Chapitre 2.2: Dis bonjour à ton argent

8 minutes de lecture

Il me regarda, les yeux tristes. Son silence en disait long. Je le saluais et sortis de la salle, troublé par cet échange. Je ne pouvais pas m’enfuir, tout comme il n’avait pas pu. Sur le chemin vers la sortie, je croisais ma professeure d’espagnol, un canon latino de 24 ans, fraichement diplômée de la Sorbonne. Elle me fixa et glissa un papier dans ma poche. Je filai dans les toilettes des hommes, pour le lire. « Rendez-vous à 16 heures dans ma salle. » Je souris intérieurement, coucher avec elle rendait les journées plus supportables. Cependant, je n’étais pas sûr d’en avoir envie. Tant pis. Il était 15 heures. Alors que mon esprit se demandait comment il allait tuer le temps, mon téléphone sonna, le nom de Grégoire s’afficha. Je sortis en courant du bâtiment, m’éloignant de la foule et décrochai :

— Ouais ?

— J’ai besoin que tu fasses un truc. Tu en as pour une dizaine de minutes, dit-il, autoritaire.

— Ok. Je t’écoute.

— Nos « associés » ont repéré quelqu’un à recruter, j’ai besoin que tu les accompagnes et que tu supervises.

— Okay, c’est où ?

— Je t’envoie l’adresse.

— Ce n’est que de la surveillance ?

— Oui, si les choses se gâtent, tu pars. Compris ?

— Oui.

Il raccrocha, je reçus l’adresse dans les minutes qui suivirent. Je me précipitai vers la sortie, enfourchai ma moto et partis.

***

J’arrivai sur les lieux peu après, un simple abri de bus dans une rue banale. Un gamin de mon âge assis sur les marches faisaient face à trois brutes. Nos « partenaires » avaient envoyé de beaux bébés. En comparaison, le garçon était bien jeune, et frêle. Petit roux aux tâches de rousseurs et aux yeux verts, il était une cible de choix. Qui penserait que ce petit ange vendrait de la drogue ? Ils m’aperçurent, hochèrent la tête, signe auquel je répondis. Un autre membre de mon club arriva, Val, et gara sa moto près de la mienne, m’adressant un léger sourire avant de prendre position. Les prospects ne réalisaient pas les missions seuls, ils devaient être accompagnés d’un membre officiel. C’était plus de la bureaucratie qu’autre chose, une assurance. Val était un grand brun, longiligne, un peu fou. Accro à toutes les substances de cette planète, ses yeux amandes semblaient constamment en recherche, incapables de se poser. Parfois, les tremblements du manque saisissaient ses mains, alors il trouvait une excuse, s’éclipsait et revenait apaisé. De deux ans mon aîné, son passé à lui était aussi un mystère. Tout ce que je savais c’est qu’il avait eu le nez cassé deux fois, et combattait aussi souvent que moi. Nous observâmes la scène, impassibles, forts de notre rôle de superviseurs. En réalité, nous étions présents dans le but d’amener le gamin à baisser sa garde, lui montrer qu’il n’était pas seul.

— C’est toi Dorian ? demanda le plus grand des trois recruteurs à la peau caramel et aux yeux cachés par des lunettes de soleil noir, inadaptées par ce temps grisonnant.

Il portait une cicatrice le long de l’avant-bras, dû à un couteau, devinai-je.

— Oui pourquoi ? répondit le jeune homme, visiblement impressionné.

— Suis-nous, lui ordonna-t-il avant de m’adresser un signe.

