Chapitre I : Leur lueur d'espoir

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  Avant même la formation de l’Empire de Vnetia, Cinq Gardiens protégeaient les faibles et la justice de leur redoutable Adamant, réalisant miracles et merveilles qui avaient su, et savaient toujours, marquer le temps. De cette réputation et des siècles de services rendus, les Gardiens d’Adamant étaient devenus une puissante entité de l’Empire, aidant au maintien de son équilibre.

  Comme tout être humain, chaque gardien possédait une spécification particulière de leur Adamant : ils pouvaient le transmettre à leurs yeux, leurs lèvres, leur cœur, leurs mains, ou leurs pieds. Les utilisateurs d’Adamant pouvaient ainsi rendre leurs sens aiguisés pour les deux premiers membres concernés, et leurs membres plus robustes, agiles et rapides pour les derniers.

  Les Cinq Gardiens d’Adamant réussissaient, malgré la très forte prédominance de leurs spécifications respectives, à utiliser l’Adamant pour la totalité de leurs corps, les rendant presque invincibles. Véritable don, l’Adamant était une chose invisible pour la plupart des gens, recouvrant la chair d’une couche d’énergie aussi dure que la pierre.

  Chaque gardien portait un titre particulier issu du nom des premiers d’entre eux : Albarracin, Emra, Iveran, Nerrim et Taruel. Les Cinq Académies Impériales, ainsi que les régions où elles ont été fondées, portent leurs noms afin de commémorer leur grandeur.

  Cependant, avec le temps, leur prestige fut fissuré et remis en question par de précédents gouvernants, de l’ascension de certaines familles nobles rivales à celles des cinq élus, ou simplement à cause des erreurs gravissimes de ces derniers. Il était difficile de croire, au vu des somptueux évènements, d’innombrables affiches et de la réputation des actuels Gardiens, qu’ils vivaient l’une des plus grandes crises qu’ils aient connues jusqu’à maintenant.

  En dépit des rêves de certains d’atteindre l’excellence pour eux ou leur progéniture, seul un Gardien pouvait donner naissance à un autre Gardien. D'où la reconnaissance de certaines familles comme porteuses de ces élus depuis la fondation de l'Empire, devenant alors des familles ducales. La plus puissante des familles de Taruel, la famille Dohvu, pourvoyeuse de Gardiens aux pas libérateurs, est l’une d’entre elles. Malheureusement, elle s’éteignit après la disparition, il y a presque soixante ans, de la dernière Gardienne de Taruel. Au bout d’une trentaine d’années, on abandonna officiellement les recherches et on préféra espérer voir la nouvelle Taruel apparaître dans une famille parente à celle des Dohvu, les Sundiata.

  Cette première crise persistait toujours, et fut précédée, il y a vingt ans de cela, de la mort d’Emra aux paroles véridiques lors d’une campagne militaire dans l’Ouest. Secoué par l’évènement tragique, le futur Gardien d’Emra dont les capacités avaient été déjà révélées fut placé sous haute protection au sein de l’Académie d’Iveran, tout comme l’héritière des Sundiata, désignée comme la prochaine Gardienne de Taruel.

  « Voilà tes nouvelles pièces d’identité »

  Dayana les saisit avec une légère excitation au bout de ses doigts. Avant qu’ils ne quittent l’Académie de Taruel, elle avait été anoblie par Vasselcrau lors d’une réunion secrète avec pour public, des personnes de confiance. Et de cette soirée elle avait reçu sa nouvelle identité. Elle se rappelait encore du stress et de l'excitation possédant ses mains lorsqu'elle salua tous ces gens qu'elle connaissait à peine.

  « La réunion aura lieu dans le sous-sol du bâtiment central, dans la salle des Cinq. »

  Samra avait déposé sur le matelas d’un blanc écarlate les plans qu’elle venait de dessiner. Elles en avaient déjà parlé avant de venir ici, mais un petit rappel ne ferait pas de mal. La professeure savait parfaitement que le stress pouvait affecter les capacités de Dayana.

  « La salle juste après l’Hémicycle de la Consécration ?

– Oui. Juste avant qu’on y aille, le Président du Conseil des Académies fera un discours pour présenter le calendrier des évènements académiques majeurs.

