Chapitre 8 - Éclairs
J’ai regardé mes deux parents s’écrouler sur le sol, sans vie. La vision de leur visage ensanglantés, une balle dans la tête, hante déjà ma mémoire. Le chagrin s’empare de moi. Un chagrin immense, incontrôlable. Ma seule envie est d’aller les voir. Je me débat de toutes mes forces, mord la main qui me retient. L’emprise se desserre, je cours m’agenouiller devant eux. Mes genoux et mes mains atterrissent dans une mare de sang, je n’ose d’abord pas les toucher. Je caresse doucement les cheveux poisseux de ma mère. Mes larmes n’arrêtent pas de couler. Je fais de même avec mon père, tentant de le secouer un peu. Mais il ne se reveillera pas, je le sais. Et pourtant, je ne peux pas m’empêcher de le faire. Je lui supplie de se relever, le secoue de plus en plus, mais son corps est comme un pantin.
- Ça suffit, emmenez-là.
J’ai à peine entendu les mots prononcés par ce meurtrier. Il n’a pas appuyé sur la gâchette, mais il en est responsable. Deux mains me saisissent chacune un bras, me tirant pour me relever. Mais je refuse de les suivre. La scène se joue en boucle dans ma tête, je revois le visage de mes parents une nouvelle fois. Je sens quelque chose monter en moi. Je passe doucement d’un état de tristesse infinie à une rage intense. La colère monte en moi, mon visage se transforme petit à petit, les traits désespéré deviennent crispés. Ma mâchoire se serre, mes poings également, à tel point que mes ongles traversent ma peau. Mon corps entier se met à trembler. Je sens autre chose monter en moi de plus en plus, jusqu’à atteindre un point de non retour. De l’électricité incontrôlable s’échappe de mon corps, provoquant un fracas monstrueux autour de moi. Chaque éclair provoque une petite flamme à l’endroit où il atterri.
Je porte mes mains au niveau de mon front et explose alors dans un cris mélangeant toute ma rage et mon désespoir. Un cris strident, long et douloureux. Les éclairs se déchaînent, je ne contrôle plus rien. Je ne me contrôle plus. J’évacue seulement toute ma tristesse en une frénésie d’étincelles, usant de mon don au maximum de sa capacité.
Reprenant à demi mes esprits, je me rend compte que le feu provoqué par mes éclairs s’est répandu dans toute la pièce. Visiblement plus personne ne se trouve à l’intérieur, excepté mes parents et un soldat au sol. La fumée s’échappant de ce dernier me fais comprendre qu’il a sûrement été victime d’un de mes éclair. Je me dirige alors vers la sortie d’un pas lent mais décidé. J’entend derrière moi la maison s’écrouler petit à petit, des planches de bois tomber au sol. Le feu s’est répandu dans toute la maison, il ne restera bientôt plus rien. Une seule envie traverse actuellement mon esprit. Il doivent payer.
Je passe alors le pas de la porte avant que les flammes ne m’en empêche. Face à moi, deux soldats cachés jusqu’au torse derrière une voiture, me visent avec ce qui semblent être des mitraillettes. L’auteur de ce massacre, lui, se trouve entre ses deux subordonnés, les bras croisés. Même s’il garde son air impassible, je remarque qu’il à l’air moins confiant que tout à l’heure.
- Écoute petite. Tu va gentillement approcher, que je te mette ce joli collier.
Accompagnant ses mots, il lève sa main gauche, me révélant de quoi il parle. Mais je n’en ai rien à faire. Il doit payer. Ils doivent payer. Sans lui répondre, je commence à avancer, descendant les marches de l’entrée. Non pas pour écouter son ordre, mais pour m’approcher un peu plus. Cependant vu son sourire naissant sur son visage hideux, il pense avoir gagné et baisse un peu sa garde.
C’est le moment que j’attendais. Je lève mes deux bras soudainement, lançant des éclairs de chacune de mes mains. Ceux-ci atteignent chacun un soldat. Les deux s’écroulent derrière la voiture. La surprise, suivie de la panique, s’emparent du dernier homme encore conscient. Lorsque j’approche, il tente de ramasser une mitraillette, mais avec un nouvel éclair je le désarme facilement. Il ne sait plus quoi faire. Il a des yeux grands ouverts et semble terrifié. J’arrive devant lui, ne prenant même pas la peine de regarder les corps fumants de ses soldats. Je le fixe avec un visage impassible. Il n’a pas besoin de voir mes émotions. Je veux seulement voir les siennes. Lui faire ressentir ce que mes parents ont ressenti. Et son visage paniqué, les yeux grands ouverts, me montrent qu’il éprouve les même sentiments qu’eux, juste avant leur mort, à l’instant où ils ont comprit le sens de sa phrase.
- Tu vas payer. Toi aussi, je vais te faire taire.
- Pitié …
- Pitié ? C'est trop tard pour la demander. Maintenant à genoux.
Il continue de m’implorer tout en s’exécutant. Une fois à terre, je saisi sa tête entre mes mains. Il pleure. Peu importe. Je balance tout ce que j’ai. L’homme se met à trembler fortement, de la fumée sort peu à peu de son corps, ses yeux se révulsent, il tombe inerte.
Après quelques secondes à le regarder, je reprends soudainement mes esprits. Qu’est-ce que j’ai fait ? Je regarde mes mains. Je n’étais pas moi-même. Je remarque alors d’étranges marques sur mes avant-bras. J’ai déjà vu ça quelque part. Ce sont des figures de Lichtenberg. La marque que laisse l’électricité sur son passage. J’ai visiblement abusé d’une trop grande quantité d’électricité.
Mais l’heure n’est pas à la contemplation. Je regarde ma maison. Elle est désormais plus semblable à un tas de cendres plutôt qu’à une maison. J’ai tout perdu. Absolument tout. Les corps de mes parents sont en train de se consumer, tout ce qui était dans cette maison disparaît sous mes yeux. Mais je me rend alors compte d’une chose. Misty. S’ils sont venu ici, elle est peut-être aussi en danger …
Sans plus attendre je rentre dans la voiture, les clés sont sur le contact. J’ai commencé à conduire il y a peu, mais cela suffira. Je démarre la voiture et fonce vers la maison de Misty, espérant que rien ne lui est arrivé, laissant toute mon ancienne vie et tout ce que j’avais derrière-moi.
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