L'arrivée de la princesse qui sauva le prince, etc...

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Que s’est-il passé au bout de ce demi-siècle de sommeil et par quel miracle – oui, vu là où il avait été planqué, on peut parler de miracle – a-t-il été réveillé et par qui ?

Un beau jour, ou était-ce une nuit… Une jeune fille, nommée Barbara, s’était endormie près d’un lac. Comment ça, c’est du plagiat ? Mais pas du tout, cette histoire s’est déroulée bien avant la chanson de ladite chanteuse. Barbara était une princesse, une vraie. Elle s’était aventurée dans cette forêt profonde, près d’un lac, elle avait fini par s’y assoupir. À son réveil elle vit un aigle noir… Mais si, je vous assure, avec les yeux couleur rubis et un diamant bleu sur le front. Cet aigle, dans un bruissement d’ailes, la guida jusqu’au sarcophage où était allongé Bo, le prince endormi.

Elle mit quelques temps à comprendre de quoi il s’agissait tant il y avait de lianes et de ronces autour de sa couche. Heureusement, elle avait dans sa poche, princesse prudente, des gants en cuir épais et un sécateur. Toute princesse digne de ce nom ne sort jamais de chez elle sans avoir le minimum nécessaire pour défricher, non ? Après deux bonnes heures de taille et d’arrachage, elle finit enfin par voir ce qui se cachait en dessous : un prince endormi. Oui, nous on le sait, mais elle ne le savait pas, elle n’avait pas lu l’histoire depuis le début, puisqu’elle n’intervient dans celle-ci que maintenant. Certes, elle avait entendu parler de cette légende du prince endormi, seulement elle n’y avait pas prêté attention. Si ce fameux aigle noir ne l’avait pas menée par le bout du bec jusque-là, elle serait rentrée bien tranquillement chez elle et il n’aurait pas été réveillé à ce moment-là, Bo. Si ça se trouve, il dormirait encore à l’heure où je vous parle. Cette histoire aurait eu beaucoup moins d’intérêt d’ailleurs….

Bref, tout ça pour dire qu’elle n’était là, devant ce prince assoupi, que par le plus grand des hasards, bien aidé par un aigle noir. Il lui fallait maintenant trouver un moyen d’ouvrir ce foutu sarcophage. Pas de bouton caché, ni de poignée apparente. Elle pensa un moment chercher une grosse branche pour tenter de casser le verre, mais à l’idée de blesser le prince, elle se ravisa. Fouillant dans les poches de sa robe, elle trouva un certain nombre de choses qui devraient pouvoir l’aider : un cric de camion, une lime à ongles, une motte de beurre (salé bien sûr), une aiguille à tricoter taille 8, un roman policier d’Agatha Christie au titre devenu illisible, une boucle de sandale, un paquet de mouchoirs en papier, une fourchette à qui il manquait une dent et bien sûr, un raton laveur… En fouillant mieux, elle eut la bonne surprise d’y découvrir aussi un pied de biche de bonne taille. Une fille prudente, je vous dis… et organisée.

Elle avait pensé, au début, lancer aussi le cric sur le verre enrobant le prince, mais pour la même raison que la branche, elle avait évité. Idem pour frapper comme une sourde avec le pied de biche. Elle n’avait trouvé aucune utilité à la boucle de sandale, ni à la motte de beurre (y avait même pas de pain pour se faire des tartines). La lime à ongle s’était rapidement cassée quand elle l’avait introduite dans l’interstice entre le socle en bois et le verre, pareil pour la fourchette. L’aiguille à tricoter était trop grosse pour s’y glisser. Quant au polar, à part pour se changer les idées entre deux tentatives, il ne servait à rien.

Il y avait toujours cet aigle noir qui la regardait faire. Penses-tu qu’il lui donnerait un coup de main (d’aile) ? Non, c’est trop facile de regarder les autres s’échiner et de juste les fixer de ses yeux rubis. Reprenant ses forces en mangeant un morceau de beurre (oui, c’est dégueu mais elle n’avait que ça, elle n’allait pas non plus tenter de se faire rôtir une aile de l’aigle… pas certain qu’il aurait été d’accord d’ailleurs, avec ses yeux rouges et cruels…), elle finit par convenir que seul le pied de biche, habilement manipulé, arriverait à permettre d’accéder (oui, c’est lourd, je sais…) au miracle levant la malédiction d’Adèle. Elle remit ses gants en cuir épais, introduisit l’extrémité plate du pied de biche là où la fourchette et la lime à ongle avaient lamentablement échouées. Elle porta tout son poids sur le bras de levier du pied de biche…. Puis, rien… Elle s’écarta un instant et prit de l’élan avant de forcer sur l’ustensile en décollant les pieds du sol… Toujours rien.

