Chapitre 10

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Je me laisse tomber lourdement sur le lit. La porte se referme derrière la femme, celle que j’ai ramenée ici avec moi. Elle avance vers moi, ses gestes lents, calculés. Elle est belle, elle sait ce qu’elle veut. Normalement, je me serais laissé emporter par ce jeu. Mais pas ce soir. Ce soir, c’est différent. Il y a cette rage dans mon ventre, une frustration qui m’étrangle, et elle n’a rien à voir avec cette femme qui essaie de m’attirer.

Elle me touche, et ça ne m’atteint même pas. Je la regarde sans rien ressentir, pas même un frisson. Son corps n’a plus d’importance. Tout ce que je vois, c’est l’image de ses yeux à elle, à travers le voile de mes pensées, ces yeux fuyants, remplis de défi et de peur à la fois. Milena. Je ne peux plus m’en débarrasser, elle est dans ma tête, et rien ne semble pouvoir l’en sortir.

Je m’écarte brusquement d’elle. Elle me regarde, surprise, mais ça ne m’atteint pas. Je n’ai aucune envie d’elle ce soir, pas après tout ce qu’il s’est passé, pas après ce que j’ai fait. Elle veut encore s’approcher, mais je la repousse sans douceur, d’un geste sec.

Tu n’as rien compris, hein ? J’articule mes mots lentement, froidement. Je n’ai pas envie de toi. C’est pas ce soir. Ce soir, tu dégages. C’est clair ?

Elle semble hésiter, mais ne proteste pas. Elle se retire lentement, et je la laisse. Il n’y a plus rien à dire. Je la regarde se rhabiller, sans aucune émotion sur le visage. Elle était juste une distraction. Pas plus.

Je me lève et je jette ma cravate sur le canapé. Une rage sourde monte en moi. Ce n’est pas à elle que je pense. Ce n’est pas ce corps que je veux. Ce soir, tout ce que je veux, c’est retrouver la tranquillité de l’esprit. Mais je sais que je ne vais pas y arriver. Parce que je suis obsédé par une seule pensée. Elle. Milena.

Je prends une profonde inspiration et me dirige vers la salle de contrôle. Un de mes hommes y est, comme d’habitude, surveillant tout ce qui se passe. J’ignore la présence de la femme qui est encore là, la scène me semble tellement insignifiante. Elle est loin d’être ce qui me tourmente.

Je me penche, un ordre sur le bout de la langue, avant de l’articuler d’une voix glacée.

– Mets les caméras sur la chambre de Milena.

Je m’assois, défaisant ma cravate, et attend que l’écran s’illumine. C’est là que je la vois, l’image de Milena dans l’intimité de sa chambre, complètement ivre, son regard perdu, ses gestes tremblants. Elle parle. À qui ? À moi ? Je n’en ai aucune idée, mais son discours n’a ni sens ni structure. Elle s’adresse à la caméra, à moi, et elle ne le sait même pas.

Je la regarde, chaque parole, chaque mouvement, comme un jeu d’esprit. Je la vois qui parle d’elle-même, de sa vie, du piège dans lequel elle est. Mais je m’en fous. C’est son problème, pas le mien.

Mais je me surprends à la regarder plus longtemps que je ne le devrais, chaque mot qu’elle prononce m’enfonçant un peu plus dans ce tourbillon de questions sans réponses. Pourquoi elle ? Pourquoi elle m’obsède à ce point ?

Bordel.

Je me lève lentement, une dernière fois en la regardant, et éteins toutes les lumières de la chambre, laissant la pièce sombrer dans l’obscurité, mais pas complètement. Je laisse les rideaux ouverts, que la lumière froide de la lune vienne éclairer son visage endormi. Cette lumière pâle, presque spectrale, caresse ses traits comme si elle essayait de réparer, d’adoucir cette scène. Mais rien n’adoucira ce que j’ai fait, ce que je vais faire.

Milena dort profondément, inconsciente de tout. Elle ne sait pas qu’elle est dans ma chambre. Elle ne sait pas qu’elle est sous mon contrôle total. Elle ne sait pas qu’elle est la proie. Et, putain, ça me fait quelque chose. Il y a cette sensation étrange, cette attraction. C’est plus fort que tout. Un mélange de désir et de haine.

Je m’installe dans le fauteuil au fond de la pièce, mes yeux ne quittant pas son corps. Je devrais être apaisé, détaché, mais je n’arrive pas à me concentrer sur autre chose que sur elle. J’ai envie de la toucher. Mais en même temps, je veux lui faire du mal. C’est contradictoire. C’est comme si j’étais déchiré entre ces deux désirs. Il n’y a jamais eu de femme qui ait eu un tel effet sur moi, jamais. Pas même dans les missions que j’ai menées tout au long de ces 28 années de ma vie. J’ai tué, j’ai manipulé, j’ai brisé des vies. Et maintenant, je me trouve là, à regarder cette femme, un mélange de rage et de désir me dévorant de l’intérieur.

