire sans rien dire, un sourire narquois sur les lèvres. Comme il ne me répond pas, je recommence en espérant qu'il ne se soit pas endormi comme une masse. Au troisième appel, sa voix nonchalante résonne enfin depuis l'étage.

— Comme tu es le plus beau et le meilleur de tous, tu m'autorises à me servir dans ta cons' ? demandé-je de ma voix la plus mielleuse, les pupilles plongées fixées sur la rousse.

—Fais-toi plaisir.

Un ricanement satisfait me quitte quand je l'entends poursuivre.

— Et arrête de me sucer la bite, ça ne te va pas.

Esther secoue la tête lentement, comme déçue du résultat. Cameron a répondu exactement ce qu'il fallait pour remettre l'autre chieuse à sa place.

— Contente, c'est bon ? Tu vas arrêter de me péter les couilles ? craché-je, avant de partir vers le balcon.

J'entends les talons de Cassie claquer derrière moi alors qu'elle me trottine après. Je ne sais pas si ce sont les températures qui sont agréables ou si c'est l'alcool dans mes veines qui me réchauffe mais je frissonne à peine lorsque je m'assois sur le sol, vêtue juste de ma robe.
Illuminée à la lumière d'un flash et les paupières plissées par la concentration, je prépare un joint comme je peux malgré la longue soirée, en écoutant d'une oreille distraite mon amie parler de son école. Je décroche tout le temps quand elle le fait. La mode et le luxe, ce n'est pas vraiment mon truc. Mais bon, ça lui fait plaisir alors je la laisse faire.

Ma langue vient humidifier la partie collante de la feuille avant que je referme le cône. Je le tends à Cassandra pour qu'elle l'allume. Après tout, c'est elle qui le voulait.

— Si tu savais depuis combien de temps, j'attends ça, me confie-t-elle rêveuse alors qu'elle recrache sa première taffe.

La fumée s'évanouit vite dans l'air. Sa tête repose sur la barrière en bois du balcon puis Cassie ferme les yeux et soupire de bien-être. Elle tire encore deux lattes puis me tend le joint.

Je sais que je serais malade si je tire après avoir bu mais à cette heure-ci, et dans cet état, je m'en fous. Je ressens toujours ce trou dans la poitrine que j'essaie de combler, peu importe tous mes efforts.

Le filtre entre les lèvres et les yeux rivés sur le sol, j'entends la baie vitrée coulisser puis les bottes à lacets d'Esther apparaissent dans mon champ de vision, juste à côté de moi.

— Te sens pas forcée de rester avec nous, surtout, assuré-je sans lever la tête.

— Ne crois pas que je reste avec vous parce que je t'adore mais tu serais capable de la laisser crever sous tes yeux tellement tu es stupide et irresponsable.

Je grimace. Sa voix nasillarde titille mes tympans et ça m'est insupportable. Pire que de la torture.

— Oh ouais, une soirée entre filles ! Je suis pour. Attendez, je vais chercher Alexia.

Elle se relève en chancelant.

— Non mais tu déconnes là ? protesté-je en la retenant par la cheville.

Je réussis juste à la faire trébucher et manquer de s'étaler sur l'encadrement de la porte-fenêtre. Cassandra se fend la poire quand elle reprend son équilibre puis repart chercher ma sœur dont elle crie le prénom à travers le salon.

La mâchoire contractée par la frustration, je ferme les paupières et pose ma tête contre le mur sur lequel je repose pour tirer une autre bouffée de cannabis. Comment une soirée aussi cool peut finir de manière aussi à chier ? C'est vrai, je pourrais aller me coucher et les laisser entre elles mais il est hors de question de prendre le risque qu'elles montent le crâne de ma meilleure amie contre moi.

Le ricanement d'Esther me fait ouvrir les paupières et je retrouve la rouquine, assise en face de moi en train de me fixer, pleine de mépris.

— C'est quoi ton problème ?

Elle ne me répond pas tout de suite, semble ordonner ses pensées. Ou alors je n'ai tellement pas envie d'être en sa compagnie que le temps ralentit et s'allonge.

