Dans Son Ombre

2 minutes de lecture

Mes pieds s’enfoncent dans cette neige mitigée.
Elle me vêt d’une fourrure entachée, souillée.
Un fard, un camouflage !
À la Lumière elle me cache !

Mes dents saignent des lèvres rendues blanches et décharnées.
En viendraient-elles à manger les chairs effacées de leur amphitryon ?
Mes mains hissent à ce ciel un peu de cette poussière d’argent.
En viendrait-elle à restaurer, sustenter ma carcasse ?
Ma langue aveugle ; gauche ; asséchée, se jette sur cette dune chenue.

Je tousse.

Je m’étouffe.

Je crache mon fiel.

Et mon corps frêle s’étale de tout son blanc dépouillement.
S’allonge sur la mer marmoréenne d’un monde mort, immémoré.
Un rire ; j’entends un rire s’élever. Il monte, il grossit. Il vient d’en moi.

Je ris à gorge déployée

Je ris fort.

Je ris.

À en oublier la Souffrance, l’Indifférence, l’Insuffisance.
Les filles de la Sénescence.

Quelle farce fabuleuse.
Atemno, de son feu furieux, peut faire neiger en Été.
Mais il n’est que des plus humbles ...

Un enfant dans l’ombre du Seul Dieu.
Seul Dieu à précéder toutes vos malingres adorations.
Seul Dieu à s’imposer en tout instant, tout lieu.
Seul Dieu à poser un regard de dédain sur nos Réalisations.

Le Seul à mériter tous les sacrifices.

Une larme de sel sombre sur mon cuir scarifié par l’éclat.
Elle est vestige d’une crainte antique ; berceau d’une allégresse inconsolée.
Le ventre cave, la faim vorace s’est oubliée.

L’esprit crystallin, la mémoire pristine a enlacée la Fin.
Oui, elle est le dernier témoin d’un âge dont les contours s’estompent.
Oui, elle est le premier prophète d’une ère qu’aucun ne contemplera.

Vous avez déjà constatés le vide qu’enserre nos vies ; champs sans ornement ; lac élimé par l’halite. Nous sommes les dernières protubérances, les ultimes contrariétés d’une terre qui se souhaite immaculée.

Et Il nous fait l’honneur de contempler un aperçu de cet avenir.
Il a cette charité intangible, imaginaire.
Il me fait grâce d’un éclat d’avenir !

Un avenir solitaire !
Un avenir fragmentaire !

Oui.

Un fragment !
Mes yeux secs se sont posés sur ce fragment, reflet évanescent !

Ne sentez-vous pas Sa grandeur vous étreindre ‽
Ses caresses venir embrasser ma peau meurtrie ‽
Nous sommes dans Son ombre !

Il tire sur mes plaies, les fait saigner !
Il a soif ; Lui aussi ; mais c’est un Dieu !
Et moi un cœur creux.

Alors accepte mon sacrifice !

Grandis, grandis, et grandis encore !
Or alors ardent.
Dents qui par milliers viennent me dévorer !
Orée de Cette Ove céleste !
Leste, leste, et plus leste encore !

Je me sens m’alléger ! Me libérer de la charge de mes chairs, du faix de l’existence !

Je me gausse.

Me déride.

Pleure.

Une dernière fois,

Dans Son ombre.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Caracal Le Scribopolite ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0