Valentin et moi scrutâmes les environs, avant de lui répondre que la voie était libre. La transaction pouvait commencer. Nous les escortâmes dans un dédale de rue avec nos motos avant de s’arrêter dans une allée à l’abris des regards indiscrets. Les deux autres hommes étaient bâtis comme des gardes du corps, vêtus simplement, l’un était noir aux yeux de la même couleur et cheveux coupés courts, l’autre très blanc avec des cheveux blonds tressés, et des yeux gris. Le gamin tremblait, je le comprenais. C’était toujours impressionnant la première fois. Val lui adressa un petit sourire d’encouragement. Dorian ne fit que trembler plus fort. Mon camarade m’adressa une mou triste, je dus me retenir fortement pour ne pas rire. J’imaginais Val en baby-sitter, tablier rose, vêtements de même couleur, terrorisant les enfants, lorsque la transaction reprit, me tirant de mes pensées comiques.

— J’ai un job pour toi mon petit, commença Caramel. 50 à 100 euros par jour. Tu auras juste à livrer les commandes et récupérer l’argent. Toutes les informations nécessaires te seront envoyées par sms, codées, mais de façon à ce que tu puisses les comprendre. Une fois, le message lu, tu l’effaces. Tu ne poses aucune question, tu n’en parles à personne et tout ira bien et bien sûr tu peux arrêter quand tu veux, conclut-il avec un grand sourire.

C’était le boulot rêvé dit comme ça, cependant le gamin se retrouverai bientôt dans cette sphère infernale dans laquelle nous étions tous coincés. On n’échappe pas à ces gens-là, en dépit de leurs belles paroles. Le black déposa dans la main de l’adolescent un pochtard (1)de verte et un billet vert. Il tenait 200 euros et 70 euros de marijuana pour la première fois de sa vie. C’était aisément lisible dans ses yeux.

— Comme cadeau de bienvenue gamin, l’encouragea Caramel. J’oubliais, ta conso perso est offerte dans la limite du raisonnable et tant que tu me ramènes mon argent.

Le jeune homme était donc un fumeur, cela expliquait tout. Il ne pourrait pas dire non à une offre aussi alléchante. Il accepta donc, cachant difficilement sa cupidité. (« J’ai revu Dorian des années plus tard, me prouvant qu’on n’échappe pas à ses démons. »). Il prit congé avec son butin de la journée, qu’il allait surement vendre avant la fin du coucher du soleil. Les jeunes recrues étaient les plus efficaces, elles étaient impressionnables, manipulables, elles faisaient les choses vite et bien. Malheureusement, une poignée des recrutés se prenaient vite pour des gros durs, devenant négligents, et remplaçables. C’était alors nous qu’on envoyait pour les remettre à leur place ou pour leur annoncer que nous en avions fini avec eux.

— On peut y aller ? leur demandai-je.

— Je vous en prie, sourit le viking. Est-ce que je vous donne votre argent maintenant ou je le transfert à votre chef en premier ?

— Donnez-le-nous maintenant, achevai-je, trop heureux de m’en aller.

Caramel sortit une liasse, nous la tendit rayonnant. Je détestais ces mecs, les messagers de mafieux, ceux qu’ils envoyaient faire le sale boulot mais qui pensaient être les rois du monde.

— Tout est là. C’est toujours un plaisir de traiter avec vous, nous dit-il.

Sans plus de cérémonie, nous avons regagné nos motos, séparés le butin en deux.

— Grégoire nous prend combien ? questionnai-je Valentin.

— Rien. Aujourd’hui, c’est jour de paye mon ami.

J’haussai les épaules pendant que Val mit son casque, m’abandonnant à mon comptage. 250 euros en petite coupure(2) pour une simple surveillance, certains n’avaient vraiment aucun problème d’argent. J’appelai Grégoire pour lui confirmer que tout s’était bien passé. Il me confirma, surement à contre cœur, que tout l’argent nous revenait. Val était surement en train de refaire son stock à l’heure qu’il est, choisissant ses drogues parmi les meilleures du marché noir. Je me dirigeai vers le lycée, faisant un détour par la station essence. Les aller-retours multiples, ça coutait cher de ce côté-là.