— Je trouve que tu es détestable, capricieuse, égoïste et vulgaire. Je ne comprends pas comment ils peuvent te supporter.

— Ça nous fait au moins un point commun, ironisé-je, hargneuse.

Aucune de nous deux ne rebondit sur le double-sens de ma phrase.

— Mais je fais partie du groupe, faut te faire une raison, ajouté-je néanmoins dans un haussement d'épaule.

— Et je suis la petite-copine de Maxime, faut te faire une raison. Mais toi, qu'est-ce que tu es au juste ?

J'accuse le coup sans rien dire, bien qu'elle ait tapé dans un point douloureux. Heureusement, Cassandra revient à ce moment-là, avec plusieurs plaids dans les mains dont un qu'elle me tend. Elle et Alexia s'assoient de manière à fermer le petit cercle et un téléphone au flash allumé est placé au centre pour toutes nous illuminer.

Un silence plane au-dessus de nous pendant ce qui me parait être une éternité. Cassie joint ses mains devant elle d'un air solennel puis met fin à mon supplice.

— Si je vous ai réunies ce soir, c'est parce que j'ai besoin de conseils les filles...

Elle se met à ricaner toute seule avant même de finir sa phrase.

Après réflexion, je n'aurais pas dû accepter qu'elle fume ce joint. Avec tout l'alcool qu'elle a bu durant la soirée et son petit corps frêle, c'est normal qu'elle soit déjà défoncée.

— Ok, c'est le moment où je vais me coucher parce que je ne suis pas la mieux placée pour donner des conseils de couple, se défile Alexia en se relevant.

— C'est bizarre, t'es tellement parfaite, grommelé-je dans ma barbe.

Cassandra me claque la cuisse puis se penche pour rattraper la benjamine du groupe.

— Alexia, tu restes assise et Teresa, t'arrêtes de l'embêter, nous réprimande-t-elle, faussement autoritaire. En plus, elle t'a offert un super cadeau !

Je roule des yeux en frottant ma cuisse encore sensible. Comme si une pauvre photo encadrée allait arranger et effacer des années de mésententes et de reproches. Même si je dois avouer avoir ressenti un petit truc au fond de moi lorsque j'ai redécouvert ce cliché. Un truc vraiment tout petit, faut pas déconner non plus.

Cassandra se racle la gorge, gigote pour trouver une position confortable dans sa robe ultra moulante puis reprend la parole.

— Vous faites quoi pour garder votre mec quand il commence à s'éloigner ?

Encore et toujours Aaron à la bouche.

Sans me regarder, Cassie me tend la main pour récupérer le joint alors qu'elle attend qu'on lui réponde.

Je lève les yeux au ciel une nouvelle fois en soupirant. Parce que je n'ai aucun conseil à lui donner. Ma seule et unique relation "sérieuse" a duré trois mois, c'était en première et dans l'unique but d'oublier un garçon avec qui il ne pouvait rien se passer. Puis aussi parce qu'Aaron s'est éloigné de ses bras pour se réfugier entre mes cuisses alors je ne suis certainement pas la mieux placée pour la conseiller.

— J'en sais rien, je lui taillerais une pipe ou je sortirais le grand jeu au lit, genre ensemble en dentelle et je prends les devants, lancé-je pour donner le change. Et que je me touche les seins, et que je passe la main dans ses cheveux pour les lui tirer.

Ouais, c'est sûrement ce que je ferais avec Aaron.

La métisse m'observe, l'air sérieux, et parait prendre des notes alors qu'elle hoche lentement la tête, comme si elle n'était pas trop timide pour le faire un jour.

— N'importe quoi ! Faut parler. La communication, c'est la clef dans un couple, me contredit Esther, outrée.

Un rire moqueur s'échappe avant que je ne puisse le réprimer et la rouquine me fusille du regard.

— Pourquoi tu ris ?

— Un mec en a rien à foutre des discussions. Ce qu'il veut, c'est pouvoir te soulever quand il en a envie et que tu le satisfasses sexuellement. Demande à Max s'il préfère te baiser ou parler pendant trois heures, on verra ce qu'il te répond.

