Chapitre 13 Les deux amants

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Mais la mère me dit qu'à cette période, elle avait deux amants, et qu'elle ne savait pas lequel pouvait être le père. C'est la raison pour laquelle elle avait indiqué inconnue au registre des naissances.

Elle me fournit l'adresse et le nom de la société qui employait le second père possible.



Ce dernier parut surpris, car il n'avait jamais été informé d'une naissance.

Il était effectivement sorti avec elle à cette époque, mais ils s'étaient disputés, et la séparation avait été orageuse.

Il me révéla que faire l'amour avec lui était un événement inoubliable pour la femme. Je lui demandais s'il n'avait pas un petit peu la grosse tête. Il me répondit qu'il ne s'agissait pas de ça. Il avait un bon boulot qui lui rapportait bien, et il avait eu ses premiers rapports sexuels tarifiés avec des prostituées. Depuis, pendant l'amour, il avait le fantasme de récompenser financièrement sa partenaire, ce qu'il faisait royalement à la fin. Il se souvenait donc avoir laissé en partant à chaque fois une liasse de billets qui ne pouvait pas laisser indifférente. Et ces billets, on doit bien se souvenir de ce qu'on en a fait.

Cela peut permettre de s'assurer d'une date de conception.

Et, il était prêt à réparer et à reconnaître l'enfant, si c'était le sien.



Les deux pères.


Ce soir-là, les deux pères se présentèrent dans l'appartement, ils tenaient chacun une fleur dans une main, et un paquet contenant des vêtements de bébés dans l'autre.

Ils ne se comportaient pas en chiens de faïence, car ils avaient assimilé tout de suite qu'ils n'étaient ni adversaires, ni véritablement concurrents.

Tout cela ne faisait pas mes affaires, car cela retardait le moment ou je pourrais récupérer mon appartement.

J'indiquais aux deux hommes que l'on pouvait parfois reconnaître des paramètres héréditaires dans la forme des pieds, des doigts de pieds, et des mains.

Ce fut donc une séance ou chacun scruta ses doigts de pied, pour les comparer à ceux du bébé. C'était à qui pouvait trouver les meilleures comparaisons. En vain.

Je demandais aux deux hommes si l'un d'entre eux accepterait de reconnaître le bébé, en acceptant ainsi l'incertitude de la naissance.

Pas de problème répondit le premier.

J'accepte répondit le second.

Je demandais alors à la mère de bien vouloir les départager, au cas où elle était d'accord pour choisir un d'entre eux.

Elle répondit que les deux lui convenaient, et qu'elle n'avait pas de préférences.

J'avais l'impression que l'on avait fait un saut considérable de paradigme.

On été parti d'une situation ou l'objet désiré était une femme, accompagnée de l'enfant fait en commun, à celle ou l'objet désiré est un package comprenant une femme et son enfant, d'où qu'il vienne. On achetait une situation sociale d'homme marié avec enfant, sans avoir à en franchir toutes les étapes.

Du côté de la femme, il m'avait semblé, dès le début, et cela m'avait paru clair quand je l'ai vu changer la couche du bébé, que ce dernier était surtout pour elle un boulet. Le choix de l'homme importait peu, pourvu qu'il la protège.

Le seul qui avait dû porter ce bébé dans ses bras avec amour, c'était le curé quand il l'avait baptisé.


En conclusion, tout cela ne faisait pas mes affaires.


L'invitation au restaurant.

Chaque fois que je passais relever mon courrier, j'en profitais pour demander à Juliette où en était son dossier logement, et si elle avait enfin choisi entre ses prétendants.

Elle me dit que le lendemain qui était un samedi, Jean, son ex, l'avait invité au restaurant à midi, et qu'ils projetaient de passer l'après-midi ensemble. Et, bien sûr, ils avaient besoin de quelqu'un pour garder Zoé.

Je me suis bien évidemment proposé, espérant que cela puisse débloquer la situation.


À l'heure dite, je me suis présenté. Elle m'a dit : le bébé a mangé, il est changé. S’il pleure, il n'y aura qu'à le bercer jusqu'à ce qu'on revienne.

Elle disait : le bébé, et pas Zoé. Bon, ça me choquait un peu.


J'étais dans mon propre appartement, et je m'y sentais étranger.


La voisine.


