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Bras dessus bras dessous, Georgette et Henriette critiquent.
Ces deux mamies sont deux tornades antiques.
À quatre-vingts balais, l’œil toujours vif,
Elles traquent les ragots d’un flair intuitif.
« T’as vu la voisine ? Elle sort plus depuis juin… »
« Et l’autre avec son chien, il ressemble à son cousin ! »
Les pavés résonnent sous leurs pas décidés,
Leurs cannes font la rythmique, c’est du jazz bien rodé.
Les maisons à colombage,
témoins de leurs commérages,
Se reflètent dans les flaques,
comme dans une carte postale.
Dans les rues, même pas un animal,
Ni un joggeur flasque,
« Ils ont fui nos cancanneries ou bien c’est la bourrasque ? »
Georgette sort ses jumelles,
Henriette ses nouvelles,
« Le voisin a fui, c’est sûr, on l’a vu chez les rebelles ! »
Elles notent les absents, les volets clos, les bagatelles,
Rien n’échappe aux deux commères, ni les chats ni les poubelles.
Et si la situation s’enlise,
Elles inventeront des bêtises !
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https://www.deviantart.com/michaelbilyk/art/Distortion-of-stillness-1219602044
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