– C’est là où il y aura tout le monde, souffla Dayana. »

  Les Maîtres d’Académie, certains professeurs et des centaines d’élèves seront présents. L’Hémicycle de la Consécration était connu pour son immense pilier de pierre central, atteignant le plafond. Deux ponts amovibles permettaient d’atteindre ce dernier, surplombant un véritable gouffre.

  « Chaque Maître d’Académie doit prendre une torche dans le pilier, l’allumer, puis traverser le pont pour enfin éclairer des statues à l'effigie des Gardiens originaux. »

  Dayana avait déjà retenu cette information, mais préférait laisser son mentor le lui rappeler.

  Puisque cela faisait bien longtemps que l’Académie de Taruel n’avait pas assisté à un évènement officiel, Samra s’attendait à un coup de la part d’Iveran.

  « Tu penses réellement qu’ils ont préparé quelque chose ?

– Mes doutes ne se portent pas sur l’Académie d’Iveran, mais plutôt ses partisans. As-tu déjà oublié ce qu’ils ont fait à Emra, il y a trois ans ? »

  Dayana se tut, consciente que les précautions prises par son mentor ne semblaient pas complètement dénuées de sens. Elle n’avait cessé d’imaginer des situations dans lesquelles elle serait mise dans l’embarras ou humiliée à cause de sa région d’origine ou de ses ressources, mais n’aurait jamais cru que les Vasselcrau pourraient être affectés.

  « Je te rappelle que les Sundiata sont soutenus par Iveran, et qu’ils détestent mon oncle. »

  Les Vasselcrau ont toujours été des alliés des Dohvu, et bien évidemment, lorsque la cour élit Sundiata comme famille héritière de Taruel, les Vasselcrau s’y opposèrent et refusèrent de céder les biens des Dohvu, alors abandonnés par la dernière Gardienne. Les Sundiata n’avaient même pas tenté de s’installer dans la région de Taruel, préférant les privilèges et avantages de la capitale.

  « Le masque est sur ta table de chevet, je viendrais t’aider à le mettre demain matin. Bonne nuit Dany. »

  Samra éteignit toutes les bougies à l’aide de son souffle, observant une dernière fois sa protégée.

  « Bonne nuit à toi aussi »


  Offerts par la dix-huitième impératrice de Vnetia aux Gardiens d’Adamant, les Masques de Pudeur allouaient à leurs possesseurs de cacher leur identité, y compris leur voix lorsqu’ils se trouvaient dans des situations où révéler leur identité menaçait leur vie. Celui offert à la famille Dohvu fut parmi les biens récupérés par Sundiata sur ordre impérial, et faillit disparaître lors d’une transaction illégale.

  Les Masques de Pudeur, comme tous les artéfacts impériaux, sont interdits à la vente, mais cela n’empêcha pas l’avide le petit frère de la tête des Sundiata de tenter la chose. Pris en flagrant délit par nul autre que Solon Vasselcrau lors d’un raid, il ne reçut qu'une légère peine de l’Empereur, et l’honneur de sa famille ne s’en retrouva que lourdement affectée. Cet incident permit au Maître de l’Académie de Taruel de garder les biens des Dohvu avec lui par sécurité, avec pour obligation de les rendre aux Sundiata dès qu’un Gardien aux pas libérateurs apparaîtra chez eux.

  Parmi ces objets gardés par les Vasselcrau, on retrouvait les fameuses bottes de Gloire que portait la précédente Gardienne. Créées à partir d’adamant (1), elles étaient de véritables trésors nationaux et ne devaient être transmises qu’aux héritiers de Taruel.

  Ce sont ces mêmes souliers qu’elle venait de mettre à ses pieds, la poitrine vibrante sous tant de pression. C’est avec difficulté qu’elle s’est de nouveau mise debout, admirant sa silhouette dans le miroir. Les chaussures étaient d’un vert profondément sombre, mis en valeur par son pantalon noir taille haute et cette veste vert olive.

  Vasselcrau junior est entrée vêtue de sa tenue officielle, avec quelques gouttes de sueur sur le front. Elle avait perdu le voile à porter avec le masque une nouvelle fois et cru ne jamais le retrouver.

  L’étudiante dépassait déjà son professeur de quelques centimètres, et les petites talonnettes agrandissaient l’écart : elle dut s’asseoir devant la coiffeuse, laissant Samra s’occuper d’elle pendant qu’elle mettait des gants.

