Naelya

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Une bonne journée de travail. Kenael faisait route vers le village, de bonne humeur et satisfait de lui-même. Ecrasant quelques feuilles et branchages sur son passage, le jeune homme était impatient de la rejoindre. Cette femme qui avait donné un sens à sa vie. La prendre dans ses bras, oublier tous les tracas de ses vagabondages. La forêt était à l’image de son état d’esprit : verdoyante, animée par un léger souffle de vent. Les arbres laissaient filtrer les rayons du soleil, mettant en valeur la rouge chevelure de Kenael. En quelques secondes de marche, le jeune bûcheron passa devant les premières chaumières du village. Une vieille femme l’attendait. La mère de sa muse.

— Bonjour madame. Où est-elle?

La vieille dame plongea son regard dans le sien, les yeux embués. Un sentiment d’angoisse submergea le cœur de Kenael, asséchant sa gorge et provoquant quelques tremblements. La femme parla après un trop long silence, la voix tremblotante :

— Elle a disparu.

Kenael courait, aussi vite qu’il le pouvait. Étrangement, il se sentait plus vif et rapide qu’en temps normal. Les arbres et branchages filaient devant ses yeux, jusqu’à ce qu’il la retrouve. Son corps, qu’il reconnut du premier coup d' œil, était étendu au sol. Kenael s’approcha. Lentement. Comme si cela pouvait retarder la terrible prise de conscience. La pluie commença à tomber, heurtant délicatement son visage, se mêlant aux larmes qui perlaient sur ses joues. Lorsqu’il s’approcha d’elle, les gouttes se mirent à rougir, devenant des perles de sang. Kenael s’agenouilla près d’elle et la prit dans ses bras. Il ne pouvait détacher son regard de ses yeux devenus pâles, dénués de vie. Ses longs cheveux dorés étaient à présent teintés d'un pourpre écarlate. Son visage, autrefois si pétillant de joie, était à présent gravé par une expression d’horreur.

— Naelya…

Kenael ferma les yeux, se laissant aller à son chagrin. Lorsqu’il les rouvrit, son champ de vision n’était que sang. Seul le pâle visage de la jeune femme restait net.

Sa tête bascula en arrière, son hurlement résonna en écho dans son esprit. De la rage et de la frustration. Tout cela s’évacuait, tandis que tout s’embrouillait autour de lui. Le paysage se fondit en un tourbillon, puis tout s’obscurcit.

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