Je sais ce que je veux, je sais ce que je dois faire. Mais quelque chose dans son regard, dans sa vulnérabilité, m’empêche de la traiter comme toutes les autres. Elle me perturbe. Ce n’est pas juste une femme. C’est quelque chose d’autre. Quelque chose qui s’insinue dans ma tête, qui s’installe dans mon esprit comme un poison lent.

Je me lève et vais chercher dans la petite table de chevet à côté de moi un joint déjà roulé. Je l’allume, l’odeur âcre de la fumée se mêlant à l’air frais de la nuit. J’inspire profondément, laissant la fumée envahir mes poumons. Je souffle lentement, mes yeux ne quittant toujours pas Milena. La fumée tourbillonne autour de moi, floutant légèrement ma vue, mais je la vois encore. Toujours là, allongée, cette silhouette fragile que j’ai mise là, sous ma main, sous mon pouvoir.

Je m’assois à nouveau, laissant la fumée m’envelopper. Je me permets de rester là toute la nuit, seul avec mes pensées. Ce sentiment étrange que j’éprouve pour elle, je ne sais pas comment le nommer. C’est dangereux, ça me consume, mais je ne peux pas l’ignorer. Et je ne veux pas.

La nuit semblait s’étirer en interminables secondes, l’atmosphère de la chambre pesant lourdement sur moi. Je suis éveillé, mais mes yeux restent fermés un moment, mes pensées enchevêtrées dans un tourbillon étrange de désir et de haine. La fumée du joint flotte encore autour de moi, et je laisse mes pensées dériver, quand soudain, un bruit sourd dans la salle de bain me réveille en sursaut.

Mon cœur s’emballe, une montée d’adrénaline qui fait exploser mes sens. Je ne pense même pas, je réagis. Ma main se précipite instinctivement vers l’arrière de ma ceinture, attrapant l’arme. L’obscurité de la chambre se mêle à la tension. Je me redresse lentement, mes mouvements calculés, presque silenciés. Un bruit supplémentaire, un léger fracas qui me pousse à m’approcher de la porte de la salle de bain, mes pas discrets.

Je me fige, écoutant attentivement. Rien. Mais ce silence est presque aussi oppressant que le bruit. Une dernière fois, je pousse la porte avec une force surprenante, mes muscles tendus. Le bois de la porte éclate sous la pression de mon pied, et je pénètre dans la pièce, l’arme immédiatement levée, visant l’ombre qui se tient là, au centre de la salle de bain.

Milena, ses yeux grands ouverts, l’horreur se lisant sur son visage, pousse un cri, un cri perçant qui déchire l’air. Le verre d’eau qu’elle tenait tombe au sol, se brisant en éclats autour de ses pieds. Elle semble complètement paniquée, tremblante, et son regard, rempli de terreur, croise le mien. Elle n’a pas encore vu l’arme, mais elle comprend vite. Je ne baisse pas mon arme, la fixant sans une once de pitié, sans un mot. Elle hurle encore, des insultes qui fusent de ses lèvres tremblantes, et je ne réagis pas, je suis trop détaché pour ça.

Mais dans un coin de ma tête, un détail m’atteint brutalement. Je la regarde, encore dans cette position étrange, debout devant moi, complètement perdue. C’est alors que je me souviens. Merde. J’avais complètement oublié. J’avais monté Milena dans ma chambre, je l’avais prise sous mon contrôle, pensant qu’elle se tiendrait tranquille… Mais voilà, je l’avais laissée là, vulnérable, ivre, et la voilà qui me fait face avec cette peur évidente dans ses yeux.

Je baisse un peu l’arme, juste un instant, me forçant à recadrer ma pensée. Ce n’est pas comme si elle avait une chance de s’échapper. Mais sa colère, sa peur… cela m’agace et m’attire, d’une manière inexplicable.

La lumière crue de la salle de bain me brûlait les yeux.

Mon doigt restait crispé sur la détente.

L’arme pointée en plein sur sa tête.

Ma respiration lente, contrôlée.

Comme on m’a appris.

Elle se tenait là, figée, ses yeux écarquillés plantés dans les miens, un simple verre d’eau éclaté au sol. Et ce putain de silence. Sourd. Oppressant.

Ses lèvres tremblaient. Et je vis les larmes monter. Elle ne disait rien. Elle ne bougeait pas. Une statue de peur.

Parfaitement vulnérable.

Un autre moment. Une autre vie. On m’aurait ordonné de tirer. Je l’aurais fait sans réfléchir. Sans cligner des yeux. C’est ce qu’on m’a appris.

Tuer sans trembler.

Effacer sans poser de questions.

Obéir.

