Epilogue - Endroit inconnu - POINT DE VUE EXTERIEUR

2 minutes de lecture

le 03/05/2020 & le 11/03/2022

Dans un bureau froid et austère, où le blanc des murs et du plafond aveugle imprègne la pièce, un homme est assis dans un fauteuil à première vue inconfortable. Son costume d'un noir uni contraste fortement avec le décor de la pièce, tâche sombre au milieu d'un océan de lumière.
Cet homme n'est pas tourné vers la table qui supporte son ordinateur sophistiqué. Non, il regarde simplement le mur en face de lui, les yeux fixés sur un point qu'il est le seul à voir, ses traits sévères figés comme la glace. Son visage ruiné par les rides de l’aigreur ne laisse transparaître aucune émotion, il est aussi impersonnel que la pièce dans laquelle il se tient.
Lentement, l'homme se lève de son siège, le dos droit et la tête relevée, fière. Pourtant, on ne distingue aucune sorte de prétention ou de supériorité sur ses traits. Il se dirige vers le mur qu'il regardait il y a quelques instants encore et tend la main devant lui, comme pour attraper quelque chose... ou appuyer sur un bouton caché qui enclenchera un mécanisme inconnu. En quelques secondes, un pan de la cloison coulisse pour révéler un creux aménagé dans la cloison.
Une paroi de verre sépare encore cette mystérieuse personne de ce qui se trouve à l'intérieur du coffre. Il se penche légèrement pour présenter son œil à un capteur à peine dissimulé. Le scanner analyse lentement ce qu'on lui présente ainsi et finit par émettre un petit bip, suivit d'un déclic. La vitre, peut-être blindée, s'abaisse lentement. Enfin, il ne reste plus aucun obstacle.
Sans aucun empressement, l'homme lève une main aux longs doigts fins vers le coffre. Il se saisit d'un petit objet à l'intérieur qu'il serre fermement dans sa paume, seul signe d'une éventuelle trace d'émotion. Puis il appuie de nouveau sur le bouton, et la trappe se referme aussi lentement qu'elle s'était ouverte.
Une petite moue crispe les traits de notre curieux personnage. Quelle est donc cette émotion que nous venons de voir passer sur son visage ? Trop tard, elle a déjà disparu, trop vite pour qu'on puisse l'analyser.
Il effectue le même chemin en sens inverse pour se rasseoir dans son imposant fauteuil au dossier aussi rigide et droit que son possesseur. Cette fois cependant, il le fait pivoter pour se placer face à son bureau. Religieusement, avec des précautions infinies, il pose l'objet de sa convoitise sur la table, blanche elle aussi. Tout ici resplendit de propreté. Pas un seul signe d'appartenance personnelle.
L'objet se révèle soudain à nos yeux. Il s'agit d'une simple boite sans apparats, aussi grande que la main d'un enfant, qu'il ouvre d'une pression du pouce. À l'intérieur, un petit bout de papier plastifié mais usé par le temps, ainsi que, sans doute, les nombreux pliages et dépliages : une photo.
L'homme soulève délicatement la photo entre ses doigts, la pince entre le pouce et l'index de chaque main et, lentement, aussi indifféremment qu'il a effectué toutes ses précédentes actions, la déchire dans un crissement grave et satisfaisant. Puis il la repose dans son écrin sobre, qu'il laisse tomber à son tour dans la poubelle placée à côté du bureau.
Blanche elle aussi.
- J'ai gagné, Diane, dit-il simplement d'un ton neutre, neutre comme la pièce, comme son visage qui n'a trahit qu'une seule réaction humaine depuis le début.

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