Chapitre 21 : Les ruines
Josh était surpris par cet environnement. Une guerre semblait avoir eu lieu ici, il y a très longtemps, et pourtant la terre en portait encore les séquelles. Il n’y avait presque aucune végétation, hormis quelques arbres brûlés et noircis. Le sol lui-même était calciné, couvert de squelettes, de carcasses de voitures, de tanks et même de véhicules méconnaissables tant ils étaient endommagés.
- Je ne sais pas ce qui s’est passé ici, fit Josh, mais ça devait être du costaud.
Après une bonne demi-heure de marche dans ce paysage apocalyptique, Josh aperçut au loin un bâtiment dont l’architecture tranchait radicalement avec ce qu’il avait vu jusque-là. Une enseigne, partiellement effacée, attira son attention, mais il en comprit tout de même le sens.
- Qu’est-ce qu’un I STI U ? demanda Traqueur, qui avait également repéré le bâtiment.
- Un institut… ou une institution, si tu préfères, répondit Josh. J’ai envie d’aller voir de quoi il s’agit. C’est le seul bâtiment qui semble encore partiellement debout.
Ils s’avancèrent donc en direction de la structure. Une fois devant, Josh confirma son intuition : ce bâtiment n’avait rien à faire ici. Il ne semblait pas originaire de ce monde. Ce qui le surprit davantage fut le reste du nom, encore visible malgré le temps : Institut BOLIN.
- Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’intuition que ce n’est pas un hasard si l’institut porte le même nom de famille que Marc, souffla Josh.
Ils pénétrèrent dans le bâtiment. Malgré les dégâts importants, Josh conclut rapidement qu’il s’agissait d’un centre scientifique, simplement en observant le matériel présent.
Dans le plus grand laboratoire, il découvrit des dossiers papier, certains ayant partiellement survécu au temps. Malgré les trous et les taches, il parvint à déchiffrer quelques mots intéressants.
Tout d’abord, le nom du projet ne laissait place à aucun doute : "Projet Neomundus".
- Je vois "Neo", ça doit faire référence à "nouveau", et "mundus" à "monde", analysa Josh.
Il tourna une première page avec difficulté, puis pensa : Il faudrait vraiment que j’apprenne la télékinésie. Il se rappela qu’il avait des points d’expérience non utilisés. En consultant ses compétences disponibles, il trouva le terme télékinésie et décida de débloquer ce pouvoir. Il s'entraîna d’abord sur des objets moins fragiles que le dossier afin d’en affiner le contrôle. Après une heure d’entraînement, il reprit l’analyse des documents.
Sur la page suivante, il lut : "contexte", "notre monde", "destruction imminente". Puis sur la suivante : "créer un dieu artificiel", "créer un nouveau monde", "transférer la population", "plus de limites".
- Je commence à comprendre ce qui s’est passé, murmura Josh, et ça me fait extrêmement peur. En gros, ils ont foutu leur monde en l’air au point de le mener à la destruction, puis ils se sont dit : "Et si on créait un dieu artificiel pour concevoir un monde sur mesure, sans aucune limite ? Comme ça, on pourrait continuer à faire n’importe quoi… sans conséquences." Un projet à l’image de leur génie... et de leur stupidité. J’ai bien peur que nous soyons dans ce fameux nouveau monde.
Il poursuivit sa lecture, mais ne comprit pas grand-chose aux détails techniques. Ce qu’il retint, c’est qu’ils avaient créé une version test de leur Dieu, capable de commencer la création du nouveau monde. Étant donné l’état de leur monde d’origine, ils l’avaient doté de la capacité d’observer d’autres mondes et univers parallèles pour nourrir son intelligence.
Pour tester leur création, ils avaient mis au point un système de téléportation dans ce nouveau monde. D’après la description, Josh comprit qu’il s’agissait des casques VR qu’ils avaient reçus. Pour éviter les fuites, les noms des employés autorisés à entrer dans le nouveau monde avaient été encodés dans le système du Dieu.
Le rapport se terminait abruptement par : "Nous avons un problème", "transfert des équipes vers un autre institut".
- Je crois avoir une bonne idée de ce qui s’est passé, dit Josh. Il faut que je trouve cet autre institut pour en avoir le cœur net. J’espère qu’il est aussi dans ce monde… mais tout cela semble avoir très mal tourné. Et si leur Dieu n’était qu’en phase de test, cela expliquerait ces "zones" incohérentes.
