Solaris 99

2 minutes de lecture

Journal de Métayos,extrait :

Solaris 99 de Solemnum 1451

Ils n'ont pas pu me tuer, ma renommée les en empêche. Je suis reclus au sud du territoire Animae dans une pièce dont je ne sors jamais depuis bientôt vingt solaris. Jäyel est venu me rendre visite avec sa fiancée, d'ici quarante solaris ils seront mariés. Comme j'aimerais ressentir de la joie à cette nouvelle ! Mais c'est impossible !

Je revois les émissaires égorgés. Des mares de sang. Les sourires satisfaits des hauts dignitaires, l'exaltation des fanatiques anti-Mages. Les yeux baissés de quelques uns, résignés. Tant qu'ils ne sont pas directement concernés, l'horreur est supportable. Même les enfants ont été exterminés, pauvres malheureux !

Les Mages ont disparu aussi vite qu'ils sont apparus. Ils n'auront laissé aucune trace dans l'Histoire. Ceux d'aujourd'hui vont s'en assurer pour l'avenir, et ceux d'hier semblent en avoir fait des fantômes, à moins qu'ils ne les aient jamais côtoyés.

J'ai de plus en plus de mal à trouver le sommeil. Chaque fois que je ferme les yeux, j'imagine des corps sans vie encombrer les rues des villages Mages. Le poison a fait son oeuvre, les compte-rendus d'espion auxquels j'ai pu avoir accès le confirment. J'ai encore quelques entrées auprès de personnes bien placées. Une armée est désormais en route pour exterminer les survivants, certains ont trouvé refuge au coeur des Oréadiennes.

Mon âme saigne face à la bêtise humaine. Il y en a bien d'autres comme moi, qui se sont opposés à ce génocide. Ils ont subi un sort plus triste que le mien pour la plupart, simplement et purement éliminés. Les trois Linéages se sont mis d'accord sur ce point : aucune contestation. Cela soulèverait trop de questions et une scission dans notre monde.

Par chance, ma femme et mes enfants ont été épargnés. Ils ne vivaient plus avec moi depuis que mon esprit a été "perverti" comme ils l'ont qualifié lors de mon procès. Une véritable mascarade ! Un moyen de dissuader ceux qui auraient voulu se rallier à l'homme de lettres respecté que je suis.

Je me demande parfois si je n'aurais pas mieux fait de subir le même sort que les autres. Assister impuissant à ces horreurs, même de loin, me brise de l'intérieur.

Ma seule satisfaction est d'avoir vu dans les yeux de mon apprenti la flamme du doute s'installer. Il est assez malin pour l'avoir dissimulée afin de se mettre lui et sa future femme en sécurité. Cela me donne de l'espoir pour la suite. Pour qu'un monde différent se profile à l'avenir. Sans convoitise, sans haine, sans mépris.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Valériane San Felice ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0