reflet 

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Penchée sur le lavabo marbré de rouge, je fermais les yeux, autant pour essayer de me calmer que pour ne pas voir ce que j’avais fait. Je me sentais faible, sale et nulle. Forcée de rouvrir les yeux à un moment donné, je fus confrontée au sang carmin qui tachait l’émail blanc. Mes bras me faisaient souffrir et j’apercevais la lueur du métal de la lame qui brillait dans le sang, comme pour me narguer. En levant la tête, je fus confrontée à mon reflet dans le miroir. Mon teint blafard et mes cernes bleutés me donnaient un air de cadavre vivant, et ce n’étaient pas mes joues creusées qui m’aidaient à avoir une bonne allure. J’étais en train de mourir à petit feu, et rester dans le déni comme je m’efforçais de le faire depuis quelque temps n’arrangeait rien. Mon sommeil était chaotique, mon alimentation presque inexistante et pour couronner le tout, je m’autodétruisais à grand renfort de lames dès que j’en avais l’occasion. Et même si après je me sentais encore plus misérable qu’avant, je ne parvenais pas à m’en empêcher, comme une addiction malsaine. J’allais mourir de toute façon, et je n’avais aucune raison de vouloir ralentir le processus, rien ni personne ne me retenait. Je n’avais pas de passions, pas de frères, plus de sœur, mon père était un alcoolique notoire, démissionnaire et abonnés aux prostituées du quartier, et ma mère une pauvre femme incapable de se sortir de l’emprise de son mari et qui préférait se taire plutôt que d’agir. J’avais quitté la maison familiale dès que j’en avais eu l’opportunité, mais force est de constater que mes démons m’avaient suivis.

Je bandais mes avants bras meurtris, mécaniquement, ressassant les innombrables fois où je l’avais fait. J’étais tristement devenue une pro pour me soigner et pour enlever les taches de sang. Un rire, sinistre au vu de la situation s’échappa de mes lèvres, rapidement chasser par des pleurs. J’étais en vrac autant physiquement qu’émotionnellement. Lassée, je quittais la salle de bain en reniflant avant de rejoindre le fauteuil en cuir qui trônait au milieu du salon. Un vieux fauteuil de seconde main que j'avais récupéré sur le trottoir et dont le cuir était élimé à plusieurs endroits, et les coussins complètement affaissés sous le poids de je ne sais combien de personnes avant moi. Dans un sens, ce canapé et moi, on n'était pas si différent. La comparaison me vola un sourire. J’attrapais la bouteille de bourbon posée à côté de moi et bu à même la bouteille. Sans même véritablement m’en rendre compte, je la finissais. Et j’entamais une nouvelle bouteille, d’un alcool encore plus fort. Et une troisième. Une quatrième.

Et je m’endormais.

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