Ne jamais s’attacher.

Et pourtant… mon bras ne bougeait plus.

Pas parce que je l’épargnais. Non. Juste… parce que son regard me dérangeait. Parce que je ne contrôlais pas ce que je ressentais.

Putain, pourquoi elle ?

Je voulais qu’elle parle. Qu’elle m’insulte. Qu’elle fasse quelque chose qui justifie que je tire. Qu’elle me facilite la tâche.

Mais non. Elle se contentait de me regarder avec cette putain de peur dans les yeux. Et je détestais ça.

Je grognai, serrant la mâchoire.

Tu comptes rester là à chialer comme une gosse ou tu vas m’expliquer ce que tu foutais dans ma salle de bain ?

Sa lèvre inférieure trembla. Elle ouvrit la bouche, puis la referma. Elle semblait chercher ses mots, mais aucun son ne sortait.

Tu crois que j’hésiterai, c’est ça ? Ma voix était plus rauque que je ne l’aurais voulu. Plus… humaine.

Elle baissa les yeux, et là, elle murmura presque :

Tu… Tu allais vraiment me tuer… ?

Je ne répondis pas tout de suite.

Parce que oui.

Je l’aurais fait.

J’étais à deux doigts.

Mais le fait qu’elle pose la question… que sa voix soit aussi brisée… ça me heurta plus fort que prévu.

Je soufflai par le nez, agacé, abaissant lentement mon arme.

Oui. Ma voix claqua comme un fouet. À une seconde près, t’étais morte.

Ses yeux s’embuèrent encore plus. Mais elle releva la tête, une lueur de rage dans le regard.

Et qu’est-ce que je fous ici, hein ? Pourquoi t’as ramené mon corps dans ta putain de chambre ?! Qu’est-ce que tu m’as fait ?!

Je restai figé.

Cette question… elle m’avait frappé en plein estomac.

Tu crois quoi ? soufflai-je entre mes dents, le regard noir. Tu crois que j’te touche sans ton accord ? Tu crois que j’ai besoin de droguer une femme pour l’avoir ? Je m’approchai d’un pas, furieux. Tu sais pas à qui tu parles, Milena. Tu sais pas de quoi je suis capable.

– Je me souviens pas m’être endormie ! hurla-t-elle. Alors explique-moi ! T’as rien fait ? Vraiment ?!

Mon cœur battait trop fort.

Putain.

Elle venait vraiment de dire ça.

Elle venait de m’accuser. Moi.

Moi, Alek Petrov.

J’avais massacré des hommes de sang-froid. J’avais regardé des familles pleurer sans sourciller. Mais là, cette accusation me glaça le sang.

Ma mâchoire se contracta violemment.

Je me sentis… blessé.

Et c’était nouveau.

T’es complètement malade. Ma voix trembla. J’ai ramené ton corps ivre mort dans ma chambre parce que t’étais incapable de marcher, parce que t’étais à deux doigts de t’étouffer dans ta propre gerbe, parce que personne voulait te voir comme ça.

Je fis un pas de plus.

Et je t’ai posé sur MON lit, et je t’ai regardée toute la putain de nuit pour être sûr que t’allais pas crever. Et toi, tu crois que j’t’ai agressée ?

Je la pointai à nouveau du doigt. Plus d’arme. Juste ma main tremblante de colère.

T’as aucune putain d’idée de qui je suis. Mais t’as encore moins idée de ce que je ressens quand tu me regardes comme ça.

Je soufflai, les veines du cou tendues.

Et ça, crois-moi, c’est bien plus dangereux que n’importe quelle balle.

Je la regardais.

Les mains légèrement tremblantes, les larmes aux yeux, le souffle court.

Et malgré ça, malgré cette vulnérabilité évidente sur son visage, elle trouvait encore la force de me défier.

Elle a peur de moi… mais elle ose encore me tenir tête.

Je ne baissai pas mon arme. Pas d’un centimètre.

Tu vas vraiment me buter là ? Comme ça ? Parce que j’me suis levée pour boire un putain de verre d’eau ?!

Elle hurlait. Les veines de son cou tendues. Le verre éclaté à ses pieds.

Je restai figé.

Tu devrais dire merci. Ma voix sortit plus froide que je ne l’aurais cru. Tu devrais être à genoux à me remercier d’être encore vivante. Tu sais ce que j’aurais pu te faire cette nuit ? Ce que d’autres auraient fait ?

Et c’est censé me rassurer ?! Que t’as eu la décence de pas me violer ?!

Je serrai la mâchoire. Fort. Putain.

Tu crois que je t’ai ramenée ici pour te faire quoi, hein ?! Tu crois que j’ai que ça à foutre de ma nuit ?! Je fis un pas en avant, l’arme toujours levée, mon souffle plus court, plus haché. T’étais à moitié inconsciente, à moitié nue, par terre, dans ta robe déchirée comme une loque !