  Ils ne devaient pas laisser un seul centimètre de sa peau à la lumière du jour, car son teint foncé risquerait de dévoiler ses origines beaucoup trop tôt.

  Son masque portait les couleurs de la famille impériale, le noir et le doré, ainsi que du vert olive, couleur de l’Académie Impériale de Taruel. Recouvrant tout le visage, il n’avait que deux ouvertures pour des yeux mesquins, elles-mêmes recouvertes, à l’intérieur, d’un fin tissu sombre pour rendre impossible la reconnaissance du porteur. C’est à la toute fin que Samra y accrocha un voile noir au sommet du masque, pour qu’il vienne ainsi cacher ses cheveux.

  Une fois prête, Dany se précipita à nouveau vers le miroir, s’observant pendant de longs instants dans cette tenue étrange.

  « Une fois que tu auras passé la porte, tu ne pourras plus revenir en arrière Dayana. »

  C’était sa dernière chance de retourner auprès de sa famille et de continuer à vivre comme si de rien n’était. Et cette idée lui était tout simplement impossible. Si elle désirait un avenir serein pour ses proches, c’était la chose à faire. Certes, c’était l’égoïsme qui la poussait à indirectement aider son Académie et les habitants de Taruel, mais cela n’empêchait pas de parvenir à un objectif commun. On finirait tôt ou tard par la découvrir si elle décidait de lâchement se cacher.

  « Je suis prête. »


  Il était évident qu’elle attirerait les regards, et être accompagnée des deux Vasselcrau n’améliorait pas la situation. Les couleurs qu'ils portaient contrastaient avec les murs de plus en plus blancs de l’Académie Impériale d’Iveran. Loin d’être perturbée, Dany continuait sa marche en tentant de ne pas faire honte à ses aînés. À partir d’aujourd’hui, ces regards curieux ne deviendront que plus nombreux et menaçants : s’endurcir maintenant était nécessaire pour la suite.

  Les élèves avaient pris l’escalier circulaire de gauche, descendant vers les quelques dizaines de passages à travers les gradins pour s’y installer dans une cacophonie remplie de vie. De peur que ses pouvoirs ne soient révélés, Dayana n’a jamais été autorisée à assister à l’une des réunions du Conseil, décevant l’élève de si nombreuses fois. Et voilà qu’en ce jour, elle désirait fuir le plus rapidement possible.


  Trop absorbée, elle faillit se cogner contre Solon qui lui se dirigeait vers l’escalier central, dédié aux Maîtres d’Académie et leurs proches, et ne put s’empêcher de glousser un petit rire dû au stress.

  À leur arrivée, les Maîtres d’Iveran, d’Albarracin et de Nerrim avaient déjà fait leur passage, attendant que les deux autres les rejoignent. Leren Kasef, un sourire pâle sur le visage, accueillit Solon d’une chaleureuse embrassade. La vieillesse avait déjà fait des ravages sur son corps, bien que ses dents soient dans un incroyable état.

  « C’est bien ce que je crois, Solon ? »

  Kasef ne put s’empêcher de dévisager la jeune femme au masque, impressionné de voir les efforts d’Iveran réduits par son jeune ami. Ses mains vinrent saisir la main droite de Dayana, la resserrant dans un salut désuet.

  « J’ai toujours cru quitter les miens avant d’avoir pu vous revoir, jeune Taruel »

  Encore dans l’entrée menant au pont, la Gardienne fut illuminée à ce moment-là par les lumières de l’amphithéâtre, vives et fugaces. Se sentant encore indigne de ce titre, la jeune femme se contenta de baisser la tête en signe de respect, avant de laisser le Maître d’Emra les quitter. Accompagné de son fils et de son petit-fils, il traversa le pont sous des murmures déplacés. Des cinq académies, Emra était la moins resplendissante. L’année dernière, ils avaient dû détruire une aile de leur académie par manque de moyen pour les rénovations, et par crainte que cela ne devienne trop dangereux. Les talents d’Emra fuyaient vers les plus petites écoles des environs, non impériales certes, mais plus confortables, tandis que les plus doués se voyaient offrir une place à Iveran. Il est vrai que l’âge avancé de Leren Kasef avait sûrement un rôle à jouer dans cette chute, mais les rumeurs ne répétaient que cela, ignorant les actes de la cour impériale et d’Iveran.

