Miss Flemme ou l'anti-héros
Je qualifie souvent ma vie d’inutile. Les cicatrices sur mon corps me le rappellent. J’appréhende la vie comme un enfant, mettant un pied devant l’autre pour apprendre à marcher. Mais je tombe, comme l’enfant. Trop souvent. Je tombe dans ma naïveté légendaire, tomber malade, tomber amoureuse… Tomber, encore et toujours, dans mes pensées, ou bien souvent on m'en sort par un « Ouhou, t'es dans la lune ? ». Non Michel ! J'élabore un plan pour devenir la prochaine Elon Musk, mon prochain scénario de film, devenir influenceuse beauté, à combien font 1 239 x 278 + ( 87-18) ... Bien sûr que oui je suis dans la lune tête de cul, t'en as d'autres des questions comme ça ?
Si mon QI est de 2, mon QI de flemme serait nettement supérieur, 140, au moins. Un génie dans la matière. Ma spécialité numéro uno : aller au toilette. Oui, on a la flemme jusqu'ici. Tout est dans l'attente, évidemment. Lorsque les regards incessants vers le spot tant convoité commencent à devenir obsessionnels, que votre vessie hurle de douleur, que le "bon j’y vais" se fait trop facile… Il est encore trop tôt. Il faut attendre que la première goutte vous dise "go". Et là, court, comme si t'as vie en dépendait, parce que c'est le cas, court vers le trône javellisant, sens ton cerveau se liquéfier comme tes neurones qui rejoignent ta miction et forment un somptueux liquide au nom "d'alléluia". Tu le sens là, le petit frisson vertigineux, le " ouah j'ai failli me pisser dessus", mais ouh que ça fait du bien d'être libérer, et là, il n'est plus question de flemme. Une vraie partie de plaisir, telle une série Netflix avec un chocolat chaud et des chaussettes en pilou-pilou. On a transformé la flemme d'aller aux toilettes en une partie de jambe en l'air. J'exagère énormément, il faudrait que je pense à redescendre sur terre.
Mon deuxième plus grand succès de flemme, merci la dépression, ou je ne sais quoi : dormir. Quelle invention divine. Pourquoi lorsque nous sommes petits on veut pas dormir, et plus grands on découvre les joies du 8 ème art. C'est indescriptible. A chaque peine suffit sa flemme, et à chaque flemme s'en vient Morphée .
A l'époque (ouah je parle comme si j'étais une grande dame du haut de mes douze ans), j'habitais dans la région Grand-Est, la fameuse ville où les incultes prononcent le Z de celle-ci... Honte. J'étais dans études qui ne me plaisent qu'à moitié, c'est toujours d'actualité, dans une ville inconnue, sans amis, et toujours à découvert. L'envie de vivre était six mille pieds sous pierre tombale. C'était simple, je dormais tout le temps. Faire la plus grande activité de ma journée, me doucher : je dormais. Quand les céréales ne me convenaient plus et qu'il fallait faire les courses : je dormais. Regarder la télévision : je dormais. Simple et efficace, le remède à tous mes maux. Comment être encore plus incroyable me demandez-vous ? Je vais vous donner de quoi vous attacher à ce protagoniste pathétique, une petite touche d'addictions dans un huis clos utopique, ça vous dit ?
Pendant ce qui me semblait trois mois, qui furent en fait une grosse année, j'avais deux meilleurs amis, Nico et Grace. On vivait nos meilleurs vies tous les trois, et mes chicos qui commençaient à avoir une sale allure. Je rectifie mes propos, je dormais la journée, sauf en cours, j'étais un vrai petit oiseau de nuit. A deux heures, je me préparais de bons petits plats, je rattrapais toutes les séries en retard, jouais aux jeux vidéos... Nico et Grace enroulés sous la couette, étendus sur leurs oreillers en forme de cône. Je passais mes pauvres six heures de sommeil éveillée pendant que le monde était à l'arrêt. J'adorais. J'étais stone, le plus souvent accompagnée de Nico et Grace. Vivant à deux à l'heure la journée, et en fois six la nuit. Puis, tu te souviens, j'apprends encore à marcher, et je tombe souvent, et là, je suis tombée. Mais sévèrement. Boom. J'ai du me péter les genoux, ou peut-être le coeur. Ouaip, fais chier : je suis tombée amoureuse. Alors que mon appartement était une déchèterie, que je fumais de l'herbe comme je respire, j'ai pris la main qu'on me tendait, et lui ai cracher dedans, trois fois. Et, finalement, j'ai acceptée de ne plus être la marionnette de mon monde et d'apprendre à aimer, les autres et moi. De lever les yeux de mon nombril, et regarder autour de moi. J'apprends encore.
C'est une autre histoire. On ne change pas ce qu'on est au plus profond de soi, le premier souvenir que je t'ai raconté, parle de ce sentiment de flemme intense. Je l'ai toujours en moi, sauf quand je fumais comme un pompier, je me sentais invicible...
Appelez-moi Miss Flemme. Je suis carrément aux antipodes d'un bon protagoniste. Cela dit, les anti-héros font les chouchous de ces dames. Daryl Dixon, mon chouchou (The Wallking dead), Vol au-dessus d'un nid de coucou, je ne sais plus son nom, Deadpool, vous avez compris... J'en passe.
Cela dit, si vous tournez un film de superhéros (tout est relatif, je serai présente au nom de Miss Flemme, je réponds généralement très rapidement, surtout si Benedict Cumberbatch joue dedans. Sinon, pour toute autre aide, demande : appelez, écrivez... je répondrai quand je n'aurai pas la flemme...
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