— Ce n'est pas parce que les garçons ne veulent jamais rien de plus que tes fesses que c'est le cas avec toutes les filles, rétorque la rousse.

Cassandra et Alexia nous regardent à tour de rôle, comme si elles étaient à un match de tennis.

— Ok, j'ai compris ! nous coupe la métisse en secouant les bras en l'air. Faut faire le mélange des deux : discuter pendant qu'on fait l'amour.

Septiques de son interprétation, Alexia, Esther et moi nous observons une seconde avant de nous mettre à rire. Le sourire victorieux qu'affichait Cassandra se fane à mesure qu'elle comprend qu'elle est à côté de la plaque. Le débat reprend et tout le monde participe, même Alexia qui nous apporte la vision encore inexpérimentée d'une adolescente de son âge sur les relations amoureuses.

Si je supporte à peine la moitié des personnes présentes, j'avoue finalement apprécier le moment. Je passe outre les quelques piques que me lance Esther et auxquelles je réponds avec plaisir et j'ai presque l'impression de me retrouver entre copines. Quelque chose que je n'ai jamais vraiment eu la chance de connaître. Les filles m'apprécient rarement. La plupart du temps parce qu'elles ont peur que je couche avec leur copain ou leur flirt, sinon c'est parce qu'elles veulent coucher ou flirter avec un des gars et sont jalouses de notre proximité.

Au fil du temps, je laisse un sourire flotter sur mes lèvres mais Cassandra le fait disparaitre en une seconde lorsqu'elle tend la fin du joint à ma sœur.

— T'es con ou quoi ? Qu'est-ce que tu fous ? m'exclamé-je en lui arrachant des mains. Elle a quinze piges !

Ma meilleure amie fronce les sourcils, perplexe.

— Et alors ? Tu fumais déjà à son âge, toi.

Esther ricane avant que je n'aie le temps de répondre et mon regard furieux dévie vers elle.

— Quoi ? Tu lui donnes à peine l'heure depuis que vous êtes arrivées, alors Cassandra a raison. Pourquoi tu joues les grandes sœurs protectrices d'un coup ? m'interroge-t-elle, un sourcil haussé.

Parce que je n'ai pas envie qu'elle devienne une ratée comme sa grande sœur.

— Parce que mes parents vont me foutre à la rue s'ils apprennent qu'elle a pris de la drogue, me justifié-je, la mâchoire serrée.

Esther secoue la tête, souffle du nez et Alexia prend la parole avant qu'elle n'ait le temps de me répondre.

— Seize.

— Quoi ? je la reprends, déroutée.

Ma petite sœur soupire, triture ses doigts qu'elle ne quitte pas des yeux avant de réajuster le plaid qu'elle a autour des épaules.

— J'ai seize ans, Teresa. Pas quinze, corrige-t-elle d'une voix un peu plus forte.

Je souffle de voir qu'elle s'arrête sur des détails. C'est pas ça qu'il fallait retenir. Les parents ne se remettraient jamais de voir leur enfant prodige suivre les traces de l'aînée qui fout sa vie en l'air.

— T'es quand même mineure, conclus-je sèchement.

Pour en finir, je tire fort les deux dernières taffes qui me brûlent les lèvres et balance avec force le tonc' par-dessus la balustrade.

— Il est fini, je vais me coucher.

La terre tourne un peu trop vite à mon goût lorsque je me relève et je dois m'appuyer contre le mur pour ne pas m'étaler lamentablement. Je titube jusqu'aux escaliers où je balance mes talons dans un fracas retentissant. Je mène un véritable combat contre la gravité et mon équilibre chancelant pour rejoindre mon lit sur lequel je me laisser tomber, face contre le matelas. J'ai toujours la tête qui tourne et mes oreilles bourdonnent mais il ne me faut que quelques minutes pour partir dans un autre monde.