  Le cœur meurtri par cette vision, Dayana revint vers les Vasselcrau, recevant une tape sur l’épaule de la part de Solon. Il aurait voulu lui caresser la tête, mais se retint par peur de l’embarrasser. Samra lui jeta un regard tendre, consciente qu’elle ne pourrait l’accompagner à cause de ses erreurs du passé. Le claquement inaudible de ses pas, alors porteurs d’Adamant, poussa le public dans un émoi silencieux.

  Sa silhouette s’engouffra dans le pilier central, laissant l’occasion à Dayana d’observer la structure de pierre interminable qui s’enfonçait dans le plafond. L’éclairage des lieux provenait de la salle d’au-dessus, directement exposée au soleil, et dont le sol laissait traverser quelques bribes de lumière. L’éclairage à l’aide de feu restait toutefois nécessaire, surtout au niveau des gradins pour être bien sûr de discerner les visages.

  Quelques rayons étaient parvenus jusqu’à elle, éclairant les reliefs en or de son masque. Ne voulant pas risquer d’attirer l’attention, elle se recula alors pour rejoindre l’ombre.

  Le cœur battant, elle ne pouvait quitter des yeux l’entrée du pilier, ainsi que tous les membres de l’académie de Taruel. Depuis le décès de l’apprenti de Solon, plus rien n’était venu éclaircir le chemin de Taruel, et cette torche devait être le signe de son renouveau. Dayana avait à peine onze ans quand ce tragique épisode arriva, et bien qu’elle ne l’ait jamais connue personnellement, elle n’en restait pas moins attristée.


  Solon avait cru que Samra avait perdu la raison lorsqu’elle ramena cette petite fille aux tresses plaquées sur la tête. Bien que l’enfant soit plus grande que la norme, sa timidité courbait son dos au point de lui faire perdre quelques centimètres. Il se rappelait encore les innombrables bégaiements qui lui furent nécessaires pour simplement le saluer. À ce moment-là, il lui répondit sèchement, avant de rejoindre ses quartiers. Il ne comprenait pas ses actes et ne le souhaitait pas, encore absorbé par le passé. La tombe d’Athos, son apprenti, était encore fraîche : la facture de la pierre tombale traînait encore sur son bureau. Aux agissements de sa nièce, il était difficile de croire qu’ils avaient été autrefois amis, jusqu’à ce que Solon découvre le regard que sa nièce portait sur Dayana lors de ses entraînements.

  Lors de ses réussites, un sourire inquiétant étriquait le visage du mentor. L’objectif de Samra n’était pas de remplacer d’Athos, mais bien de le venger. Et cela, Solon le comprit quand il vit l’adolescente de treize ans monter les murs, les sauter, les parcourant ceux-ci d’une grâce remarquable sans la moindre difficulté, entraînée comme si elle s'apprêtait à participer à une compétition.

  « N’entraîne pas cet enfant dans ta misérable quête Samra »

  La Vasselcrau avait déjà prévu un parcours spécifique pour cette dernière, en dehors de ce qu’elle pouvait avoir durant les cours. Elle avait même commandé du matériel qu’elle avait fait installer dans leur cour privée.

  « Je croyais que tu ne t’intéressais pas à elle, cher Oncle.

– Je ne veux pas qu’elle soit une autre victime de notre arrogance.

– Notre arrogance ? Tu es en train d’insinuer que c’est notre arrogance qui a tué Atie ?! »

  Dos à elle, Solon ne pouvait voir ses émotions furieuses défigurer ses traits, et était toutefois capable de sentir sa gorge s’enfler de douleur dans sa voix. Depuis l’enterrement, Samra avait cessé d’utiliser le surnom de son ami.

  « Je ne suis pas venu parler de cela »


  Athos était le joyau de Taruel. En plus de son talent, il n’avait aucun désir de rejoindre Iveran, faisant de lui un pilier stable pour l’Académie. Malheureusement, il ne revint jamais de l’une des épreuves du Tournoi de Nev'eryst, créant une véritable polémique quant à la difficulté de celui-ci et bouleversant les habitants de Taruel. Vasselcrau n’a jamais reçu une explication valable quant aux conditions de son décès, et appris que les Gardiens d’Adamant se trouvaient dans les parages lors des faits. Tandis que la tristesse l’empêchait de chercher une quelconque raison, la colère de sa nièce la poussait à élaborer une multitude de théories.

