Ponctuation
D’un "Pfft", l’onomatopée haussa les épaules tandis que, précédé d’un "Il suffit", un point d’exclamation intimait l’arrêt des salves blessantes.
A l’injonction, les mots chuchotèrent encore un peu entre eux avant de finir leur course dilués dans une flaque d'encre désolée.
S’entendit un soupçon d’excuse auquel nulle virgule n’accorda respiration et qu’un revers de main balaya.
Assis sur le milieu d’une ligne inachevée, les crédules personnages qu’on avait laissés en suspension - attendaient, les pieds ballants, qu’on leur donnât la suite de leur texte, qu’on leur racontât la fin de leur aventure.
Et d’en appeler à l’interrogatif : "Crois-tu qu’ils se reverront, qu’ils reviendront ?".
Entre nous, répondirent les guillemets se donnant, une dernière fois, droit de citer : "Non ! C’en est fini, le trait d’union est brisé".
Abasourdis, les fruits de deux imaginations passionnées et longtemps conjuguées posèrent ultime question : Penses-tu que, de nous, ils se disputeront la garde ?
Et l’alinéa de les renvoyer à un fatal : A quoi bon, sans eux vous n’avez plus lieu d’être.
Alors, ils se regardèrent longuement dans le blanc de la feuille de s’effacer.
Les parenthèses, telles des mains, ne pouvant plus encadrer le proche prénom - qui m’a lacéré le cœur - s’en saisirent et allèrent le noyer dans le lac des signes.
Puis, se frottant l’une contre l’autre, en effacèrent, de la ligne de vie, toute empreinte.
Et le point du jour de signer la fin de l'amitié.
Annotations
Versions