En poursuivant ses recherches, Josh trouva plusieurs badges au sol. En les lisant, tout devint encore plus clair. Il y avait onze noms : "Léon Charpentier", "Maxime Dupuis", "Franck Bodef", "Guillaume Joly", "Christine Marchand", "Anne Petit", "Justine Defui", "Marc Bolin", "Valentin Faco", "Emily Snow" et "Josh Surt"
- Marc et moi sommes des homonymes, souffla Josh. Je crois que tout s’éclaire maintenant… Même si une question demeure : comment leur Dieu a-t-il pu envoyer un colis par la Poste dans notre monde ? Il va vraiment falloir que je trouve l’autre labo.
Josh ouvrit l’interface de jeu et envoya un message à Marc pour lui faire part de ses découvertes.
Marc répondit presque aussitôt :
"Sérieusement ? Donc dans un autre monde, moi — ou un homonyme de moi — était un génie ? Génial ! Enfin… pas si génial que ça, vu qu’il nous a foutu dans la merde. Mais bon. Ton analyse tient la route. J’ai moi aussi rencontré un autre joueur piégé qui s’appelle Léon. On se tient au courant ;)"
Josh sourit. Marc est fidèle à lui-même.
Ils quittèrent alors le laboratoire. C’est à ce moment-là que les squelettes commencèrent à se relever et à les attaquer.
- Heureusement qu’ils ne sont pas très solides, réagit Neige. Vu leur nombre, ça aurait pu être un vrai problème.
Ils avancèrent en combattant les squelettes jusqu’à tomber sur des créatures bien plus dangereuses : des golems de pierre de trois mètres de haut, armés de massues.
Ombre plongea dans l’obscurité et tenta de les prendre à revers, mais ses griffes se brisèrent sur la roche. Il poussa un cri de douleur.
Josh tenta plusieurs sorts, en vain. La seule chose à faire était d’esquiver.
Tout à coup, Vent-Furieux dit :
- J’ai une idée. Si on ne peut pas les détruire, on va les forcer à se détruire entre eux. Leur raisonnement semble limité. Restez en retrait.
Il attira leur attention, puis effectua des pirouettes aériennes pour les positionner en triangle.
- Josh, Rêveur, placez-vous chacun sur la tête d’un golem et attirez l’attention de celui que je vous indiquerai. Il faudra esquiver à la dernière seconde.
Ils obéirent sans réfléchir. Quand les trois golems attaquèrent, ils esquivèrent parfaitement, et les créatures s’écrasèrent les unes contre les autres, se détruisant mutuellement.
- C’était une idée de génie ! lança Rêveur. Mais j’ai vu ma vie défiler… Plus jamais je sers d’appât.
Alors qu’ils approchaient de la sortie, un golem géant, composé de roche et de morceaux de tanks, leur barra la route. Il mesurait cinq mètres de haut, et les canons des tanks n’étaient pas décoratifs : ils tiraient de véritables projectiles. Heureusement, ce n’était que de la roche, mais les éclats blessaient quand même.
Neige visa les canons avec ses rayons laser pour les faire fondre : efficace. Josh utilisa sa magie de glace pour geler le sol, espérant faire glisser le golem grâce à la télékinésie, mais la créature était trop lourde. Néanmoins, en avançant, le golem perdit l’équilibre et chuta.
Neige en profita pour le mitrailler de rayons laser, Vent-Furieux créa une bourrasque descendante pour le plaquer au sol, et Josh utilisa tous ses pouvoirs pour tenter de l’abattre. Le golem fut affaibli, mais pas vaincu.
Soudain, un puissant rayon jaillit de nulle part et pulvérisa la créature. En se retournant, Josh vit Rêveur, debout devant une machine massive, une patte posée sur un bouton.
- D’où tu sors ça ?! réagit Josh.
- En fait, je vous ai pas dit… Les spores, je les ai obtenues grâce aux champignons, donc j’ai utilisé mes points pour débloquer une magie de stockage. Quand on était dans le labo, pendant que tu lisais le rapport, j’ai stocké tout ce qui me semblait utile et que je pouvais activer. Cet engin ne servira plus : il a épuisé ses batteries.
- Mais c’est génial, cette capacité ! dit Vent-Furieux. Tu aurais dû nous le dire plus tôt.
Les loups le taquinèrent en reprenant leur route. Ils entrèrent alors dans une zone radicalement différente. Le sol semblait fait de nuages, où poussaient des fleurs et des arbres colorés.
- On est au paradis ? fit Rêveur, ébahi.
- Possible, répondit Josh.
Annotations