  « Si tu tiens à cette enfant, si tu tiens véritablement à elle… Ne la force pas à vivre pour une cause qui la dépasse. »

  Le reflet qu’il vit à ce moment dans la fenêtre le prit au dépourvu, et il en venait à se demander s’il ne se parlait pas à lui-même.

  « Elle est cette cause qui nous dépasse »

  Samra fit le tour de son bureau, les bras quelque peu tremblants à cause du manque de sommeil. Ses yeux noisette étaient posés sur des poches sombres depuis maintenant plusieurs semaines.

« Mon oncle…elle a développé une maîtrise

– C’est impossible. »

Il se mit à chercher des traces d’alcool dans la pièce, mais n’en trouva nullement.

  « Les pas sacrés. Elle a les pas sacrés »

  Encore sous le choc, Solon hocha lentement la tête de droite à gauche. Seul Taruel, le Gardien aux pas libérateurs, était capable de pouvoir effectuer les pas sacrés. L’apparence de Dayana lui revint brutalement en tête, alors frappée d’un éclair de conscience. Sa peau sombre, ses cheveux crépus, ses longues jambes… Et les pas sacrés, capacité unique à la famille d’où provenaient tous les Taruel.

  « … C’est une Dohvu, finit-il par comprendre. »

  Solon ne ferma pas un seul œil de la nuit. Beaucoup trop inquiet de perdre l’enfant, il décida à partir de ce jour de la faire protéger l'enfant et sa famille, à leur insu. Il mit un terme aux cours de particuliers de Samra afin d’éviter les soupçons, les promettant toutes les deux qu’elles pourront reprendre là où elles s’étaient arrêtées plus tard.

  Sans réellement tout dire, le Maître de Taruel rencontra ses parents après avoir passé une année au sein de l’Académie, pour ainsi leur annoncer les compétences extraordinaires de leur fille. Évidemment, ils prirent peur et refusèrent qu’elle poursuive dans cette voie. Si même le protégé de Solon Vasselcrau n’avait pu échapper un pareil destin, rien ne leur promettait que leur fille pourrait s’en sortir indemne.

  Consciente que les paroles d’étrangers ne les convaincraient nullement, Dayana décida de les affronter. Une dispute ne tarda pas à éclater dans le foyer, et face à l’entêtement de leur fille, ils ne purent tenir très longtemps. Depuis ce jour, Solon ne cessa de l’admirer un peu plus, honteux de la lâcheté dont il avait fait preuve face aux ordres de son propre père.

  « T’a-t-elle déjà parlé de sa famille ? »

  Samra venait de lui tendre les récents examens de Dayana, toute fière de ses notes. Seules quelques personnes savaient qu’elle était la nouvelle apprentie des Vasselcrau, et c’est pour cela qu’ils devaient opérer dans le secret.

  « Je sais ce que tu te demandes. Et non, ils ne sont pas au courant qu’ils sont des Dohvu. »

  La mère de Dayana était capable de retracer sa généalogie jusqu’à ses arrière-arrière-grands-parents, et pas une seule fois elle n’avait cité le nom des Dohvu.

  « Son père, en revanche, a de longues jambes »

  Kozra Lanre, à son arrivée au pays, ne parlait pas la langue commune et dut demander l’aide d’un ami déjà habitué aux coutumes des habitants pour son enregistrement. De crainte de rendre plus rendre difficile l’insertion de sa famille en portant un nom étranger, il garda le nom de son père, et abandonna celui de sa mère.

« Le hasard fait bien les choses, répondit Solon. »

  Ils ne tardèrent pas à dévoiler toute la vérité à Dayana, alors âgée de quinze ans. La maturité dont elle faisait preuve dépassait grandement son âge, et elle était en droit d’embrasser son héritage.

  Et malgré tout ce qu’elle était pouvait et avait accompli du haut de ses vingt-et-un ans, Dayana était incapable de voir qu’elle était leur lueur d’espoir.



(1)   À ne pas confondre avec l’Adamant. L’adamant est un matériau utilisé notamment pour la fabrication d’armes et d’armures, plus résistant que l’acier. Certains considèrent l’adamant comme étant à l’origine de l’Adamant.

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