Chapitre 18.2 - BASTUS - Idylle et plan de bataille

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À peine Eklesia et Teïos ont-ils quitté le manoir que Bastus se dirige vers la forge. Lorsqu'il arrive, Héphiane termine de discuter avec un client. Alors qu'elle se dirige dans la pièce adjacente, Bastus la rejoint et l'attrape par la taille :

— Puis-je emprunter la forgeronne pour une affaire urgente ? lui susurre-t-il en déposant un baiser dans son cou.

— Je n'ai pas le temps Bastus, répond-t-elle avec fermeté. Je viens de recevoir une grosse commande, regarde derrière toi.

Bastus voit la pile de matériels de ce qui doit être une grosse exploitation agricole. Il fait la moue mais ne rend pas les armes.

— Je me suis dégagé plus de temps, je te promets de ne pas m'envoler à la va-vite cette fois.

— Je ne peux pas, je vais prendre du retard. Tu n'as qu'à demander à Eklesia ! dit-elle les dents serrées.

— Il n'y a rien entre nous, c'est mon second. Et puis...

— Et puis quoi ? demande-t-elle en se retournant le visage se voulant ferme mais où transperce malgré elle l'élan d'amour qui l'anime.

— Je l'ai envoyée en mission pour plusieurs solaris, conclut-il en pressant Héphiane contre lui.

Elle le repousse délicatement et le regarde dans les yeux.

— Mon travail.

Il baisse la tête, il connaît son sens du devoir, elle a pris des engagements et la demande ne souffrira d'aucun retard. Bastus pourrait utiliser sa position pour la faire céder, mais ce n'est pas la relation qu'il souhaite avec elle. C'est aussi pour son intégrité et sa force de caractère qu'il l'aime autant.

— D'accord, je laisse mes directives à Zélia et j'arrive, cède-t-elle en souriant alors qu'elle dépose un baiser sur ses lèvres. Retrouve-moi à la maison.

Bastus est surpris mais ravi, ils ont pris l'habitude de se réfugier chez elle pour plus de discrétion et de tranquillité, bien que cela ne soit plus d'un grand secours ces derniers temps.

Lorsqu'Héphiane rentre chez elle, Bastus lui tend un petit paquetage.

— Tiens.

— C'est quoi ?

— Ouvre.

Elle défait rapidement l'emballage pour mettre à nu un bracelet.

— Il est...

Héphiane est stoppée dans son élan par l'émotion. Elle cherche ses mots à la fois surprise et touchée.

— Il est incroyable ! Ce travail, où as-tu trouvé un tel objet ?

— Ça n'a pas été simple. Il fallait quelqu'un d'au moins aussi talentueux que toi. Je l'ai fait venir de l'Est du pays.

— Je suis bien incapable d'une telle précision ! Tous les détails ! Regarde cette finesse, un vrai travail d'orfèvre !

— J'espérais qu'il plairait à la forgeronne et à mon aimée.

Héphiane se rapproche et l'enlace avec force, goûtant avec impatience ses lèvres. Leurs baisers se font plus ardents. Aujourd'hui, ils ne sont pas pressés, il prendra tout son temps pour l'initier à toute la sensualité qu'il a à offrir.

Les deux amants trainent longuement au lit. Aucun ne veut couper cet instant. Puis, on toque à la porte. Héphiane est surprise. On frappe une nouvelle fois et une voix caverneuse demande :

— Héphiane ?

Le visage d'Héphiane se décompose.

— Rhabille-toi ! J'avais oublié qu'il devait venir. C'est un rendez-vous urgent.

Et tout en parlant, elle cherche les habits du prince éparses autour de la couche et les lui tend. Bastus est déstabilisé, il sent presque la peur flotter autour d'elle.

— Dépêche-toi s'il te plait. Demain, on déjeune ensemble. Retrouve moi à la taverne Patathène.

Héphiane le raccompagne jusqu'à la porte. Lorsqu'elle ouvre, un homme massif est planté dans l'encadrement.

— Behr' Rolph. Entre.

Elle tire Bastus à elle pour laisser entrer l'homme et pousse en douceur le prince au dehors, à l'angle de sa maison. Elle dépose une bise fugace à la commissure de ses lèvres avant de rentrer en fermant derrière elle.

Bastus reste un instant interdit. Il n'est pas le genre d'homme à se faire congédier. Encore moins pour un autre homme. Un rival ? Ce n'est pourtant pas le genre d'Héphiane. Elle semblait stressée. Qui peut-il bien être ? Un danger ? Bastus commence à s'inquiéter. Il se dirige vers la fenêtre pour regarder à l'intérieur mais le volet est tiré. La discussion va bon train au dedans. Pas d'éclats de voix, pas de menaces. N'étant pas rassuré pour autant, il décide de toquer.

— Héphiane ?