***

En arrivant, je me rendis directement au rendez-vous, enfonçai la porte de la salle 304. Linda m’attendait, son regard intense trahissant son impatience. Je baissai les stores, tirai machinalement les rideaux. Puis, je la soulevai sans un mot, plaquant ma bouche contre ses lèvres dans un baiser fiévreux. Elle entoura ses jambes autour de ma taille, frottant son corps contre le mien. Je finis par l’allonger sur le bureau. Les objets qui s’y trouvaient, tombèrent avec fracas. Tant pis pour la discrétion. J’embrassai son cou avec désir, son parfum enivrant raidissant mon corps. J’avais très envie d’elle. Il fallait que j’évacue aussi cette journée.

— Personne pour nous déranger ? m’enquis-je avant de retirer ma veste et mon tee-shirt, réduisant la distance qui séparait nos corps brulants.

Elle secoua la tête avant de retirer le sien, se détachant les cheveux par la même occasion. Ses mèches tombèrent le long de ses épaules, cachant ses seins libérés de son soutien-gorge. Diablement sexy, elle avait des formes généreuses, contrairement aux filles que je me tapai lors des soirées du gang. Je ne m’embarrassais plus de faire doucement ou sensuellement avec elle, je lui retirai vite ce qui lui restait de vêtements (sauf ses talons, je lui trouvais un côté encore plus excitant avec) avant d’embrasser sa bouche, son cou descendant rapidement jusqu’à sa poitrine. Elle appuyait sa main sur ma tête à mesure que je progressai sur son corps, mes lèvres suivant, centimètres après centimètres, les contours de ses tétons pointés, de son 95E, de son ventre atteignant lentement le graal. J’introduisis un puis deux doigts à l’intérieur de son vagin, dessinant avec ma langue ses lèvres du bas, titillant son clitoris. Elle griffait mon dos à chaque mouvement de ma part, retenant avec peine ses gémissements de plaisir alors je la parcourrai, avide de tout explorer. Elle se redressa malgré mes efforts pour la maintenir allongée. Je suivis alors le chemin inverse pendant qu’elle m’observait. Elle m’entraina dans un baiser langoureux, inversant les places. Je me retrouvai assis sur le bureau, ma professeure tourmentant mes tétons, ignorant les suçons laissés par mes conquêtes de la veille. Un frisson d’excitation me parcourut alors que ses longs cheveux noirs caressaient mon corps. Oh que c’était bon. Elle glissa ses doigts habiles dans mon caleçon après m’avoir arraché ma ceinture, et mon jean. Elle renferma sa main sur mon membre en érection. Satisfaite de l’effet qu’elle produisait sur moi, elle prit son temps, son expérience guidant ses mouvements circulaires autour de mon gland. Elle était vraiment douée. Elle retira sa main, et enleva mon sous-vêtement. Puis, elle s’allongea de nouveau sur le bureau, les jambes écartés, et m'invita en espagnol à la pénétrer. Je ne me fis pas prier, en proie à un véritable empressement, j’enfilai la capote qu’elle me tendit et m’exécutai. Au contact de mon membre avec sa chaleur, je ressentis une onde de plaisir, un son de délivrance s’échappant de mes lèvres. J’allais et venais de plus en plus violemment tandis qu’elle me mordait pour éviter de crier. Le bureau tremblait comme une feuille. Nous changeâmes de positions, les fauteuils et autres meubles décoratifs de son bureau se prêtaient à notre imagination. Le temps défilait au rythme de mes coups de bassin. La levrette contre la fenêtre déclencha ma jouissance. Je me retirai, la laissant se finir contre mon torse. Même si j’appréciais la sensation de mon membre à l’intérieur de son corps, le sexe n’avait rien d’affectif, chacun de nous utilisait l’autre pour se détendre, s’échapper des murs d’enceinte du lycée. Une transaction comme une autre.

(1) Pochette en plastique

(2) Billets de petits montants

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire lapelliculevoyageuse ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0