Combat à mort

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Les portes de l’arène sont closes. Plus d’échappatoire. Dans mon dos, les acclamations du public frappent le tambour de mon destin. L’heure d’affronter la bête a sonné.

Tapie dans l’ombre, elle lèche ses griffes acérées. Ses yeux jaunes luisent d’une lueur malveillante et foudroient leur message : « Approche-toi, misérable humain, que je te débite en tranches ! »

Il est trop tôt pour trembler. Pourtant, c’est une main mal assurée que je passe dans mon armure en néoprène. Des gants Mappa trop rudimentaires contre un adversaire aussi sournois.

Dans une profonde inspiration, je grippe mes mains sur le manche de mon bâton de combat aux allures de balai. Le monstre attend, prostré dans son repli. Il sait que le temps joue en sa faveur. Il guette l’attaque pour y répliquer.

Je m’élance ! Le balai glisse au sol en direction de la bête. Le coup est probant. Chassé de son terrier, le monstre déploie sa masse noire et se jette au cœur de la mêlée. Un feulement méphistophélique s’arrache de sa gorge et traverse mon échine de frissons.

Trop tard pour reculer. La lutte s’engage.

Un pas hasardeux et le fauve réplique de ses griffes. L’entaille gravée dans la chair de mon tibia me fait payer le prix de mon erreur. L’arène ne pardonne pas. Là où règnent le sang et le carnage, la moindre distraction signe la défaite.

— Qu’est-ce que tu fous ? Dépêche-toi ! On va être en retard !

Alors que je refreine l’influx de douleur qui tiraille mes nerfs, l’avertissement du supporter me rappelle comme le temps est compté. Si dans cinq minutes je n’ai pas terrassé le fauve, la victoire sera sienne. Je grince des dents et grogne. Hors de question ! C’est déjà la troisième fois que nous manquons à nos engagements. Je ne peux pas perdre. Pas encore ! Non ! Cette fois, je vaincrai !

Soyez témoins !

D’un hurlement de rage, je bondis sur la bête ; gants Mappa déployés dans un élan vers sa masse velue. Le fauve écarquille ses yeux diaboliques de frayeur et de stupeur : il n’a pas le temps d’échapper à la prise.

Enserrée dans l’étau de néoprène, la carcasse hurle et se contorsionne. Ses mâchoires meurtrières se clampent dans le caoutchouc, mais n’entament pas suffisamment ma peau pour me faire lâcher prise.

Je ne dois pas crier victoire trop vite. Dans son état de folie et de déchainement sauvage, l’engeance pourrait profiter du moindre relâchement.

— Vite ! La caisse ! crié-je.

Mon compagnon accourt et ouvre frénétiquement la caisse de transport. Sans perdre une seconde de plus, j’y jette la boule de poil hystérique et mon complice referme la grille. Ainsi est scellé le monstre dans sa prison temporaire.

— Saloperie de chat ! grommelé-je en avisant la plaie purulente de ma jambe.

Puis, le soulagement de la lutte acharnée retombe sur mes épaules comme une chape de fatigue. Je soupire.

— Au moins, c’est fait.

— Ne crie pas victoire trop vite. Ce sera le même cirque une fois chez le véto…

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