Les fibres du temps
(Elle)
Que fais-tu?
(Lui)
Agilement, je recouds les fibres du temps
Lentement, j’ai enfilé l’aiguille minutant
L’espacement séparant tous les filaments
Le firmament, de son étoilé vêtement
Nous en donne la mesure si justement
Ô Comprends-tu pourquoi ?
J’ai peur que tu aies froid…
Dans tout ce verre étroit
Un vent souffle au suroît
Je t’habillerai le coeur
de l’été dans la froideur
Et toi,
Que fais-tu?
(Elle)
Vois ! Je cours après le tendre coeur des enfants
J’ai si peur de perdre le mien, avec le temps
Chaque battement est un petit coup d’aiguille
Dans le joli tissu de ma chère, vie de fille
Familière te deviendrais-je un jour?
(Lui)
Femme tu deviens, en usant l’étoffe, de chair
Le fil, comme jeunesse qui passe, éphémère
Rapiècera nos deux vies, en complicité
Chère est ta vie, de mille et une, félicitée
(Elle)
Mais… ne serai-je toujours
seulement que pensée?
(Lui)
Ne resteras-tu toujours
seulement que pensée?
Seul le temps, que nous aurons cousu ensemble
(Elle)
De nos mains, l’accomplissement, il me semble
(Elle et lui)
Nous fera dire, Ô fierté, qui nous assemble!
***
Extrait du recueil « La marche des saisons »
Annotations
Versions