Zoé dormait et je tournais en rond dans la pièce. J'avais mis en marche ma télé portative, mais les antennes captaient mal à l'intérieur de l'appartement.

Soudain, on sonna à la porte. Par précaution, je regardais dans l’œilleton. C'était la voisine du dessous.

Après avoir ouvert, je vis qu'elle était accompagnée de ses trois enfants. Présentation : Arnaud 4 ans, Bénédicte 3 ans et demi, et Clémence 2 ans.

La brave dame m'implorait de bien vouloir lui garder ses trois marmots pour pouvoir se rendre à un rendez-vous urgent. Son mari n'était pas encore rentré, et elle ne savait où le joindre.


J'acceptais, comme d'habitude.

Il faudra que j'étudie cette manie que j'ai, et qui consiste à accepter toutes les demandes, sans jamais dire non. Il y a aussi la technique qui consiste à ne pas refuser la demande, et à ne rien faire.

Bref, ici, cela ne m'enthousiasmait pas de garder pendant un temps indéterminé les rejetons de la dame.

Et là, l'enfer avait commencé. Les deux plus grands voulaient absolument jouer avec le bébé, et ce qui devait arriver arriva. Ils l'ont réveillé, et il s'est mis à brailler.

Pour les occuper, je leur ai trouvé quelques feuilles de papier utilisées dans les cabinets de comptabilité, deux crayons noirs, et un stylo 4 couleurs.

Ils sont bien sûr immédiatement revenus me voir, car les mines des crayons étaient cassées, et qu'ils avaient bloqué le stylo 4 couleurs sur la seule cartouche qui n'écrivait pas.

Ils voulaient d'autres feuilles, et ils voulaient savoir pourquoi il n'y avait que des crayons noirs.

Arnaud était passé sous la table de camping et avait fait tomber la petite TV portative, qui, si elle n'avait blessé personne, avait terminé sa vie d'utilitaire définitivement.

Alors que je me débattais avec mes quatre tortionnaires, la sonnette retentit.


J'étais sauvé, la voisine revenait, et elle allait me débarrasser de ses loubards en devenir.

J'ouvris la porte et tombais face à face avec Élodie.

Catastrophe.

Elle était rayonnante, et me dit :

Je ne te fais pas la bise, mais je n'en pense pas moins.

Elle continua ensuite son cinéma. Je me doutais que tu aimais les enfants, mais pas au point d'en garder pendant tes week-ends.

Elle poursuivit en s'adressant aux enfants : comment tu t'appelles, toi, quel âge as-tu ? Avec elle, les horribles gosses devenaient tout calmes.


Elle prit ensuite Zoé qui pleurait dans ses bras, et dit : oh, je sens une petite odeur. Et elle se rendit avec Zoé dans la pièce qui tenait lieu de salle de bain.

Je la suivis, car j'avais peur que son amour des enfants ne la mène à kidnapper Zoé, et à s'enfuir avec. On avait déjà vu ça. S'adressant à moi, elle se méprit sur l'objet de ma présence à côté d'elle.
Tu vas apprendre comment on change une couche. Regarde ce cucu, comme il sent bon quand il est propre. Elle me refila Zoé dans les bras, lavée et couche changée, en me disant : Elle a faim, je vais lui préparer son biberon. Garde-la en attendant. Bizarrement, les trois autres garnements se tenaient tranquilles, et avaient semblé intéressés par l'opération de changement de couche.

Nouveau coup de sonnette. Cette fois, c'était bien la maman qui revenait.

Élodie en profita pour lui indiquer que je garderais toujours avec plaisir ses enfants, et que quand elle serait ma femme, elles seraient amies.

Il n'y avait que les enfants qui n'étaient pas d'accord. Le monsieur, il est pas gentil, et il n'y a pas de jouets ici.

La voisine partie, il ne restait que Zoé, Élodie et moi.

Elle en profita sadiquement pour me donner un cours de puériculture, et d'éducation des jeunes enfants, auxquels je ne pouvais pas échapper.

Mon supplice s'acheva avec le retour du couple rabiboché, semblait-il, définitivement.

Juliette m'informa que son choix était définitif, et que, dès demain, elle irait s'installer chez Jean.


J'ai profité du moment ou Élodie était occupée à informer le couple qu'elle serait ma future femme, ce dont ils se moquaient totalement, pour m'éclipser et quitter l'appartement.

A priori, j'avais réglé un de mes problèmes.

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