Je la pointai du doigt avec la crosse de mon arme.

Tu crois que j’avais besoin de toi pour baiser, Milena ? Tu crois que j’en ai pas dix, des femmes, prêtes à m’appeler « maître » juste pour une minute avec moi ?!

Elle me fusilla du regard. Elle allait répondre. J’en étais sûr. Et elle le fit.

Alors pourquoi moi ?! Pourquoi tu me fous pas en bas, comme les autres ?! Pourquoi tu me gardes ici ?! Tu veux quoi de moi ?! Tu veux que je t’aime ?! Tu veux de la reconnaissance ?! T’es pathétique Alek !

Bang.

Ses mots claquèrent plus fort que le coup d’arme que je n’avais pas tiré.

Je sentis mon doigt se crisper sur la détente, juste une seconde.

Puis je ris. Un rire vide. Amer.

Je veux rien de toi. Tu crois qu’t’as de la valeur ? T’es qu’une merde ramassée dans un bar.

Je baissai l’arme, lentement, avant de la pointer vers le sol.

Si je voulais de l’amour, Milena, je serais pas devenu ce que je suis.

Un silence.

Puis elle craqua à son tour :

Alors laisse-moi retourner dans ma putain de chambre !

Je criai. Brutalement.

NON !

Je fis un pas vers elle, la dominant de toute ma hauteur.

Tu restes ici. Tu sors pas. Tu fais ce que je dis. Parce que si je t’ai gardée cette nuit, c’est pas parce que je t’aime, c’est parce que je supporte pas l’idée qu’on touche à ce que je possède.

Elle ouvrit la bouche… mais je coupai :

Et avant que tu balances encore tes grandes phrases de rebelle : ouais, j’te possède. Parce que c’est comme ça dans mon monde.

Je la fixai droit dans les yeux.

Et j’suis prêt à crever pour ce qui m’appartient. Même si c’est une emmerdeuse de première.

Je baissai enfin l’arme. Lentement.

Son regard ne bougeait pas. Elle restait figée. Comme une biche prise dans les phares. Des larmes encore accrochées à ses cils. Mais elle ne pleurait plus.

Je la fixai une dernière fois, analysant son langage corporel.

Elle ne tremble pas. Elle est terrorisée, mais elle ne tremble pas. Intéressant.

La plupart des femmes, à ce stade, se seraient écroulées au sol, imploré, supplié.

Elle, elle restait droite. Brisée peut-être, mais pas soumise.

Un soupir m’échappa.

Je fis demi-tour sans un mot.

Le soleil commençait à filtrer à travers les rideaux encore entrouverts. Une lumière blafarde, presque ironique. Comme si le monde osait prétendre qu’une journée normale allait commencer.

Ridicule.

Je passai devant le lit défait, les draps encore marqués par son corps. Puis j’ouvris le dressing, tirant un t-shirt noir et un pantalon de rechange. L’odeur du sang séché me collait encore à la peau, même s’il n’y avait pas eu de sang cette nuit-là.

Pas cette fois.

Je revins vers la salle de bain, lentement. Mon pas résonnait dans la pièce. Elle n’avait pas bougé. Toujours au même endroit. Pieds nus, entourée d’éclats de verre.

Je la regardai, silencieux.

Elle me fixait aussi, bouche entrouverte, comme si elle hésitait à parler. Mais elle ne dit rien.

Intelligent. Pour une fois.

Je poussai la porte de la douche, jetai les vêtements sur la chaise dans le coin. Puis, sans détourner les yeux d’elle, je retirai ma chemise, déboutonnant lentement chaque bouton, laissant tomber le tissu au sol.

Elle détourna enfin le regard.

Je souris intérieurement.

T’as qu’à bouger si t’as peur des éclats.

Ma voix était froide, tranchante, détachée.

Ou reste là. C’est pas mon problème.

Je retirai mon pantalon, restant en boxer, puis j’entrai sous l’eau. L’eau glacée me heurta la peau d’un coup, mais je ne frissonnai pas. C’était même agréable. Comme un retour à la réalité.

Elle était là, quelque part derrière. Figée dans un coin.

Et moi, je fermai les yeux, laissant l’eau ruisseler sur mon visage.

Je ne ressens rien.

Je ne dois rien ressentir.

Elle n’est qu’un pion. Qu’un moyen. Rien de plus.

Mais alors pourquoi son silence me dérangeait autant ?

Un bruit sec.

Le frottement d’un éclat contre le carrelage. Puis un second.

Elle avait bougé.

Milena avait relevé les yeux vers moi, doucement, comme si chaque battement de cils était une décision. Ses larmes ne coulaient plus. Son regard n’était pas vide. Non. Il était... rempli d’autre chose. De cette rage muette, de cette envie de ne pas m’offrir la satisfaction de la voir flancher.

