Chapitre 10

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Un hoquet de stupeur m'échappe comme Timothy m'attrape de force par le poignet. Je geins de douleur alors que ma peau se tord entre ses doigts. 

—  Allez, j'ai bien mérité une petite danse pour la peine, tu ne penses pas ?

Son haleine emplie d'alcool me donne un haut de cœur. Sa deuxième main vient se nicher au creux de mes reins pour me ramener d'un geste ferme contre lui. J'ai la tête qui tourne et même pas assez de forces pour le repousser c'est un véritable cauchemar. 

Il m'entraine malgré moi vers la piste et se met à nous faire tourner maladroitement, aussi bourré que moi. Le monde vacille autour de moi, je me sens oppressée par la foule. J'essaie de chercher les filles autour de moi mais ma vision est trouble. Et c'est inévitablement que je régurgite tout le contenu de mon estomac sur Timothy. La réaction ne se fait pas attendre, une gifle monumentale me fait reculer d'un mètre.

—  Espèce de petite garce ! Tu l'as fait exprès ! Crois-moi, tu vas me le payer...

Mon regard s'emplit de terreur alors qu'il s'approche de moi avec une étincelle mauvaise dans le regard. Soudain, une personne s'interpose entre nous. Un soulagement évident m'envahit lorsque je reconnais la silhouette d'Eyden. 

—  Arrête mec, laisse-la tranquille, grogne-t-il d'un ton dangereux. C'est toi qui l'as forcée à venir danser et tu es dans un état tout aussi lamentable que le sien. Commence par aller décuver.

Une rage soudaine enfle en moi lorsque je comprends qu'il a vu toute la scène et qu'il n'a rien fait pour l'arrêter avant. Timothy grommèle quelque chose d'incompréhensible avant de tourner les talons. Eyden se tourne alors vers moi, le regard sévère. 

—  Il serait temps que tu apprennes à te sortir seule des emmerdes, ça devient fatiguant de toujours devoir te surveiller. 

Mes yeux s'ouvrent en grands devant tant de culot. Je ne m'attendais pas à ça. 

—  Je ne t'ai rien demandé, je rétorque. 

—  Très bien, la prochaine fois je te laisserai t'amuser avec Timothy.

Il me lance un sourire froid avant de retourner se mélanger aux gens. Sans que je ne sache trop pourquoi, cette indifférence m'a blessé. Je reste ébranlée un instant avant de me frayer un chemin jusqu'aux toilettes. J'ai vraiment besoin de me rincer la bouche ! J'essaie de me faire un bain de bouche avec de l'eau plusieurs fois et quand l'horrible texture a disparu de ma bouche, je bois à grosses gorgées au robinet pour débarrasser mon corps de tout l'alcool que j'ai ingurgité. Le choc causé par les remarques d'Eyden m'a fait reprendre un peu pied et m'a permis de remettre de l'ordre dans mes idées. Je reste quelques minutes aux toilettes pour reprendre mon souffle avant de décider de quitter définitivement cet endroit avant qu'un nouveau malheur ne m'arrive. 

J'aperçois les filles toujours en train de se déchainer sur la piste de danse. Elles ont visiblement sympathisé avec d'autres personnes. Avec un dernier regard de regret vers ce que je ne serais jamais, je décide finalement de rentrer à pied. L'air frais me fera du bien. Je préviens toutefois Rose de mon départ en lui envoyant un message même si je me doute bien qu'elle ne le verra pas tout de suite. 

Je sais que je suis à trente minutes à pied de chez Eyden mais je peux en rajouter dix vu mon état. Je me mets donc en route et c'est vers la moitié de mon trajet que j'entends une voiture ralentir son allure pour rester à ma hauteur. Les vitres teintées m'empêchent d'apercevoir son propriétaire et j'accélère inutilement mon allure. 

La fenêtre côté passager se baisse alors pour laisser apparaitre Eyden qui semble être dans une colère noire. 

—  Non mais tu es folle ? Qu'est-ce qui a bien pu se passer dans ta petite tête pour penser que c'était une bonne idée de rentrer seule si tard pour une jeune fille bourrée ? 

—  Je n'ai demandé d'aide à personne, laisse-moi tranquille.

—  Arrête de dire des conneries et dépêche-toi de monter. 

Je secoue la tête et continue de marcher, butée. J'ai encore bien en tête ses mots de tout à l'heure. 

—  Ça suffit, tu vas monter que tu le veuilles ou non ! 

Il gare sa voiture sur le bord de la route sans couper le moteur et alors qu'il amorce un mouvement pour descendre de son véhicule, une moto nous rejoint. 

—  Ça alors, mais c'est la demoiselle du bar. Vous avez besoin qu'on vous ramène. 

Je reconnais sans mal le jeune homme qui m'a gentiment offert une boisson tout à l'heure, même s'il était sûrement loin de s'imaginer que je la boive cul sec. Je lui rends son sourire conciliant. 

—  Volontiers, il y a souvent des gens douteux qui trainent dehors à cette heure-ci, je réponds en lançant un regard éloquent vers Eyden. 

Sans attendre sa réponse, j'attrape le casque qu'on me tend avant de grimper à l'arrière de la moto. 

—  On peut y aller, encore merci. 

Je jette un dernier coup d'œil vers mon colocataire alors que nous commençons à nous éloigner et son regard désapprobateur me fait presque jubiler. J'indique à mon chauffeur mon adresse qui se contente de hocher la tête. Dis minutes plus tard, nous sommes déjà arrivés et je le remercie encore une fois. 

—  De rien. Je suis Noah au fait et je pense qu'on peut se tutoyer. 

Décidément, impossible de faire autre chose que de sourire en sa présence. 

—  Je pense aussi. Et je suis Hana. 

—  Eh bien, au plaisir de te revoir belle Hana. Je travaille à une petite librairie sur le bord de plage, viens me voir à l'occasion. 

—  Je passerai un de ces quatre, promis. 

Il me quitte avec un dernier signe de main juste comme la voiture d'Eyden fait son apparition. Je me dépêche de rentrer mais bien évidemment, il me rattrape sur le palier devant ma chambre.  

— Qu'est-ce qui t'a pris de monter avec un inconnu ? Ne refais jamais ça ? 

— Tout va bien, je suis revenue en un seul morceau comme tu peux le voir. 

— Ne me provoque pas Hana, m'avertit ce dernier d'un ton dangereux.

Bon sang, pourquoi faut-il que des frissons me traversent le corps chaque fois qu'il dit mon prénom sur ce ton-là ?

— Quoi ? dis-je en battant des cils d'une façon innocente. C'est bien toi qui m'as dit que je devais arrêter de compter sur toi et me débrouiller toute seule, non ? 

Je me sauve ensuite dans ma chambre, la tête droite. On peut être deux à jouer à ce petit jeu et je ne vais pas me laisser faire...

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