À leur arrivée au domaine d'Olmo, Diane a malgré tout essuyé l'ire de son père des solaris durant avant que la maison ne soit apaisée des cris du Lord. Il lui fallait évacuer la peur et la honte accumulées depuis la fuite. Dans le fond, lui et sa femme sont fiers de la femme courageuse et déterminée qu'ils ont élevée, celle qui a contribué à sauver les Chloridiae d'une invasion sanglante.

Diane et Carmanor ont scellé leur union une trentaine de solaris après leur retour. Ils voulaient transmettre un signe concret d'apaisement, le plus tôt possible. Il a fallu de grande quantité de guillermo où puiser l'énergie nécessaire à l'organisation d'un tel évènement en si peu de temps. Cela en valait la peine aux sourires joyeux de la foule présente pour ce sacrement.

Depuis, Diane a emménagé au domaine d'Acerplatan. Carmanor et elle n'ont pas réussi, malgré leur envie, à développer un amour inconditionnel et fulgurant l'un pour l'autre. Malgré tout, un profond respect et un attachement sincère lie leur couple, peut-être plus solidement qu'une passion dévorante. Lelyâh est devenue la soigneuse en chef du domaine. Au vue des tensions encore palpables, elle préfère taire ses origines, du moins pour le moment.

En cette matinée de printemps, Diane, Carmanor et Lelyâh terminent les préparatifs de leur voyage qui les mènera en Contrée Cybeline, pour la première fois depuis la fin de leur aventure, il y a plus de cent solaris. Lorsqu'ils arrivent au château d'Animis, ce dernier est transformée en véritable ruche. Les soldats s'activent à la surveillance des va-et-vients incessants. Les servantes, véritables ouvrières, installent les tables et les décorations en vue du mariage imminent. Les marchands défilent en un ballet incessant de livraison de marchandises des plus variées venues des quatre coins d'Agdistiae. Bastus et Yorine ont mis un point d'honneur a impliqué l'ensemble des Linéages. Leur union scellera l'apaisement entre Linéages.

Malgré son emploi du temps surchargé, Bastus prend le temps de recevoir les deux jeunes femmes. Les deux amies sont heureuses de voir dans ses yeux et celui de sa promise des étincelles sans équivoques. Bien sûr, il n'a pas oublié Héphiane, comment le pourrait-il ? Un premier amour se grave au fer rouge.

Les festivités sont à la hauteur de l'évènement, somptueuses et conviviales, promesse de solaris pacifiés à venir.

Dès le lendemain à l'aube, une ombre se glisse à travers le palais, part rejoindre son amie et file dans l'air frais de ce début de saison froide. Elle a pris sa décision peu de temps après son retour. Il lui faut revoir Gueguenver, il lui faut franchir de nouveau les Oréadiennes pour revenir aux prémices de son histoire.

De son côté, Bastus, qui, contre toute attente est devenu un dirigeant aimé et respecté de tous, sort à pas feutrés de la chambre nuptiale. Il s'est promis, dès l'annonce des fiançailles de brûler à l'aube du nouveau départ, le poème qu'il avait dédié à l'amour de sa vie. Ainsi, il peut tourner la page et avancer main dans la main avec sa femme.

Je suis heureux ma forgeronne,

Dans la douceur de tes bras nus.

Tu donnes vie quand tu façonnes,

Abnégation lorsque tu sues.

Dans la douceur de tes bras nus

J'aime l'œil coquin, tu minaudes.

Abnégation lorsque tu sues,

Tu crées, chaque jour est une ode.

J'aime l'œil coquin, tu minaudes,

Mon corps s'éveille et s'électrise.

Tu crées, chaque jour est une ode,

Ton art s'enflamme avec maitrise.

Mon corps s'éveille et s'électrise

Et sous tes doigts ma peau frissonne.

Ton art s'enflamme avec maitrise,
Le métal en fusion bouillonne.

Et sous tes doigts ma peau frissonne

Alors que le désir s'enflamme.

Le métal en fusion bouillonne

D'émotions tu verses une larme.

Alors que le désir s'enflamme,

Je te veux à moi toute entière.

D'émotions tu verses une larme,

Emplit ta forge de prières.

Je te veux à moi toute entière,

Jouir nos âmes entrelacées.

Emplit ta forge de prières
Quand la sueur perle, harassée.

Jouir nos âmes entrelacées

C'est mon seul souhait, je m'y dévoue.

Quand la sueur perle, harassée,
Tu mets encore l'amadou.

C'est mon seul souhait, je m'y dévoue

T'aimer toujours d'un amour fou.

Tu mets encore l'amadou,
Marteau, enclume, toujours jouent.

T'aimer toujours d'un amour fou,

Ma prière sans retenue.

Marteau, enclume, toujours jouent

Unis, pareils à deux corps nus.

Ma prière sans retenue :

T'offrir encore ma passion tendre.

Unis, pareils à deux corps nus,

Avant que le feu ne soit cendres.

T'offrir encor ma passion tendre,

Pour que ta joie en moi résonne.

Avant que le feu ne soit cendres,

Je suis heureux ma forgeronne.

Pantoum par Bastus, solemnum 1571