La fille

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Voici un logo-rallye n'ayant pas d'inspiration pour une nouvelle à chute, j'ai d'abord pris au hasard 5 mots puis j'en ai rajouté d'autres voyant que ça n'allait pas assez loin, les voici donc :
Aubépine, consultation, impressionner, raisonner, ténèbres, vaporeux, turpitudes, voltiger, cataracte, déjouer, drap et assombrir.

***

La fille était là, assise au milieu de cette clairière, au centre d'un puit de lumière. Elle était belle, ses cheveux blonds s'envolaient doucement, comparables à ceux des anges. Son visage, apaisé, montrait une grande finesse, on aurait cru voir une déesse. Mais la froideur de la belle laissait transparaître un mauvais présage. Ses yeux bleus dans lesquels on se noierait, fixaient un plant d'aubépine. Plus tard, elle a été retrouvée vomissante dans la forêt par un marchand en calèche. Elle a été conduite chez le médecin du village. Elle ne disait rien, le regard vide. Encore quelques restes aux coins des lèvres de ce qu'elle venait de recracher. Le médecin, un homme âgé mais bien portant, s'est alors assis en face d'elle, l'observant à travers les verres de ses lunettes:

- Vous savez jeune fille, l'aubépine ne tue pas. Du moins, pas avec la quantité que vous avez ingérée. Quelle était votre but ? Le suicide ? L'homme ricane en levant les yeux au ciel. Dieu vous offre la vie et vous voulez la gâcher ? Il fronce ses sourcils broussailleux et grisonnants et poursuit. Vous êtes une honte, votre beauté est gâchée par la noirceur de votre âme. Sortez d'ici ! Dégagez !

Sans un mot la jeune fille a quitté la consultation, le coeur lourd. Dieu l´avait rappellée à lui. Mais c'était une fille que la Terre ne voulait pas laisser au Ciel.

D'un revers de manche, elle s'est essuyée le menton. Tout ce qu'elle voulait, elle, c'était l'impressionner. Mais le médecin avait raison, sa grande beauté laissait penser qu'elle était tombée du domaine des anges. Mais au delà de son enveloppe charnelle régnait une odeur putride. Celle de la nécrose provoquée par l'absence d'amour, de douceur, de tendresse. Cette fille pour qui n'importe quel homme se serait mis à genoux avait été blessée si profondément par un seul d'entre eux que personne n'aurait pu la raisonner. Elle, qui d'un souffle, d'un regard ou d'un battement de cil aurait pu sauver Roméo et

A la fois rongée par la culpabilité d'être aussi mal à cause de lui et détruite par le manque qu'il lui provoquait, la fille n'avait plus qu'un seul objectif: rejoindre les ténèbres. Depuis bien trop longtemps elle nageait dans un océan de souffrance, qu'aucun être n'aurait pu tarir excepté lui.

Lui, il lui était apparu un beau matin, vêtu d'une chemise vaporeuse et d'un pantalon en jersey. Il semblait formidable: des bouquets de fleurs à chacune de leurs rencontres, des dîners qu'elle naurait jamais pu s'offrir. Mais très vite, une fois qu'il eut entre ses mains le coeur si pur de la fille, il décida de le détruire, quant à celle à qui celui-ci appartenait, il lui disait d'innombrables turpitudes, mais elle n'arrivait pas à le détester. Pour enfin l'abandonner un soir d'octobre. Elle se souvenait parfaitement de ce moment, qui repassait sans cesse dans sa tête. Elle se souvenait qu'il y avait beaucoup de vent, que les feuilles orangées voltigeaient jusque dans ses cheveux. Elle se rappellait à quel point elle avait pleuré, encore aujourd'hui elle peut ressentir la fatigue extrême ainsi que la chaleur qui montait dans ses joues rougies par les larmes ainsi que par les frottements de ses manches sur celles-ci.

La fille marchait depuis déjà longtemps, et, sans s'en rendre compte elle se dirigeait vers le lieu où elle l'avait vu pour la dernière fois. Elle passait près d'une immense cataracte et hésita un instant à sauter. Dieu avait dû oublier ses ailes.

Elle savait que si elle se jetait dans la cascade, ses poumons se rempliraient rapidement d'eau. Personne ne pourrait déjouer ses plans. Et pourtant, au fond d'elle, elle ne demandait qu'à être sauvée. Mais ses peines l'ont rendues muette. D'un pas tremblant, elle se recule. La jeune fille avait le vertige.

Finalement elle renonça. Préférant se défenestrer plus près de lui. Sa haine envers ce garçon la consumait de plus en plus. Brûlant les dernières lueurs d'espoirs qu'elle pouvait encore éprouver.

Alors elle courut, jusqu'à ce banc sur lequel autrefois ils s'étaient assis. Sa vision se troublait peu à peu, les larmes de la fille contenaient tellement de chagrin qu'elle atteignait un point de non-retour. Elle implosait et hurlait si fort qu'on aurait cru à un être maléfique.

La jeune fille ne paraissait d'un seul coup plus si belle. A la lueur de la pleine lune on pouvait voir sa peau s'embraser. Et, en quelques minutes son être fut d'un noir si profond qu'il absorbait toute la lumière. Elle avait perdue sa chevelure. Une seule chose perdurait encore, le bleu de ses yeux. Leur lueur avait changé. On n'y voyait plus aucune pureté mais plutôt toute l'horreur du monde.

Dans un soubresaut, elle s'éteignit. Seule.

On la retrouva quatre jours plus tard. Elle avait recouvré sa beauté. Les hommes l'avaient couverte d'un drap, tout en regrettant sa mort. Personne ne la connaissait mais tout le monde aurait voulu la connaître à cet instant. Trop tard.

Quand son corps fut recouvert, le ciel s'assombrit. Et, pendant le trajet en calèche son corps disparut.

Personne ne l'a jamais revue. Certains disaient qu'elle était devenue un ange, d'autres un démon.

Mais qui peut savoir ce que peut faire une jeune fille si pure au cœur anéanti ?

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