Et j’adorais ça.

Elle entama un mouvement, discret, mesuré. Presque gracieux malgré la situation. Son pied glissa doucement vers le sol jonché de verre. Elle essayait clairement de garder son calme, comme si elle avait oublié que mes yeux étaient braqués sur elle depuis le début. Ou peut-être qu’elle le savait. Peut-être qu’elle me testait.

Mauvais jeu, Milena.

Un autre bruit.

Le bruit net d’un fragment qui se fend sous le poids.

Sa mâchoire se contracta aussitôt.

Presque imperceptiblement.

Mais moi, je le vis.

Je vois tout.

Elle venait de se couper. Ce n’était pas profond, pas de sang visible. Mais c’était là. La douleur venait de la traverser, et elle l’avait ravalée. Sans un cri. Sans un mot. Juste cette crispation brève sur ses lèvres, et ce regard qui refusait de flancher.

Je restai figé.

Quelque chose en moi... remua.

Pas de la fierté. Pas cette fois.

Autre chose.

Un désir sombre. Brut. Brutal.

Le genre qui n’a rien à voir avec la tendresse.

Le genre qu’on ressent quand on voit quelque chose de pur résister à l’épreuve qu’on lui impose.

Et on veut l’user jusqu’à ce qu’il cède.

Jusqu’à ce qu’il se brise.

Sa peau fine se tendait sous la lumière tamisée de la salle de bain. La robe, toujours déchirée, laissait apercevoir la courbe de sa hanche, la douceur de sa chair qu’elle ne savait même pas offrir. Une beauté qu’elle portait sans la vouloir, sans la comprendre. Une beauté qui me rendait fou.

Et moi, là, sous l’eau, le souffle lent... j’étais figé.

Pas par surprise.

Par contrôle.

Parce que si je bougeais maintenant, je ne savais pas ce que je ferais.

Elle posa un deuxième pied au sol. Lentement. Un autre fragment de verre se fissura.

Son corps se tendit de nouveau. Un petit gémissement qu’elle ravala. Ses doigts s’agrippèrent à la vasque comme pour retrouver l’équilibre.

Et moi, je la fixais toujours.

Les mâchoires serrées.

Le regard noir.

Le cœur froid… mais la chaleur qui montait, plus bas.

Ce n’était plus seulement du jeu, là.

C’était dangereux.

Et elle ne le savait pas.

Ou peut-être qu’elle le savait… et qu’elle s’en foutait.

Je laissai l’eau couler sur moi encore un instant, les muscles bandés.

Pas à cause du froid.

Pas à cause de la peur.

À cause d’elle.

Parfait, on continue à construire ce bras de fer silencieux, ce jeu de tension constante entre domination et résistance, entre le feu glacé d’Alek et l’instinct de survie fébrile de Milena.

Et là, il ne s’agit plus seulement de pouvoir physique, mais d’un pouvoir plus profond, plus viscéral : celui de désirer quelqu’un qui ne vous désire pas, et de ne pas comprendre pourquoi ça vous obsède autant.

Elle frissonnait.

Le tissu collé à sa peau ne cachait plus rien. Sa robe n’était plus qu’un voile détrempé, transparent par endroit, s’accrochant à ses formes comme si elle implorait qu’on la déchire entièrement.

Mais elle ne suppliait pas.

Elle ne me regardait même pas.

Et ça…

Ça me rendait fou.

Aucune femme ne m’avait résisté.

Aucune.

Mon nom, ma réputation, mon pouvoir suffisaient d’habitude à les faire tomber.

Elles venaient à moi. Elles me caressaient le bras. Elles cherchaient mon regard.

Mais elle… elle me fuyait.

Elle me fuyait comme si j’étais la mort en personne.

Et peut-être que je l’étais.

Mais putain, ça m’excitait.

Je tendis la main, lentement, et j’attrapai son menton entre mes doigts.

Ma paume se posa contre son cou trempé.

Je sentis le sang qui battait fort sous sa peau.

Son pouls était rapide.

Sa température avait monté.

Peur ? Colère ? Ou autre chose ?

Je la forçai à lever la tête.

Nos visages n’étaient plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre.

Son souffle heurtait ma peau.

Et là…

Je plantai mes yeux dans les siens.

Bleus. Bleus comme les glaces de Sibérie.

Et pourtant, il y avait une chaleur dedans. Une brûlure de vie.

Elle ne baissait pas les yeux.

Elle n’osait pas bouger. Mais elle tenait.

– Tu as mal ?

Ma voix sortit plus grave que prévu. Presque rauque.

Je ne savais même pas pourquoi je posais la question.

Mais c’était sorti.

Comme si j’attendais autre chose qu’un “non”.

Et pourtant…

– Non.

Les dents serrées. Le regard fixe.