*

Mes paupières papillonnent et il me faut un moment pour reconnaître ma chambre au chalet. Je roule sur le dos, à moitié endormie, et fixe les poutres au plafond. J'ai la bouche pâteuse, le cerveau qui cogne dans mon crâne et mon estomac prêt à vomir tout ce que j'ai avalé dans la soirée. Il faut que je boive puis je retournerai dormir. Posée sur la table de chevet à ma gauche, la petite bouteille d'eau est vidée en moins d'une minute et je me sens un peu mieux. Sans prendre la peine de retirer ma robe, je me glisse sous les couvertures chaudes.

Sur le point de rejoindre les bras de Morphée, mon attention est happée par un bruit à peine audible. Quelque chose de répétitif, rythmé mais qui monte doucement en volume. Comme des coups portés contre un mur. Puis des voix s'ajoutent. En particulier une, féminine. Ça vient de la chambre d'à côté, celle d'Aaron et Cassandra.

Putain de merde. Ils ne sont quand même pas en train de le faire ?

Un coup plus fort que les autres résonne et je me bouche les oreilles, comme une enfant se coupe du monde qui l'entoure. Je refuse d'être témoin de ça. Mais c'est trop tard et un poids m'écrase déjà la poitrine. Celui de la solitude, celui de la jalousie. Parce que ce n'est jamais moi qu'on choisit. Non, je suis celle avec qui on s'amuse, qu'on provoque, qu'on allume mais qu'on laisse s'éteindre seule quand on en a fini.

Boum, boum, boum. Chaque coup porté résonne comme une dizaine d'aiguilles plantées dans mon coeur. Je ne peux rien faire d'autre qu'accepter la douleur en silence. Parce que c'est lui, parce que c'est elle et que ce sera jamais moi.

Pourquoi ne suis-je jamais celle qu'on choisit en premier ? D'abord Alexia, Cassandra puis toutes les autres après qui je suis passée dans l'esprit des gens.

Mes mains se resserrent autour de mon crâne, pour étouffer ces sombres pensées. Mais elles sont tenaces et continuent de me narguer.

Ce jeu aussi malsain que dangereux qui s'est installé entre vous ne veux rien dire. La preuve, c'est toi qu'il a passé la soirée à déshabiller du regard mais c'est avec elle qu'il finit la nuit. Parce que c'est elle qu'il aime vraiment. Tu n'es qu'une distraction passagère. Et t'es suffisamment stupide pour croire que c'est plus que ça.

Parce que c'est toujours Cassandra avant Teresa.

J'envoie voler la couette et quitte mon lit sans réfléchir alors que je rejoins la chambre de celui qui ne m'a jamais laissé tomber, sur la pointe des pieds.

— Naïm, tu m'entends ? chuchoté-je la voix tremblante, sur le seuil de la porte.

Ma canine vient se planter dans ma lèvre inférieure pour retenir une larme qui menace de couler. S'il te plait, j'ai besoin de toi. Je le rappelle une nouvelle fois et il finit par grogner.

— Je peux dormir avec toi, s'il te plait... ? J'y arrive pas, toute seule.

Ce n'est pas vraiment un mensonge, pas vraiment une vérité non plus.

Allongé sur le ventre, l'algérien soulève un coin de sa couette pour m'inviter à le rejoindre. Sans hésiter, je me blottis à ses côtés alors qu'il passe un bras par-dessus mes côtes et me sert contre son torse brûlant. Ses lèvres viennent embrasser mon crâne, sa manière à lui de me montrer qu'il est là. Mais cette nuit, ce petit geste ne suffit pas.

— Tu veux bien me dire que tu m'aimes ? quémandé-je, mes doigts glissant entre les siens.

— Tu vas me zehef. Dors, il est tard, marmotte-t-il contre mes cheveux.

Naïm et moi, ça n'a jamais été de grandes déclarations. Parce que ce n'est pas son genre de parler de ce qu'il ressent, parce que je ne sais pas parler à voix-haute de ce que je ressens. Mais ça ne nous a jamais posé de problème, car même sans rien dire, on l'a toujours su. J'insiste un peu et comme s'il captait ma détresse, il finit par céder. Non sans ronchonner.

— Bien sûr que je t'aime, Terrie. T'es ma meilleure amie.

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