Trump, le fanfaron providentiel
Donald Trump, spécimen emblématique du monde des affaires, cumule à lui seul toutes les outrances, la flamboyance, l’égocentrisme du parvenu. Paradoxalement, faute d’être un handicap à ses ambitions personnelles, ces tares lui ont servi de blanc-seing pour ses deux investitures à la tête de la nation la plus puissante et la plus hégémonique de la planète.
Le monde des affaires et sa horde d’affairistes:
De façon volontairement schématique, je dirais que dans cette corporation où la cupidité se brandit comme un étendard de moralité, cohabitent deux tempéraments antagonistes mais au postulat tendant vers une finalité commune, voire suprême.
Dans le premier clan résolument organique, primitif,voire parfois irrationnel, s’activent les prédateurs volontaristes. Ces seigneurs du monde se complaisent dans l’ornement, le clinquant et nous assènent, sur un ton condescendant, que leur réussite et leur fortune, ils ne les doivent qu’à leur génie.
Le deuxième clan, les ultras rationalistes nés avec un cerveau génétiquement modifié aux statistiques boursières et aux montages financiers alambiqués, œuvrent dans le silence feutré des réseaux hermétiques et hiérarchisés où finance, politique et médias s’entrecroisent et s’influencent. Cette mafia de la ploutocratie mondialiste, au cynisme assumé, optimisent leurs avoirs, générés par la dette infligée au peuple, dans des paradis fiscaux.
Mais bien évidement, ces deux clans qui ne sont que les deux faces opposées du même billet de banque, s’associent dans une dévotion commune pour l’argent et un mépris affiché pour la populace. L’avantage avec Mister Trump, ce hâbleur impénitent, c’est qu’il nous invite, jour après jour, à contempler ce qui se mijote sous son brushing.
Leur conception du monde, où disons plutôt: «le monde selon Trump» peut se résumer à cet acte bravache: Le développement durable, ce serpent de mer qu’on nous agite sous le nez depuis des décennies pour nous faire avaler les pilules les plus amères, le Donald, il s’assoit dessus. Tous ces engagements multi-nationaux arrachés de hautes luttes, ces résolutions signées et porteuses d’un début d’espoir, il en fait des boulettes bien compactes qu’il nous jette aux visages. Contrairement à l’ensemble de ses prédécesseurs, il a l’honnêteté de le faire en plein jour.
Développement durable:
Pour peu qu’on s’interroge sur les enjeux du développement durable on réalise que face aux générations futures, nous sommes (j’emploie le mode présent) juridiquement et moralement coupables de non assistance à planète en danger.
Le développement durable, ce difficile exercice d’équilibre entre trois socles fondamentaux de la société humaine, permettrait à chaque citoyen de vivre sur cette planète dans la dignité et le respect qui lui est dû. Ces trois enjeux sont: l’économie, le social et l’écologie. D’emblée on comprend qu’avec cet ordre mondial dans lequel nous pataugeons où tout se vend et tout s’achète l’économie, cette hydre, a définitivement financiarisé le social et l’écologie.
Le paradoxe de cette capitulation face à l’économie, réside dans le fait que nous, citoyens à priori concernés, avons délégué le rôle d’arbitre, de régulateur de ce développement durable à nos élites politiques. Ces mêmes élus prenant conseil ou étant au service d’instances extra gouvernementales telle que la communauté européenne, la banque mondiale, le FMI et autres OCDE voire même comble de l’ironie des agences de notation, ensemble d’organisations mises en place et contrôlées par ces nouvelles dynasties financières et leur laquais.
De plus, dans cette mondialisation dérégulée et chaotique, les états nations démocratiques, organes protecteurs et représentatifs des citoyens, ont perdu tout pouvoir. Leurs rôles se bornant à entériner sous forme de lois et décrets, les décisions prises par ces juridictions sous la pression lobbyiste des consortiums industriels et financiers , acteurs de l’économie de marché.
Économie de marché:
Tout le credo de l’économie de marché, repose sur ce sacro-saint mensonge qui voudrait que l’avènement de la production industrielle y compris dans le domaine alimentaire allait rendre possible et égalitaire pour tous l’accès aux biens et aux services et donc permettre aux gens de vivre enfin conformément à leurs choix. En réalité, dans ce casino mondialisé, l’économie et le mythe du ruissellement des richesses se résument à un transfert global de capitaux au bénéfice d’une minorité particulièrement vorace.
Objectif de l’économie marchande: D’une simplicité redoutable et immuable. Il se fixe dans le cadre d’une relation d’offre et demande par l’intermédiaire d’un instrument d’échange «la monnaie (aujourd’hui la dette)», La finalité pour les deux parties étant, uniquement, de maximiser leurs intérêts privatifs où la notion même d'altruisme n'a pas sa place.
Stratégies de l’économie marchande: Même si la ligne directrice se trouve déjà théorisée dans le livre référence attribué à Sun Tsu « L’art de la guerre » écrit il y a deux milles trois cent ans; Les stratégies adoptées de nos jours se révèlent multiformes, tentaculaires, ultra complexes voire occultes et donc éminemment pernicieuses. La croissance implique de l’investissement qui génère de l’endettement ( eh oui! c’est la dette qui crée l’argent!)... aberration économique, spéculation,vecteurs clés d’une libre concurrence débridée dont le moteur principal se nomme: société de consommation.
Société de consommation:
Je me contenterai d’un exemple concret et chiffré: Prenons le cas du Coca Cola, ce fameux soda pas plus vital pour la survie de l’espèce qu’une figurine de Pokémon: il s’en boit en moyenne 350 milliards de litres par an (chiffre planetoscope). Ce breuvage constitue un exemple flagrant de cette culture de massification, d’unification de la race humaine.
La société de consommation engendre un monde unitaire, artificiel et donc déshumanisé progénié par cette pathologie quasi schizophrénique qui sépare notre intellect-action de celui de l’émotion, voire du pulsionnel. Par confort ou soumission, nous désapprenons à penser par nous même et à terme nous renonçons à notre liberté de décision. Les choix superficiels, déterminés par avance, ne sont en réalité que des leurres qui nous aveuglent et auxquels nous consentons puisqu’en accord avec la loi induite par notre propre inertie. Notre énergie et notre temps de vie, ainsi canalisés, fragmentés, se transforment en carburant alimentant cette délirante machine à fric.
J’en arrive parfois à penser que ce qui nous horripile le plus, chez le trublion Trump, c’est qu’il est le miroir grossissant de notre mutation, de notre régression spirituelle. Comme lui, nous souscrivons à cette évidence que nos produits manufacturés bas prix doivent être fabriqués par des esclaves économiques; comme lui nous nous offusquons théâtralement des dérives de cette société tout en nous vautrant avec délectation dans cette société qui n’est déjà plus une société de consommation mais une société du gaspillage généralisé.
Ce paradigme du Dieu argent nous confisque peu à peu notre humanité sans doute parce que, naïvement nous nous auto-persuadons que cette société est la concrétisation du mythe de la société idéale Pourtant il suffit de lever la tête pour constater qu’elle génère infiniment plus de problèmes qu’elle n’en résout.
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