Encore une réponse pleine de résistance.

Encore un défi.

Mon pouce remonta le long de sa gorge, effleurant sa peau fine et tendue.

Je sentis sa gorge se contracter.

Elle avalait sa salive.

Elle avait mal. Elle avait peur. Elle était sur le fil.

Et moi, j’étais incapable de détourner les yeux.

Contrôle ton cœur, Alek.

Elle n’est pas comme les autres.

Elle peut te faire tomber.

Je resserrai ma prise, pas assez pour faire mal, juste assez pour lui rappeler qui j’étais.

Mais cette fois, ce n’était pas elle que je voulais briser.

C’était moi que je tentais de retenir.

Ses yeux ne me quittaient plus.

Je la tenais encore. Mon pouce effleurait sa gorge, et mes doigts étaient restés crispés contre sa nuque.

Elle respirait plus fort.

Mais elle ne fuyait pas.

Plus maintenant.

Et puis, dans ce silence tendu, dans ce face-à-face où l’on ne savait plus qui dominait qui…

Elle osa parler.

– Est-ce que t’as eu mal… ?

Je clignai des yeux.

Mes sourcils se froncèrent à peine.

Quoi ?

– Quoi ? ma voix était basse, presque rauque.

Je ne comprenais pas. Pas tout de suite.

Jusqu’à ce que je la voie…

Ses yeux.

Ils glissèrent doucement vers ma bouche.

Mes lèvres.

Là où la cicatrice biseautée tranchait ma lèvre inférieure.

Un sillon irrégulier. Rugueux. Un vestige de ma vie d’avant.

Je sentis mon cœur cogner lentement dans ma poitrine.

Cette cicatrice...

Elle datait de mes seize ans.

Premier contrat.

Première trahison.

Un homme, un politicien corrompu qui avait retourné sa veste. J’étais entré chez lui par la fenêtre, silencieux, précis. Mais il m’attendait. Et sa fille... sa fille s’était interposée.

Il m’avait pris par surprise.

Une barre de fer.

Un coup brutal.

Ma lèvre avait éclaté sous l’impact.

J’avais pissé le sang.

Je m’étais effondré… puis relevé.

Et je les avais tous tués. Tous.

Depuis ce jour, je ne ressentais plus rien.

Ni la douleur.

Ni les remords.

Je baissai les yeux à mon tour.

Ses lèvres à elle.

Elles étaient pleines, tremblantes, rougies par la douche, par l’eau chaude, par la peur, peut-être.

Et pourtant, putain… j’avais envie de les capturer.

De les posséder.

De les faire taire.

De les goûter.

Une seconde.

Deux secondes.

Nos respirations se confondaient presque.

Elle ne recula pas.

Elle ne parla plus.

Je posai mon regard dans le sien, profondément.

Et je soufflai, d’une voix froide, dénuée de tout sentiment :

– J’ai pas eu mal.

Pause.

Un soupir lent, menaçant.

– J’ai jamais mal. Je ressens rien.

Mensonge. Ma bite dit le contraire la.

Mais j’avais besoin qu’elle y croit.

Parce que si elle voyait ce qu’elle provoquait en moi…

Ce feu, ce bordel…

Elle aurait gagné.

Et personne ne gagne contre moi.

Je la sentais respirer plus vite, maintenant.

Ses lèvres se pinçaient.

Elle n’avait pas bougé d’un millimètre, pourtant il y avait quelque chose dans son regard… une lueur.

Un défi.

Elle luttait contre elle-même, c’était évident.

Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de me tester.

De voir jusqu’où je pourrais la pousser.

De voir jusqu’où elle pourrait me pousser.

Ses yeux étaient rivés sur moi.

Puis, dans un mouvement imperceptible, elle glissa ses lèvres vers la cicatrice.

Elle l’effleura presque du regard.

Et là, comme une étincelle dans une forêt sèche, elle osa murmurer :

– T’es sûr de ne rien ressentir ? Parce que...

Elle marqua une pause.

Ses yeux se baissèrent un instant, puis se relevèrent vers moi avec une lueur à la fois amusée et provoquante.

– Tu as l’air d’avoir vraiment envie de me toucher…

Sa voix, douce mais pleine de sous-entendus, glissa dans la pièce comme une caresse empoisonnée.

J’encaissais.

Chaque mot.

Chaque syllabe.

Elle savait.

Elle savait exactement ce qu’elle faisait.

Et ça m’agaçait.

Ça me faisait bouillir.

Mais dans le même temps, je ressentais… un besoin d’aller plus loin.

C’était une provocation.

Mais elle ne savait pas que c’était moi qui avais toujours le dernier mot.

Je n’étais pas le genre d’homme à me faire manipuler.

Et pourtant, là, sous mes yeux, elle était en train de me pousser dans mes derniers retranchements.

Elle voulait tout casser.

