Chapitre 6 Mon intervention

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La fois suivante, à mon arrivée, on me signala que les deux sœurs ne pouvaient pas venir, étant en dépression, et que, compte tenu des circonstances, j'étais autorisé à rester seul avec la malade dans sa chambre.

J'étais un peu paniqué par cette perspective, et je demandais ce que les sœurs pouvaient bien lui raconter.



Elles lui parlent de Dieu, de sa mère qu'elle va rejoindre au ciel, et elles essaient de la joindre à leurs prières. Ce sont les grandes lignes, et je n'en connais pas les détails.



J'avais la gorge serrée en entrant dans la chambre, car je ne me sentais absolument pas prêt à suivre ce modèle.

Je pris la chaise que j'avais utilisée la dernière fois pour me rapprocher du lit.

Il me semblait que tous les mouvements que j'effectuais avaient pour objet de retarder le moment de passer à l'action.

Enfin, je me rapprochais d'elle, et commençais à parler à voix basse.

Je parlais, parlais, parlais.

Et tout en parlant, j'avais l'impression de m'écouter, de me juger.

J'avais l'impression que mon espagnol n'était au fond pas si mauvais que ça.

Elle semblait écouter mes paroles, même si je ne pouvais en être certain.

Il semblait qu'elle ne serrait plus ses dents comme elle le faisait la dernière fois.

Son regard me semblait avoir moins de dureté et de fixité.

Je continuais à parler, parler, parler, mais la tension et la fatigue étaient devenues telles que je fermais les yeux pour pouvoir me concentrer et continuer.

J'étais nerveusement épuisé, et j'ai craqué. Je ne trouvais plus mes mots, je perdais le fil de mon récit.

J'ai tout lâché, j'ai pris une grande respiration et j'ai rouvert les yeux.

Elle dormait.

Je ne savais pas si c'était une bonne nouvelle, ou une mauvaise, aussi, sans faire de bruit, je demandais à l'infirmière présente dans la pièce à côté de venir.

Elle semblait ravie, et me dit que personne n'avait réussi à provoquer le moindre moment d'apaisement chez la malade qui restait tendue et angoissée tout le temps.

Elle me demanda ce que j'avais bien pu faire, ou lui raconter, pour obtenir ce résultat.

Je lui indiquais que j'avais simplement raconté une histoire drôle à la malade, dans laquelle il y avait plein de Jésus qui descendaient en même temps sur terre, et qu'il leur arrivait plein de contretemps. Ça a dû lui plaire.

La femme me dit aussi que j'avais peut-être en plus un certain talent pour endormir les femmes.

Je ne savais pas ce qui pouvait lui faire dire ça, mais je ne contestais pas.

L’inconvénient, c'était que j'avais craqué. J'étais totalement incapable de renouveler mon exploit. De plus, le modèle des deux sœurs semblait avoir pris un coup de vieux.

Restait à trouver un conteur parlant espagnol capable de prendre la suite.

Je pensais tout de suite à Rose qui la parlait, et qui pourrait être la femme de la situation.

Si elle acceptait, il me faudrait de toute urgence faire valider sa candidature.

Le curé trancha : je la connais, puisque c'est moi qui vous l'ai présentée.

Courez la voir, on s'occupera des papiers plus tard.

Le lendemain, nous nous sommes trouvés à quatre dans la chambre, mais c'est Rose qui prit la tête des opérations.

Elle avait suivi mon mode opératoire, mais avec un petit plus dans tout ce que j'avais pu faire la veille.

Je ne l'aurais jamais cru capable de faire ça, car elle m'avait semblé astreinte à prendre tout au premier degré.

De surcroît, elle agissait sans la peur au ventre et le besoin de se contrôler qui m'avait affecté.

La malade réagissait bien. Déjà la veille, elle n'avait pas répété son porqué mi, et il semblait même que de temps en temps, un léger sourire se manifestait.

Peut-être que je prenais mes désirs pour des réalités.

En fin de compte, quand les infirmières sont entrées pour effectuer les soins, il semblait que tout s'était passé de la meilleure manière possible.

Même si elle n'avait pas dormi.

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