Au petit matin, je me lève avec entrain. Les servantes s'empressent de m'accueillir pour le petit-déjeuner. Une longue table se dresse avec toutes les collations. Je me sens comme une princesse. Les couleurs sont resplendissantes et pétillent tel un roseau. Je repense à la conversation que nous avons eue les filles et moi. Je dois jouer mon rôle pour que Jin crache le morceau. Si je n'ai pas pu lui rendre l'argent sur le moment, c'est parce qu'il a exercé sur moi une forme de pression. Pour le coup, il a bien joué son rôle. Faire semblant de me perturber, de me pousser à quitter l'entreprise puis après me faire kidnapper… Bien sûr, il a tout manigancé. Comment aurais-je pu lui remettre l'enveloppe dans ces conditions ? Il voulait connaître mon fantasme, pour monter une aventure japonaise dans un contexte historique, comme dans ses rêves. Malin ! À l'instant, Jin traverse le couloir et pousse les portes pour venir manger. Je le vois vêtu d'un kimono noir et rouge, puis il s'installe face à moi. Je l'observe depuis ma place. Il est en bout de table, comme un chef de famille, à me dévorer des yeux. Je ne dois pas céder. Je vais faire de même et lui montrer de quel bois j'me chauffe ! Je finis mon repas et je me mets debout. Il mange sans me quitter une seule seconde du regard.

— Bien ! Je voulais vous tutoyer mais la situation fait que je devrais plutôt mettre une distance entre nous, une forme de respect.

Il ne dit rien.

— D'accord, si vous l'acceptez, je veux prendre cette salle rien que pour nous deux.

Il tape des mains pour ordonner aux servantes de partir. Eléonore et Sophie arrivent au même instant. J'échange un mot avec elles et elles s'exécutent aussitôt. Au bout de quelques minutes, Eléonore glisse dans ma ceinture un martinet. Elle me laisse une consigne.

— Fais attention à toi.

Je remue la tête pour la rassurer. Les deux quittent l'endroit. Je monte sur la table et je m'avance vers Jin à pas de loup. Il n'a pas l'air surpris. Je n'arrive ni à lire dans ses yeux, ni à percevoir ses pensées. Une fois présente face à lui, je prends son verre d'eau que je renverse avec précision entre ses jambes. Il ne réagit pas. Je m'assois devant lui, au bord de la table. Je sens que l'instrument de torture m’interpelle pour faire un test sur ma prochaine victime. Je ne déchante pas et je le sors. Jin m'observe avec la même intensité. Je suis un peu déstabilisée mais j'ai confiance en moi. Ici, je ne dois pas être la même brebis. Je dois être sensuelle et confiante. Mon quotidien mélancolique doit prendre fin. Je le caresse avec le martinet, du visage à l'entrejambe. Je pose mon pied entre ses jambes en frottant la surface de sa partie intime. Je laisse volontairement les nombreux lanières caresser ma jambe pendant que mon pied le frotte en continu. Je sens l'adrénaline monter en lui. Il se saisit du martinet et me frappe sur la cuisse. Je suis déstabilisée par la douleur, il me soulève et me plaque sur la table en faisant tomber les plats. Si je me débats, il me frappe. Si je me laisse faire, il caresse mon abricot avec le martinet. Quand je résiste, il déchire ce qui fait obstacle au fruit défendu. Il le savoure… Je rentre mes griffes dans la table pour cesser cette barbarie. Pourtant, mes tétons durcissent à cause du frottement qu’émet mon kimono. Je grince des dents et je gémis. Jin croise mon regard avec ses lèvres mouillées… Il s’en lèche les babines. Je ne peux pas m’empêcher de l’embrasser. Sa langue plonge dans ma bouche comme une douce et tendre sucrerie. Nos lèvres se frottent et se caressent indéfiniment. Le souffle de sa bouche parcourt mon cou et réchauffe mes lèvres. Quand Jin plonge un doigt dans ma bouche, ce sont ses reins qui me cognent. Lorsqu’il plonge sa main dans ma poitrine, c’est mon déhanché qui s’active. Il continue de me mettre des fessées à l’aide du martinet, cela ne me déplait pas. J’oublie tous mes objectifs et je me laisse clairement dominer et porter par le vent. Comment puis-je résister face à lui ? Son corps et ses gestes sont si forts et si précis. Le plaisir ne dure que dix minutes et ce dernier me laisse dans la pièce froide.

Je me dirige vers les jardins à moitié nue, sous le regard des servantes gênées. Elles s’empressent de venir me chercher pour ma toilette. Mais quelque chose retient mon attention, Eléonore. Elle manipule des armes comme une experte en arts martiaux. Je suis subjuguée par sa force, sa justesse et sa précision. Les lames qu’elle utilise peuvent couper n’importe quoi, même une feuille de papier. Eléonore est douée. Elle se bat avec deux hommes comme dans les films de ninja. Quelle est forte ! Ses différents mouvements sont précis et particuliers. Je n’ai pas le temps de tout voir puisque les servantes me ramènent à l'intérieur. Je pense que je vais lui demander quelques astuces après son entraînement. En voyant tout cela, une idée me traverse l’esprit !

Les servantes et moi nous nous dirigeons vers les bains. Je me laisse caresser par la lavande du matin. Elles chantent des comptines japonaises. Je suis entraînée par leur musique et leur douce voix. Elles finissent de me laver. Je souris sans me poser de questions et je me lance à la recherche d’Eléonore. Je la remarque sur le chemin fleuri aux côtés de Sophie. Elles ont l’air de bien s’entendre. En me présentant à elles, elles se sont immédiatement prosternées sous le regard de Jin. Je n’arrive pas à me ménager. Je dois garder mon calme.

— Eléonore, apprends-moi des techniques de combat avec une arme.

— Mala ?

— Apprends-moi !

— Il faut des mois, des années d'entraînement… C’est compliqué…

— Avec n’importe quelles armes ! Une arme simple ! Je peux y arriver !

— Ce n’est pas une question de simplicité… C'est une question d’expérience.

— Si tu m'aides… Je te donnerais ce que tu veux…

Je m’approche d'elle de manière spontanée en posant mes lèvres sur sa bouche. Elle reste figée… Elle ne sait pas quoi dire. Je me mets à genoux en la suppliant. Après une longue réfléxion, elle me relève le regard égaré.

— Debout Mala ! Je vais t'aider. Rendez-vous à l'aube à cet endroit précis.

Sophie reste sans voix et quitte les lieux. Je fais de même en me réfugiant dans mes appartements. Jouer de mes charmes avec Eléonore me permettra d'accéder à la force dont j'ai besoin pour dominer Jin. Sa fichue richesse ne m'arrive pas à la cheville. Je dois mettre en place une stratégie pour gagner la prochaine manche.