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Lily sort de sa bulle comme un papillon de sa chrysalide, désorientée. Elle comprend mal de s’être réveillée sur la branche même où elle s’était endormie : mon quartier.

— Pourquoi on est revenues ? fait-elle sans cacher sa surprise ou ses espoirs.

— Y a qu’une station en ville où mon antiquité peut faire le plein d’essence. J’ai mon plein, alors on est revenues.

— Mais…

— Winona va vous garder chez elle, Jupiter et toi, aujourd’hui. Je dois aller faire des courses.

— Mais t’avais pas dit que… tu…

Elle comprend à mon regard que les mots sont inutiles. L’avertissement est passé. Le dernier.

— Quand tu reviendras à la maison, ta porte sera dévissée quand même. Et tu seras de corvée de rangement du garage.

J’avoue improviser ce dernier point, mais il faut bien que quelqu’un range ce bazar une bonne fois pour toutes. Elle opine et je me retiens de sourire.

— Que ce soit clair, je ne compte pas mentir pour toi. Tu te débrouilleras avec ta mère. Et si ça va jusqu’au tribunal, je te préviens, je suis enceinte du meilleur avocat de la ville.

Ce qui est peu dire, malheureusement, mais qu’en saura jamais ma meilleure nièce ?

Sur cette conclusion aux faux airs de fin heureuse pour Lilly, je retourne à la banalité de l’existence. Autrement dit, je vais au supermarché. C’est surement à une loi d’équilibre de l’univers que je dois d’y avoir rencontré un homme comme Reiner. Ces jours derniers, il n’appelle plus, n’écrit plus… Ce superhéros a renoncé à éteindre l’incendie de notre couple.

Vous n’êtes pas en couple, me souffle ma raison.

Elle a tort.

Infiniment.

Je me suis comportée en monogame presque parfaite depuis la nuit qui a précédé toutes les autres, jamais avant, pas même pour Elle. Surtout pas pour Elle. Je devais lui montrer, à cette créature de fantasme, que je pouvais me faire aimer aussi.

J’ai appris l’infidélité en croyant à l’amour. J’ai appris l’amour sans croire à la fidélité.

Reiner me manque. Je voudrais que David et lui se connaissent, qu’ils fusionnent. Leur relation serait la plus saine de ma vie, mais tant pis pour moi. Le premier vit sur un glaçon. Le second ne fait plus semblant de vivre avec moi.

Je suis… enceinte. Plus j’y pense et plus je m’attache à l’être hypothétique qui mériterait meilleure mère que moi. Je suis à peine une tante correcte. Comment je peux songer à être maman ?

En attendant un terme quelconque, le magasin vient d’ouvrir. Je sors de ma voiture. J’ai un peignoir à acheter.

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