Chapitre 17.2 - LELYÂH - Douloureuse vérité

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Lelyâh reste sur le qui-vive longtemps, avant de conclure que les voix ne cherchaient qu'à la déstabiliser, d'autant que l'acynonyx ne montre aucun signe d'alerte. Elle n'a plus rien entendu depuis. Zaphyne virevolte toujours sur la tête de Lahärva qui s'agace parfois comme si un insecte la narguait.

— Diane, je ne t'ai pas demandé, quand sortirons-nous de cette forêt ? interroge la soigneuse.

— Mmm, d'ici ce soir si je ne me trompe pas. J'ai vérifié ce matin sur la carte que j'ai empruntée à papa.

— Si tu la lui rends un jour, ajoute Lelyâh moqueuse.

— C'est sûr, il y a des taches dessus. Une raison de plus de me faire rabrouer. J'espère qu'il me pardonnera...

— Il t'aime ! Bon, je dis pas que ce sera en quelques solaris, mais il te pardonnera.

Lelyâh décide de revenir à un sujet plus léger :

— Ensuite, le paysage ressemble à quoi ?

— Une succession de vallons.

La soigneuse réalise soudain :

— Comment va-t-on faire, avec Lahärva ?

— Comment ça ?

— Ben, je ne suis pas sûre qu'on lui réserve un bon accueil si des gens l'aperçoivent.

— Nom d'une naïade ! Quelle sotte, je n'y ai même pas pensé.

Lahärva se met à grogner. Elle n'a pas envie de quitter sa maîtresse mais ne souhaite pour rien au monde côtoyer d'autres humains. Ils sont bien trop agaçants à ce qu'elle a pu en juger de loin. D'une caresse, Lelyâh la rassure, elles trouveront une solution. Les deux amies réfléchissent en silence.

— Je crois que le plus simple c'est de trouver des montures et que Lahärva nous retrouve au nord du domaine de Lilicée. La forêt de Tonant'zin se prolonge jusqu'à la frontière Vulcae. Qu'en penses tu ?

— Excellente idée ! Tu vois Lahärva, pas d'humains ! lance Lelyâh en riant.

L'acynonyx grogne de mécontentement, insensible à l'humour. Les deux jeunes femmes explosent de rire face à sa réaction. Une secousse manque de les faire chuter alors que Lahärva manifeste sa contrariété avec plus de véhémence. Les deux amies s'arrêtent rapidement après quelques quintes de rire étouffées. Elles n'ont pas envie de se retrouver face à un fauve en furie.

— Zaphyne, tu veux bien accompagner Lahärva ? propose Diane faisant d'une pierre deux coups.

— Je préfère rester avec vous !

— Zaphyne, je serai plus rassurée de te savoir avec elle, ajoute Lelyâh. S'il te plaît, ce n'est que pour trois solaris, tout au plus.

— Mmmh, bien mais vous me rapporterez des friandises de la ville.

— D'accord, se précipite d'accepter Diane.

Lelyâh lui fait les gros yeux. Comment Zaphyne réagira-t-elle en réalisant qu'elle ne pourra pas les manger ? Puis elle comprend le choix de son amie, trois solaris de gagnés sans risque de maux de tête. Elles aviseront pour la suite en temps voulu.

~~~

Après leur sortie de la sylve, les deux amies restent sur le qui-vive, de nouveaux poursuivants pouvant avoir été dépêchés par Lord Olmo pour ramener sa fille de force, même si au fil des solaris cela s'avère de moins en moins probable. Elles chevauchent autant que le leur permettent leurs montures, ne faisant qu'une brève pause dans une bourgade avant de repartir jusqu'au point de rendez-vous à l'orée de Tonant'zin.

— Lelyâh ! Diane ! entendent-elles sortir d'un buisson tout proche.

Les deux femmes sursautent puis aperçoivent la boule de Zaphyne flotter jusqu'à elle. Un grognement suit en écho dans le fourré.

— Nous aussi, nous sommes heureuses de vous retrouver ! s'exclame Lelyâh en passant sa main à travers les feuilles pour caresser Lahärva, contrariée d'avoir dû jouer au chat et à la souris avec les humains pour arriver jusqu'ici.

— Et mes friandises ! s'enthousiasme Zaphyne.

Les deux amies se regardent, stressées. Zaphyne a droit à la vérité. Lelyâh met un genou à terre pour se porter à la hauteur de la sphère.

— Écoute Zaphyne, nous devons te dire quelque chose d'important.

— Me dites pas que vous les avez oubliées !

— Non, mais avant de te les donner, il y a quelque chose que tu dois savoir.

— Quoi ?

Un silence se prolonge et la boule noire s'agite, agacée.

— En quel solemnum sommes-nous ? demande Diane pour aider son amie qui peine à trouver les mots.

— 1451, répond Zaphyne sans hésitation.

Diane et Lelyâh se regardent à nouveau, les yeux voilés de tristesse.

— Nous sommes en 1571.

— C'est pas drôle ! C'est même pas une blague votre histoire ! s'emporte Zaphyne dont la masse s'assombrit à vue d'oeil.

Lelyâh attrape sa tête entre ses mains. Un intense mal de tête est revenu,.

Papa, maman où êtes-vous ?

J'ai mal partout !

Pourquoi hurlez-vous ?

Où sont Kellhi et Annelou ?

J'ai peur, j'ai mal !

Quel froid glacial !

La ritournelle se répète en échos dans les courants d'air, dont l'intensité s'accroît à chaque instant. Des décharges électriques fourmillent dans la boule alors que Lelyâh pousse un cri de douleur.

— Zaphyne, je suis désolée ! Les Mages ont disparu il y a plus de cent solemnum, reprend Lelyâh entre deux élancements.

— C'est FAUX !

Lelyâh hurle à nouveau. Diane est paralysée par la peur alors que Lahärva surgit du fourré le poil hérissé, les babines retroussées sur ses crocs scintillants. L'animal cherche en vain la cause de la souffrance de sa maîtresse.

Du sang commence à couler des narines de la soigneuse accompagnée d'une larme rouge au coin de son oeil. Lelyâh s'affale sur l'herbe puis se roule en boule, la bouche ouverte sans parvenir à émettre le moindre son. Elle vomit un mélange de bile et de sang.

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