Bon, on va accélérer un peu, sinon on y est encore demain… C’est d’ailleurs ce que s’était dit l’aigle au bout du troisième essai infructueux de Barbara. L’air de rien, il avait été se poser, délicatement, sans trop serrer ses serres, sur l’épaule princière. Il faut croire qu’il ne manquait pas grand-chose puisque ce léger poids (bon, un aigle, surtout noir avec des yeux rubis et un diamant bleu sur le front, ça pèse bien quelques kilos quand même) avait suffi à permettre au pied de biche de faire décoller le verre du bois. D’un geste réflexe impressionnant, la princesse réussit à prendre la fourchette et à glisser le manche dans l’interstice, pour pas que l’ensemble ne se referme. L’aigle, content de sa contribution, regagna la branche sur laquelle il regardait la scène depuis le début. Une contribution de poids si l’on peut dire…

Le plus gros du travail était fait, cela ne prit plus que quelques minutes pour enlever totalement la coupole de verre qui emprisonnait le prince. Cette fois-ci, ce fut sans aucune aide de l’aigle, qui se contentait de reluquer tout ça, avec ses yeux rouges. Le prince était enfin à l’air libre, libre comme l’air et libre de se réveiller. N’écoutant que son courage (imaginez qu’il ne s’était pas lavé les dents depuis cinquante ans), elle posa ses lèvres douces sur celles du prince – qui, elles, étaient un peu sèches, pensez, au bout de cinquante ans…. Mais rien ne se produisit. Pas le moindre petit frémissement de cil ou de paupière. Redoublant de bravoure, elle saisit la mâchoire inférieure du prince, lui ouvrit la bouche (en se pinçant le nez) et lui roula la plus belle et grosse galoche de toute sa vie. Toujours rien. Mince… Cela ne marchait donc pas ? Cette légende n’était qu’une vaste fumisterie ? Elle fouilla longuement sa bouche avec sa langue, cherchant l’appendice lingual princier, en vain. Celui-ci restait collé au palais princier (celui de sa bouche, hein, pas le château.. mais vous aviez compris).

Bon, il allait falloir passer à autre chose…. La main de la jeune princesse chercha les boutons de la veste princière et commença à la déboutonner. Elle se glissa à l’intérieur, cherchant les tétons afin de les agacer du bout des ongles. Généralement, pas grand monde n’y résiste. Là : rien, pas la moindre réaction. De dépit elle en saisit un entre les ongles du pouce et de l’index et le pinça fortement. Là non, plus, aucun signe.

Décidément, les grands moyens, il n’y avait plus que ça. Sa main quitta la poitrine du jeune homme (enfin jeune plus cinquante ans, il aurait pu être son grand-père quand même) pour se diriger plus bas. Elle se posa sur la protubérance – au repos - du presque jeune homme et y resta un instant, le temps de communiquer sa chaleur à cette partie princière. Au bout d’un certain temps, jugeant la chose entendue, elle commença à exercer quelques pressions et mouvements afin de réveiller ladite « chose ». Sans succès aucun, là non plus. Elle entreprit de déboutonner la braguette afin d’améliorer le contact avec cette noble partie charnue du prince. Aucun effet non plus suite au contact peau contre peau.

Commençant à se sentir énervée par son absence de réussite, d'autant plus que le regard de l'aigle devenait de plus en plus ironique - il faut imaginer deux rubis avec un regard ironique, on se sent vraiment vexé, croyez-moi-, elle baissa d'un coup le princier pantalon ainsi que les sous-vêtements. Plus de temps à perdre maintenant. Le princier service trois pièces était exposé devant son regard concupiscent. Elle le cajola de ses petites mains douces sans qu’il n’y ait le moindre frémissement visible.

  • Tu n’y arriveras pas, lui disaient les yeux rouges.
  • Mais si, je vais y arriver
  • Non, c’est pas vrai !
  • Mais qui est-il pour me résister ?
  • Un prince envouté.
  • Je m’en vais te le désenvouter moi !
  • Tu n’y arriveras pas !
  • On parie ?
  • Je ne parie jamais, je gagne tout le temps, sembla lui répondre le regard rouge de l’aigle noir.

Bon, il ne restait qu’une seule solution, the last one… Elle relâcha ce princier service trois pièces, tendit son majeur et le plongea dans la motte de beurre, qui avait enfin trouvé sa vraie utilité, l’enduisant copieusement de corps gras. Sans coup férir ni frémir, elle l’introduisit profondément et inexorablement dans le princier fondement. Arrivée au fond du fondement, elle sentit une crispation autour de son majeur. D’un coup, Bo ouvrit les yeux, se redressa et banda. Elle sortit son doigt, se jeta sur lui et le chevaucha pour une cavalcade des plus débridées, prélude à de nombreuses autres.

Et c’est ainsi que Bo, le beau prince envouté par la presque morte Adèle, le devint par une princesse qui lui explora profondément le fondement.

C’est pas un beau happy end, ça ?

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