Il entend des pas précipités se diriger vers la porte qui s'entrebaille.

— Oui ?

— J'ai oublié ma dague.

Héphiane referme la porte. Cette dernière se rouvre peu de temps après pour laisser sortir l'inconnu et la forgeronne invite le prince à entrer.

— Je ne la vois pas. Tu es sûr que tu l'avais sur toi ?

— Je crois, ment-il, la dague cachée à la hâte dans sa chausse. Est-ce que ça va ?

— Oui, dit-elle en continuant de chercher, juste une vieille histoire compliquée que je devais régler. Je ne vois rien.

— Alors, je me suis me trompée, elle a dû rester dans ma chambre.

Héphiane revient vers lui, les yeux emplis d'affection, elle attrape son visage entre ses mains et l'embrasse avec passion.

— Tête en l'air ! lance-t-elle avec un sourire chaleureux. Je t'aime !

— Je t'aime, ma flamme.

Ils s'embrassent à nouveau. Ce baiser d'aurevoir ayant ravivé l'envie et sachant sa liberté comptée avant le retour d'Eklesia, il ferme la porte et la guide jusqu'à son lit. Il glisse habilement la dague sous le lit alors qu'elle ôte sa tunique. Elle semble plus sereine et succombe rapidement aux caresses du prince.

Aux retours de ses seconds, ces derniers demandent immédiatement une entrevue avec Bastus. Ses deux compagnons ont les yeux qui étincellent.

— Nous avons trouvé, mon énomotarque, commence Eklesia.

— Le coup de chance, mon ami, mais nous tenons notre plan ! ajoute Teïos excité.

— Je vous écoute.

— Nous avons passé plus de deux solaris à chercher les entrées et sorties souterraines. Impossible de les repérer. Rien non plus d'exploitable dans les discussions de tavernes. Mais le deuxième solaris, nous avons surpris une femme qui semblaient aux aguets, à l'entrée de la forêt. Nous l'avons suivie et d'un coup elle s'était comme, volatilisée. Nous avons passée un temps fou à épier pour comprendre ce qu'il venait de se passer.

—Teïos, je ne suis pas un public, viens-en aux faits je te prie.

— Désolé, je voulais te mettre en contexte.

— Je veux les faits rapidement.

— Alors, bref, nous n'arrivions pas à comprendre comment une personne pouvait disparaître comme ça, pouf !

— Teïos...

Bastus et Eklesia se regardent dépités, Teïos ne peut pas s'en empêcher.

— Mon commandant, nous avons trouvé l'entrée et la chance nous a mené vers un paysan haineux envers les rebelles qui ont volé une partie de ses réserves. Il nous a indiqué le plan des galeries. Regardez, voilà à quoi ressemble leur repaire, poursuit Eklesia.

Et ce faisant elle déroule une carte tracée à la hâte sur la table de travail, puis elle reprend :

— Bien sûr, nous avons vérifié les entrées et sorties et tout concorde. L'installation souterraine nous a conduit à un plan. Il...

Le visage d'Eklesia s'assombrit.

— Eklesia, nous en avons discuté, c'est la meilleure solution. Elle culpabilise car cela consiste à les affamer. Il faut provoquer des explosions simultanées aux points d'entrée et de sorties, cinq en tout et condamner les accès. Nous posterons des soldats à chaque bout de galerie pour abattre les rebelles qui auraient pu passer. Ainsi, pas d'échauffourées, nous évitons les victimes dans notre camp et nous les éliminons jusqu'au dernier. Reste à faire en sorte que tous les chefs soient dedans.

Bastus visualise la scène. Il crispe la mâchoire et déglutit avec peine. Encore des victimes innocentes. Certes, certains ont commis des attentats mais pour se venger de cette invasion qui a causé tant d'atrocités ! Le prince tente de taire son dilemme intérieur.

— On va étudier ça de façon plus approfondie mais la stratégie semble plus qu'intéressante. Merci à vous. Vous pouvez disposez.

Eklesia le salue et quitte la pièce. Teïos n'a pas bougé.

— Alors, tu as bien profité d'Héphiane ? demande-t-il avec un clin d'oeil.

Bastus sourit et lui tape sur l'épaule.

— Merci pour la pause mon ami. Ça a été avec Eklesia ?

— Elle n'était pas enchantée de te laisser sans surveillance, dit-il en riant, mais tu la connais, elle est d'une efficacité redoutable. Tu sais, je n'arrive pas à savoir si elle a succombé à tes charmes, ajoute-t-il soudain sérieux.

— Elle est comme une soeur, arrête tes bêtises !

— C'est une fille bien, tu sais.

— Héphiane aussi.

— Je n'en doute pas, Bastus. Profite, tu as tout mon soutien ! C'est juste que je ne veux pas voir Eklesia souffrir.

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