Elle voulait voir jusqu’où j’irais.

Ma respiration se fit plus lente, plus contrôlée, même si je sentais la rage me ronger.

Je pris un moment.

Un moment qui sembla durer une éternité.

Je la regardai dans les yeux, observant la façon dont elle tentait de garder son calme, son corps tremblant légèrement sous l’eau froide.

Puis, sans crier gare, je m’approchai d’elle d’un pas.

L’odeur de sa peau mouillée m’envahit.

Elle ferma les yeux, comme si elle savait ce qui allait arriver.

Mais elle ne bougea pas.

Je me penchai lentement vers elle, ma main se glissant derrière sa nuque.

Elle ne pouvait plus fuir.

Ni d’un geste, ni d’un mot.

Je m’approchai encore plus près, mes lèvres effleurant son oreille.

J’y murmurai, sur un ton bas, presque glacial :

– Ne me provoque pas. Parce que je vais te montrer que tu ne sais pas avec qui tu joues...

J’avais l’impression qu’elle se tenait là, juste au bord de tout ce qui pouvait l’effrayer.

Et pourtant, elle me regardait toujours comme si elle voulait me tester encore.

Comme si elle voulait me faire craquer.

Mais je savais, au fond, que si elle voulait ça… alors j’allais lui offrir une version d’Alek qu’elle n’oublierait jamais.

Je pouvais presque sentir son cœur battre plus fort contre ma peau, dans cette proximité insupportable.

Elle était là, sous mes mains, un peu tremblante, un peu nerveuse, mais surtout... incertaine.

Elle savait ce que je pouvais faire.

Elle savait exactement où je voulais l’emmener.

Sa respiration était un peu plus agitée maintenant, mais elle ne disait rien.

Elle me défiait du regard, mais je pouvais aussi lire, derrière cette provocation, un peu de peur.

Une peur qui, je devais l’admettre, m’excitait.

J’étais un monstre dans sa tête, un prédateur à ses yeux, et pourtant…

Elle ne pouvait pas s’empêcher de s’approcher.

Elle ne pouvait pas s’empêcher de tester ses limites.

C’était une danse subtile.

Elle voulait que je la fasse céder, mais en même temps, elle me repoussait avec chaque respiration.

Elle voulait que je la vois faible, et moi…

Je voulais la voir se briser sous ma volonté.

Mais pas tout de suite. Pas encore.

Je plongeai mon regard dans le sien, mes yeux ne la quittant pas une seule seconde.

Elle était maintenant totalement soumise à mon emprise, et je le savais.

Elle luttait encore contre ça. Mais je voyais la flamme dans ses yeux.

Elle voulait tout casser. Elle voulait tout contrôler.

Et moi… j’étais prêt à tout faire pour lui montrer qu’elle n’avait aucun pouvoir sur moi.

Je pouvais presque entendre son cœur battre.

C’était presque palpable.

Je me redressai lentement, détournant mon regard d’elle pour observer la pièce, mais la tension restait la même.

Je ne voulais plus de ces jeux.

Je voulais lui montrer qui était vraiment le maître ici.

Je voulais qu’elle le comprenne.

Sans avertissement, je pris son poignet d’un geste sec, l’attirant vers moi avec une force brutale.

Elle se redressa instinctivement, les yeux écarquillés de surprise.

Je la poussai contre le mur avec un grognement, un regard intense planté dans les siens.

Elle n’eut même pas le temps de réagir, elle se retrouva juste là, sous moi, sans pouvoir s’échapper.

Je la dominai sans aucun remord.

– Tu es complètement imprudente, Milena.

Je la fixai encore plus durement, comme si mes yeux étaient un feu qui pouvait la consumer.

Elle aurait dû s’effondrer sous la pression, mais au lieu de ça, elle me défiait toujours.

Ses yeux brillaient d’une lueur presque folle.

Je baissai lentement mes mains vers elle, mais je n’y allai pas tout de suite.

Je la laissai mariner dans la tension, la laissant souffrir un peu.

Elle en avait besoin, je le savais.

Elle voulait me faire réagir. Elle voulait me voir céder.

Mais je n’étais pas comme les autres.

– Tu penses que tu peux me faire tomber, n’est-ce pas ?

Je n’attendais même pas sa réponse.

Je savais déjà qu’elle pensait ça.

Elle voulait voir si je flancherais.

Mais je savais qu’elle allait vite se rendre compte qu’elle n’était pas prête pour ça.

Elle essaya de résister, d’arracher ma main de sa taille, mais je la maintenais fermement.

Elle me défiait encore, mais je pouvais sentir son corps légèrement trembler contre le mien.

Je me penchai plus près d’elle, mon souffle chaud effleurant sa peau, et je sus qu’elle savait que l’instant suivant pourrait tout changer.

Elle ne pouvait pas lutter contre moi.

