Chapitre 2.3 - BASTUS - Renforcement des frontières

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Les deux solaris suivants, le temps est de leur côté et le moraï (composé de deux lochos) parcourt le reste du trajet sans mettre à mal la santé des hommes et des bêtes.

Après ce voyage au milieu de paysages sauvages, les soldats sont heureux de retrouver une cité. Berphï s'offre à eux en fin d'après-midi. Malgré sa situation limitrophe, elle ne dispose pas d'enceinte puisque jamais de menace extérieure n'a rendu nécessaire un tel ouvrage. Ils arrivent donc directement aux portes de Berphï, par une large route de pierre bordée d'habitations. Elle compte quinze mille habitants, ce qui en fait une cité de taille moyenne. L'axe principal est parcouru de part et d'autre de voies secondaires qui emmènent dans les profondeurs de la ville.

Bastus ordonne à ses lochos de contourner Berphï pour rejoindre le campement déjà en place. Ils installeront d'abord les tentes avant de pouvoir s'offrir du bon temps dans les tavernes et les échoppes. Le jeune homme sait que son frère a choisi Kamar pour gérer l'avant-poste et c'est avec froideur que les deux hommes se saluent à l'entrée du camp.

— Arrvida, Bastus. Nous t'attendions ce matin mais je suppose qu'il n'est pas facile de déplacer autant d'hommes à un rythme convenable, l'accueille Kamar avec une ironie méprisante.

Bastus sait qu'il n'est pas bon de se le mettre à dos, sa famille est puissante et la protection de son frère entière. Il a malgré tout déjà trouvé le moyen de se débarrasser de lui.

— Arrvida, Kamar. La Suprême Polémarque est sur le départ pour un voyage de plusieurs dizaine de solaris. Kartos te demande à la capitale pour le seconder dans la gestion du royaume en l'absence de notre mère. Tu connais la patience de mon jumeau, il ne t'attendra pas longtemps. J'organise nos quartiers puis nous irons manger en ville, c'est moi qui offre.

La remarque provoque l'effet escompté ; le visage de Kamar se déforme en une légère grimace. Son sang-froid lui permet de faire bonne figure mais Bastus sent la rage contenue. Il a bien compris qu'il devra rejoindre son chef au plus vite et ainsi laisser le champ libre à Bastus pour commander.

Kamar part préparer ses affaires alors que Bastus va organiser l'installation de ses lochos à l'est du camp. Une fois les tentes montées et les animaux nourris, tous se dirigent vers la cité pour se revigorer.

Arrivés aux alentours de la place centrale, les rues sont animées, pleines de senteurs qui s'entremêlent dans un cocktail alléchant, et de couleurs vives qui confèrent une atmosphère de fête au centre-ville. Des marchands ambulants sont installés aux angles des rues. Les devantures des échoppes créent un véritable arc-en-ciel qui se mêle à l'architecture créative des tavernes. L'une des bâtisses est formée de courbes du sol jusqu'au toit en passant par les balcons ; une autre présente des étages de guinguois, une autre encore a des fenêtres en forme de papillon et des murs peints de fleurs gigantesques multicolores. Ce contraste est saisissant en comparaison des raisons qui ont poussé les hommes à venir près de la frontière. Une atmosphère de carnaval semble flotter dans l'air alors qu'une menace s'apprête sûrement à déferler sur eux. Pour le moment, Bastus décide de profiter des plaisirs de la ville.

Les soldats s'éparpillent rapidement dans les ruelles afin de se retrouver en petits groupes pour un moment de détente. Les officiers se dirigent sur la place centrale où s'impose une vaste auberge aux allures de petit manoir vers laquelle ils se dirigent. Sur le fronton, on peut lire "La cuillère argentée" en hommage à la spécialité à l'origine de leur notoriété : un soufflé flambé à la liqueur d'agrumes (un mélange complexe tenu secret) et saupoudré de cardamome, et que l'on déguste justement à l'aide d'une cuillère argentée.

Le groupe de dix hommes (Bastus, son agéma, Kamar et trois de ses hommes) prend place dans un salon privatif où chacun s'installe fort peu à son aise ; ils n'ont pas grand chose à se dire mais la diplomatie impose ce diner.

Heureusement, deux serveuses arrivent rapidement avec chacune un plateau chargé de godets. Bastus repère la plus proche, celle au teint clair et aux yeux vert émeraude, typique des gens de cette contrée. C'est elle qu'il choisit ! Avec les tensions ambiantes et le poids de ses responsabilités, il a besoin de distraction. Son corps hurle son besoin de décharger la pression qu'il subit. Son esprit de compétition brûle de faire de l'ombre au bras droit de son frère. Kamar n'arrive qu'avec difficulté à mettre une belle dans son lit, il ne peut rivaliser sur ce terrain. Cela ajoutera même au plaisir de la conquête ! Bastus entame donc la conversation :

— J'ai rarement vu des yeux aussi charmants. Merci pour le rafraichissement.

La demoiselle rosit légèrement et, continuant de servir, se penche permettant au prince de contempler la naissance de sa généreuse poitrine.

— Vos formes font soulever mon pantalon, ajoute Kamar, en lui mettant une main aux fesses.

Le corps de la serveuse se raidit. Elle a un léger mouvement de recul. Bastus rattrape dans la foulée :

— Veuillez pardonner mon ami, il peut être parfois un peu rustre à force de camper au milieu d'une troupe d'hommes. Pourrez-vous pardonner ses manières ?

Le visage de Kamar vire d'un coup au rouge vif, Bastus jubile intérieurement. Heureusement, avant que cela ne s'envenime, le maitre d'hôtel arrive pour proposer la carte. Il a repéré l'arrivée des dignitaires et ne veut pas gâcher sa chance d'avoir une belle recette.

Chacun reprend contenance et le repas se déroule dans une ambiance électrique ponctuée d'échanges polis. En sortant de l'établissement, Bastus s'éclipse prétextant une affaire urgente, puis se dirige vers la porte de service. Il y retrouve la délicieuse serveuse à qui il a discrètement remis un billet. Comme elle vient de finir son service, il l'invite pour un dernier verre dans la guinguette de son choix. Elle l'emmène dans le dédale de ruelles populaires où ils entrent dans un petit bar à l'intérieur feutré. La discussion est chaleureuse et chaque fois qu'elle s'exprime sa bouche exerce un attrait auquel il devient de plus en plus difficile de résister, tout comme sa poitrine à peine dévoilée par l'échancrure de son corsage.

Sa patience finit par payer car, au sortir de l'établissement, la demoiselle est complètement sous son charme. Il n'a donc aucun effort à fournir pour obtenir une nuit en sa compagnie, malgré un sursaut de timidité de la belle. Elle lui confie, un peu honteuse, qu'elle n'a fait qu'une ou deux fois l'amour avec un homme. Bastus se fait alors un plaisir de l'initier à quelques techniques avec douceur et délicatesse. Ils passent une nuit des plus agréables, puis finit par s'endormir contre sa poitrine dénudée.

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