Pas vraiment.

Je murmurais, ma voix basse et pleine de promesses.

Je pouvais sentir chaque centimètre de son corps contre le mien, sa chaleur, sa respiration irrégulière.

Elle me défiant toujours, un regard sombre, une lueur de défi et de peur mêlées.

Elle pensait pouvoir me manipuler, jouer avec mes nerfs, mais elle ne comprenait pas que, malgré son apparente bravoure, elle était déjà à ma merci.

Elle m’attirait dans une danse dangereuse.

Elle pensait pouvoir me fuir, mais elle était piégée dans un enchevêtrement de ses propres émotions.

Et moi, j’étais là, maître du jeu.

Je baissai lentement mes yeux vers ses lèvres, capturant l’intensité de son regard, un jeu de regards que je n’avais pas l’habitude de perdre.

Elle m’avait vu flancher un instant, me laisser submerger par un désir qu’aucune autre femme n’avait jamais éveillé.

Elle ne le savait pas, mais je ne me contrôlais plus tout à fait.

Elle m’avait pris dans un piège invisible, et ça me plaisait, m’excitait, mais aussi me mettait en colère.

Elle voulait tester mes limites. Très bien, je lui montrerais.

Mais il y avait aussi ce désir qui grondait en moi, comme une bête prête à se libérer.

Et je n’arrivais plus à l’ignorer.

Je fis un pas en avant, ma main effleurant doucement son visage, mes doigts frôlant le contour de sa mâchoire.

Elle ferma les yeux un instant, comme si le contact la perturbait, avant de les rouvrir pour me fixer intensément.

Je pouvais voir l’hésitation dans son regard.

Elle voulait me repousser, mais en même temps, elle me voulait.

Je pouvais le sentir.

Elle me défiait, me provoquait, me forçait à la briser, et je savais qu’elle avait bien compris que je la tenais déjà.

Mes doigts glissèrent lentement jusqu’à son cou, effleurant sa peau douce, me délectant de sa tension palpable.

J’entendais son cœur battre plus fort, comme si elle savait ce qui allait venir.

Elle m’ignorait, me fuyait, mais elle était incapable de contrôler sa réaction.

Elle n’était pas encore brisée, mais elle vacillait.

Elle savait que je pouvais la détruire d’un simple mouvement, mais je voulais autre chose.

Je voulais la faire désirer ça.

Elle voulait fuir, et j’allais la pousser à venir.

Je voulais la rendre dépendante de cette tension, de ce jeu entre la douleur et le plaisir.

Et moi, j’étais prêt à lui offrir un peu des deux.

Je la forçai à relever la tête d’un coup sec, la maintenant en place, ma main fermement posée sur sa nuque, sans aucune douceur, juste une pression suffisante pour qu’elle sache qui commande ici.

Elle ne s’attendait pas à ça.

Je pouvais voir la terreur dans ses yeux un instant avant que ses lèvres ne tremblent, et je savais alors qu’elle savait exactement où ça allait nous mener.

– Tu veux vraiment savoir jusqu’où je peux aller, Milena ?

Ma voix se fit rauque, un murmure chargé de menace et de désir, et je m’approchai un peu plus près, mon souffle chaud contre sa peau.

Je sentais ses doigts se crisper autour de mon bras, ses jambes un peu tremblantes.

Elle était à la fois si proche et si éloignée, ce petit écart entre nous suffisant à la rendre folle.

Elle n’était plus qu’un fil tendu, prête à se briser sous ma main.

Je me penchai un peu plus près, mes lèvres frôlant les siennes à peine, me délectant de l’agonie dans ses yeux.

Elle voulait que je l’embrasse, et je voulais la faire languir, mais je ne pouvais plus me retenir.

Je la voulais, là, maintenant, et je n’allais pas laisser de place à son rejet.

Je la voulais contre moi, tout contre moi.

Je voulais sentir cette étincelle d’énergie pure, la fusion entre le danger et le désir.

Mais avant qu’elle ne puisse réagir, je serrai plus fort sa nuque, la forçant à m’affronter, la forçant à se soumettre.

Elle inspira profondément, sa poitrine se soulevant sous la tension, et c’est là que je sentis le basculement.

J’étais plus proche d’elle maintenant que jamais.

Elle allait sentir chaque parcelle de ma colère, mais aussi tout ce que je désirais.

Je ne pouvais plus revenir en arrière.

Et alors, lentement, avec une assurance glacée, je posai mes lèvres sur les siennes.

Le contact fut brutal, sans préambule, aussi violent qu’un coup de poing.

Elle sembla d’abord se figer, sous l’effet de la surprise.

Mais quand elle se laissa faire, quand elle cessa de lutter contre cette attraction, je sus que j’avais gagné.

J’avais fait d’elle une partie de mon monde.

Et elle n’en sortirait pas.

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